Le Forum Social Mondial 2016, se déroulant présentement à Montréal, aborde, dans le cadre de sa volonté de changement menée par la participation citoyenne, les questions environnementales et, particulièrement, la justice écologique ou environnementale. La dite justice vise à l’égalité des chances, des moyens et des ressources entre les pays industrialisés et ceux en développement. Les enjeux cruciaux qui se présentent aux différents pays de la planète ne peuvent se résoudre par de simples déclarations d’intention ou de postures de bonne volonté. Il faut agir de façon conséquente et rapidement.
La problématique de la justice environnementale, en lien avec les changements climatiques, s’établit de façons différentes mais aussi convergentes dans les pays du Nord et du Sud. Dans l’état actuel des choses et afin de parvenir à des objectifs communs, il importe de partager les constats et les points de vue afin de créer un climat de changement conduisant à changer les conditions climatiques.
Les pays du Sud : une occupation du territoire servant les pays intérêts du Nord
Dans le cadre d’un panel, organisé par l’organisation Développement et Paix, quatre intervenants provenant de pays en développement ont clairement démontré que l’occupation de leur territoire sert souvent et de façon grandissante les intérêts des entreprises transnationales, mettant en cause la qualité de leur vie, à la fois sur les plans économique et environnemental. Leur présence contribue largement à déstabiliser leur mode de vie en les éloignant de leur production traditionnelle ou nationale et en contaminant leur sol ou leur eau. Inégalité environnementale, il s’en va dire illustrée par des témoignages patents.
Isaac Asume, du Nigéria, nous démontre que l’exploitation des zones pétrolifères dans son pays contamine le sol et l’eau et amplifie, de par la consommation constante de l’énergie fossile, l’émission des gaz à effet de serre dans le monde. L’adaptation aux changements climatiques, doit, selon lui, être basée sur le concept de la dette écologique devant être assumée par les pays du Nord. D’autre part, Padre Dario, du Brésil et Leana Corea, du Honduras, nous font part que les investissements massifs de transnationales dans les richesses naturelles de leurs pays, minérales (fer au Brésil) et halieutiques (élevage de crevettes en mer au Honduras), provoquent des changements importants dans la qualité de l’air et de l’eau. Finalement, Lidy Nacpil, des Philippines, nous rappelle qu’il faut agir maintenant et que cette lutte est globale. La solution, selon elle, doit s’appuyer sur la volonté de décarboniser la planète, à terme à 2030 pour les pays du Nord et à 2050 pour ceux du Sud.
Les Conférences sur les changements climatiques : des engagements à respecter pour la justice environnementale
La Conférence sur les changements climatiques de Paris, en décembre 2015, a représenté une avancée dans la lutte aux changements climatiques. Cependant, des conditions sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Il en va du succès et de la finalité de ces ententes.
Dans le cadre d’une conférence, animée par la Fondation Rosa-Luxembourg d’Allemagne et portant sur une lecture critique des récents Accords de Paris, les militants de la cause environnementale d’Allemagne, Tadio Muller et Sabine Minninger, des Philippines,Tetet Lauron et d’Afrique du Sud, Hanouda Soubhi ont exposé leurs points de vue, parfois divergents, parfois convergents. Ils ont convenu que l’entente est le résultat d’une reconnaissance d’une situation urgente et d’ordre planétaire. Cependant, ils s’interrogent sur la volonté réelle des pays participants de respecter les objectifs arrêtés. Est-ce suffisant, concluant, pour renverser la tendance si on ne met pas en cause les modes de production et les présentes politiques énergétiques ? La justice environnementale est à ce prix, disent-ils.
Cette entente, entre les pays industrialisés et les pays en développement, demeure historique et met de l’avant des mesures de mitigation et d’adaptation. Elle permet aussi d’envisager le développement des énergies renouvelables. Mais, selon les conférenciers, il faut définir la place accordée aux pays du Sud et le soutien qui leur est nécessaire. Dans les faits, c’est toute la question de la justice climatique et environnementale qui est en jeu. Pour eux, les mesures prévues doivent être accompagnées d’un financement conséquent situé à100G$ par année d’ici 2020 et des contraintes doivent être planifiées afin d’assurer le succès de l’entente. Si tous les pays sont vulnérables, la responsabilité des pays du Nord est plus grande que ceux du Sud. Justice environnementale oblige.
Finalement, il est acquis que, si l’objectif d’une réduction des gaz à de serre vers le 1,5°C va de soi et que les objectifs nationaux chiffrés de réduction des GES mais volontaires sont requis, la mobilisation citoyenne, les mouvements sociaux et une sérieuse remise en question politique des politiques énergétiques du Nord peuvent seuls garantir que cet accord mènera à des résultats probants.
Source : GaïaPresse
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