Par Romane Mugnier,
Chaque année, plus de 13 millions d’hectares de forêts disparaissent. La déforestation allant toujours plus vite que toutes les tentatives de reboisement. Une zone est particulièrement touchée : les mangroves. Avec la coupe de ces arbres, c’est tout un écosystème riche et précieux, protecteur lors des cyclones et de la montée des eaux, reconnu comme l’un des 14 biomes par le WWF, qui disparaît…
À l’heure actuelle, le nombre d’arbres coupés dépasse largement le nombre d’arbres plantés. Dans certaines zones, commes les mangroves, l’écosystème riche est menacé par la déforestation. Au cours de ces cinq dernières années, à l’endroit où l’Irrawaddy (Birmanie) se jette dans la mer d’Andaman par un large delta, les villageois ont planté, en collaboration avec Worldview International Foundation, près de 2,7 millions d’abres pour repeupler les mangroves. Quelques 750 hectares de terre ont été reboisés, l’équivalent de deux Central Park. Les 250 hectares restants seront à la charge… de drones, ceux de l’entreprise BioCarbon Engineering. L’ambition de la start-up est immense : sur le long terme, l’organisme à but non lucratif espère pouvoir planter un milliard d’arbres sur une zone encore plus large que celle déjà reboisée.
La mangrove, une protection naturelle
En Birmanie, la mangrove est essentielle. Lors d’un reportage réalisé par Géo, en janvier 2017, un agriculteur s’est confié sur l’importance de cette protection naturelle. « Lorsque le cyclone Nargis est arrivé en mai 2008, la mangrove nous a sauvés. Depuis, c’est notre devoir d’en prendre soin. » Si les arbres ont permis à l’agriculteur et son village d’avoir la vie sauve, le delta a été complètement dévasté par le cyclone qui a entraîné la mort de 140 000 personnes.
La plantation d’arbres pour soutenir l’écosystème local est l’unique solution pour préserver la richesse de l’environnement et les protections naturelles qu’offrent les mangroves aux hommes et animaux.
Le reboisement peut s’effectuer à la main, mais il est long et onéreux. C’est pourquoi Lauren Fletcher, créateur de la société BioCarbon Engineering, souhaite entièrement automatiser le processus grâce à ses drones. L’ex-ingénieur de la NASA aujourd’hui établi à Oxford (Royaume-Uni) a longuement étudié les changements climatiques à l’Université de Stanford. Présent à Copenhague en 2009 et déçu par la COP15, il a entamé sa conversion écologique en fondant en 2014 BioCarbon Engineering, abandonnant ainsi ses projets de conquête spatiale, pour monter une start-up de drones « planteurs de graines ».
L’ensemencement par drone pourrait coûter 15% moins cher que les méthodes traditionnelles
Interrogé il y a deux ans par Fast Company, Lauren Fletcher affirmait que sa méthode n’était pas beaucoup plus efficace. Elle était surtout moins onéreuse. L’ensemencement par drone pourrait coûter 15 % moins cher que les méthodes traditionnelles et permettrait de dépasser le seuil des 16 % d’arbres restants sur la région du Delta en Birmanie.
Des premiers tests, réalisés au Royaume-Uni, ont prouvé le succès de sa méthode. La technologie développée en 2015, dont ils ne révèlent que peu de détails, a permis à des arbres de se développer en pleine santé avec un taux de survie élevé, comparable à la plantation à la main pour certaines espèces.
Une méthode de plus en plus efficace
Depuis les premiers tests, la technologie gagne en efficacité. Si Lauren Fletcher estimait que le drone pouvait planter 10 graines par minute il y a deux ans, soit 36 000 arbres en une journée, aujourd’hui, avec six drones travaillant simultanément, il est possible de planter 100 000 arbres par jour. La technologie qu’il propose au Royaume-Uni sera adaptée aux conditions de la Birmanie, les drones étant capables de tirer dans l’eau les récipients à semence avec suffisamment de force pour que ceux-ci atteignent le sol et se plantent. « Pour contrer le rythme industriel de la déforestation, nous avons besoin de replanter à un rythme industriel », confie Laurent Fletcher à Fast Company.
Ce rythme, difficile à atteindre, dépasse néanmoins largement les capacités humaines. Deux hommes parviendraient à planter au maximum 3 000 graines par jour, contrairement à deux drones qui pourraient en planter 36 000. Dix fois plus rapide que les hommes et presque deux fois moins cher, d’après Lauren Fletcher.
Source : Usbek et Rica