Les feux de forêt font partie des phénomènes naturels pour la forêt boréale. Cependant, le réchauffement climatique pourrait avoir un impact sur leur fréquence ainsi que sur l’intensité des périodes de sécheresse.
C’est ce que révèlent les travaux des professeurs du département de science biologique de l’UQAM, Yves Bergeron et Dan Kneeshaw ainsi que le chercheur au Ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP), Daniel Houle. Une situation à laquelle l’industrie forestière devra s’adapter, selon eux.
Feux de forêt et insectes forestiers
“Il y avait plus de feux au 19e siècle ainsi qu’au début du 20e. La coupe qui est faite actuellement reproduit ce que les feux faisaient” explique le professeur Yves Bergeron. Le problème arrive lorsque le taux de brûlage remonte à ce qu’il était précédemment. Il se produit alors un phénomène de concurrence avec la foresterie.
“Selon les simulations des cycles de feu pour le Canada, la superficie des incendies s’accroît. C’est 1% du territoire qui brûle par année et dans l’industrie forestière, on veut couper 1% par an. La compétition devient de plus en plus grande entre la capacité de couper et des feux de plus en plus importants” renchérit-il. Une des raison expliquant l’augmentation des feux est la sécheresse causée par le réchauffement climatique et les printemps plus hâtifs. La forêt se retrouve à risque dans les mois les plus chauds.
Le réchauffement climatique influence aussi les comportements d’insectes forestiers tel que le démontre actuellement l’épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) au Québec. Entre 2015 et 2016, la superficie touché par cet insecte a augmenté de près d’un million d’hectares. Il y a alors un cercle vicieux qui est formé.
“Chaque fois qu’il y a une sécheresse, l’arbre est stressé car on abîme ses ressources. Il devient plus vulnérable à une épidémie” explique M. Kneeshaw. On observe aussi qu’il y a plus de feux dans les territoires ayant été victimes d’épidémies. Cela s’explique par un ensemble de facteurs, mais surtout la défoliation qui assèche la forêt et la rend donc plus vulnérable aux feux.
Savoir s’adapter
Devant ces problématiques, les professeurs expliquent qu’il faut développer de nouvelles stratégies sylvicoles qui harmonisent l’environnement et l’économie. Par exemple, il faudrait laisser plus d’arbres lors des coupes, mettre plus de feuillus pour limiter les feux, réduire le nombre d’épinettes noires. Il faut aussi augmenter la capacité de rétention des sols.
Pour ce qui est des insectes forestiers, le professeur Kneeshaw pense que l’usage de pesticides pourrait parfois être approprié. “On ne doit pas utiliser de produits comme le Roundup tout le temps, mais parfois ça peut être un bon outil. On en met sur notre nourriture mais pas dans notre forêt”. Il explique toutefois que le mieux serait un bon hiver très froid.
Source : Simon Lefranc pour GaiaPresse