Établir des systèmes alimentaires de proximité durables au Québec. Telle est l’ambition de l’organisme « Vivre en Ville » dans son dernier ouvrage « Villes nourricières : Mettre l’alimentation au cœur des collectivités ».
Pour son lancement, l'organisation a tenu une conférence dans ses locaux à la Maison du Développement Durable. L’occasion de réunir trois panelistes et d’organiser une table ronde sur toute cette thématique.
L’alimentation de proximité, un vœu pieu ?
Pour une ville nourricière, la directrice générale adjointe de « Vivre en Ville », Jeanne Robin, a listé cinq conditions dans son laïus introductif : « un territoire productif, des entreprises prospères et responsables, un accès amélioré aux aliments sains, une demande de proximité accrue et un cycle de vie optimisé ». Car la situation est aujourd’hui tout autre. Ainsi, les trois panélistes présents à la conférence n’ont pas manqué de dresser le constat actuel. François Croteau, maire de l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie, a par exemple soulevé un paradoxe :« Les producteurs du marché Jean-Talon viennent de zones rurales. Or, 30 % de la clientèle du marché habitent aussi en dehors de Montréal ».
Pascale Trembley, responsable agriculture et agroalimentaire à Longueuil, s’est de son côté félicitée qu’un tiers de la surface de sa ville (soit 92 kilomètres carrés), soient des terres agricoles. « C’est un potentiel phénoménal. La qualité des sols y est très bonne. Mais la réglementation empêche de remettre en culture les zones en friche, qui représentent 50 % des terres ».
Enfin, Vincent Galarneau, conseiller environnement et agriculture à Vivre en Ville, a évoqué le poids des « déserts alimentaires en milieux ruraux, alors que c’est de là que vient la production ».
Les solutions futures et celles déjà en places
Malgré ces exemples qui illustrent toute la complexité d’une agriculture de proximité, les panélistes ont remémoré différentes réalisations et avancé des propositions. Pascale Trembley a ainsi rappelé que la ville de Longueuil a récemment lancé un marché public ouvert toute l’année, malgré la concurrence de Montréal.
Pour sa part, Vincent Galarneau a insisté sur une relocalisation du système alimentaire. « Il faut repenser le rapport aux lieux en favorisant l’accessibilité aux aliments sains », a-t-il plaidé. François Croteau, est également allé dans ce sens en prônant l’autosuffisance alimentaire. En témoignent les pratiques agricoles sur les toits de Montréal : « une fruiterie pourra produire sur son toit et vendre sur son trottoir », s’est-il notamment réjoui.
Au total, près de 100 personnes étaient venues assister à la conférence quand seulement 85 places assises étaient prévues. Signe que cette thématique est en expansion. « Nous n’aurions jamais imaginé voir autant de monde il y a cinq ans », se sont ainsi félicités les organisateurs.
Source: GaïaPresse