Par Denis Plante
Dans le cadre d’un panel tenu à la Maison de développement durable de Montréal et portant sur les enjeux de la prochaine Conférence COP-21 de Paris, prévue pour décembre 2015, deux experts et leaders reconnus de cette cause, Matthieu Orphelin, de la Fondation Nicolas Hulot et Steven Guilbeault d’Équiterre, nous ont exposé la teneur des enjeux de cette prochaine Conférence et les impacts qui résulteront de ces négociations et de la prise de décision des pays présents.
Lors de cette rencontre, il a été clairement établi que les échéances de 2030 et/ou de 2050 demeurent de proximité et d’urgence. Ainsi donc, la sensibilisation des citoyens et la pression sur nos dirigeants politiques doivent être maintenues. On ne peut envisager, selon les conférenciers, le droit à l’échec, tel que constaté à la Conférence de Copenhague de 2009 qui s’est terminé en rangs dispersés.
S’engager de façon responsable et à la hauteur du défi actuel
Dans un premier temps, Matthieu Orphelin de la Fondation Nicolas Hulot pour la transition énergétique et conseiller principal du président français Hollande, nous a entretenu de la responsabilité des pays quant à leurs cibles de réduction de CO2 et aux mesures de financement qu’on doit dégager pour accompagner ces efforts.
Selon M. Orphelin, on doit viser des engagements des parties prenantes devant totaliser de 40 à 70% de la réduction des GES d’ici 2050 et atteindre un maximum de 2-3 tonnes de GES per capita, sur le plan mondial. Ainsi donc, les pays doivent faire un effort maximum afin de fixer, avant le début de la Conférence, des objectifs réalistes mais élevés. Les propositions de 63 des 195 pays participants, représentant 70% des émissions, ont déjà été transmises. Dès lors, la Conférence de Paris se devra alors de les traduire en une politique commune et globale. Cependant, certains pays comme le Canada et l’Australie témoignent de leur manque de volonté.
Notre expert nous rappelle que le GIEC a fixé le seuil acceptable des augmentations de CO2 à 2 degrés Celsius, en 2050 Cependant, cette cible se situe déjà au-dessus de la limite actuelle et dit acceptable (400 mpp) pour neutraliser toute augmentation plus marquée des gaz à effet de serre. Il faut donc agir vite et coordonner tous les efforts annoncés.
Dans une deuxième partie, M. Orphelin nous indique que cette volonté doit s’accompagner de mesures de financement. Un objectif de 100 milliards US par an a déjà été projeté pour 2020 mais il n’a pas encore été soutenu de façon conséquente par les pays participants au protocole. Deux mesures pourraient s’avérer déterminantes, à savoir la taxe sur les transactions financières, en vigueur dès le 1er janvier 2016 dans certains pays européens, et les mesures fixant le prix du carbone (taxe à l’émission, bourse du carbone, etc…). Ces apports complémentaires de financement à la contribution des pays sont nécessaires afin de faire avancer la mise en place de politiques de prévention, de réduction et d’adaptation.
Tous les pays ne sont pas égaux mais une vision globale est nécessaire
Dans la deuxième partie de cette activité, Steven Guilbeault nous a démontré, graphiques à l’appui, que les tendances actuelles vers un réchauffement climatique marqué et marquant doivent nous conduire à déterminer des cibles exigeantes pour les pays participants. Dans l’état actuel des choses, les efforts accomplis permettent une réduction de 1% par année alors qu’il faudrait viser 4% par année afin de ne pas dépasser, en 2030, l’objectif fixé de 2 degrés Celsius, tel que décrit par le GIEC.
Pa la suite, notre conférencier souligne que les pays ne sont pas tous égaux face à ce défi et que les pays dit développés doivent assumer un leadership et une volonté de dépassement. Il indique que les pays développés ont contribué, sur une base historique, à 64% des émissions CO2 et les pays dit en voie de développement à 36%. On ne peut certes effacer le passé, dit-il, mais il faut surtout déployer tous les efforts pour convenir d’un accord prévisible qui doit se caractériser par une vision globale et non par des engagements à la carte et séparés. Pour ce faire, il faut exercer des pressions sur nos dirigeants politiques et réclamer des politiques et des mesures touchant les énergies renouvelables, le transport collectif et l’efficacité énergétique.
Finalement et à la suite d’une question. M.Guilbeault nous fait part qu’il faut maintenant prendre en compte et de façon analytique, les impacts géopolitiques (conflits entre États, guerres civiles, déplacements dus à la famine, migration des personnes) lié aux changements climatiques car cette lutte ne peut être menée de façon conséquente sans des actions politiques ayant comme pour but de résoudre les problématiques sociales et économiques qui affligent nombre de pays.
Source: GaïaPresse
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