Le tout premier festival de la décroissance aura lieu le 6 octobre sur le site Le Virage du Campus MIL, situé à Outremont sur l’île de Montréal. Au programme: des conférences, kiosques-ateliers, projections de documentaires, le tout dans une ambiance conviviale où les questions posées aux experts, les rencontres entres inconnus et la flânerie seront encouragés.
À la barre du festival se trouvent le philosophe québécois de la décroissance Louis Marion, ainsi que le Collectif décroissance conviviale, né à la suite du Forum Social Mondial qui s’est tenu en 2016 à Montréal. Les organisateurs comptent célébrer l’idée de la décroissance, mais également la faire connaître lors de cet événement d’envergure qui rassemblera une vingtaine de spécialistes sur la question.
On pourra entre autres y entendre le médecin, éditeur et écrivain Serge Mongeau, qui fera une introduction sur la décroissance, le professeur au HEC Montréal, Yves-Marie Abraham, le chroniqueur Philippe Gauthier, ainsi que Louis Marion.
Le mouvement de la décroissance mise sur une transition économique qui permettrait de passer du capitalisme à un modèle encourageant davantage de solidarité et un plus grand respect de l’environnement.
« La décroissance, c’est de remettre en question le dogme de la croissance à tout prix. Aujourd’hui, le bien-être et la richesse sont basés sur une croissance, et tout ça prend place sur une planète aux ressources finies, ce qui est utopique. La décroissance voit plutôt le bien-être comme les liens entre les personnes, mais c’est aussi l’idée de ralentir, de reprendre son temps pour échanger avec les gens, avec la nature, aussi ne rien faire », explique le co-organisateur de l’événement, Jeremy Bouchez, communicateur scientifique spécialisé en dérèglements climatiques.
La décroissance s’inscrit par ailleurs en confrontation avec le développement durable, une idéologie qui est selon M. Bouchez une façon de « polluer moins pour polluer plus longtemps », et qui ne remet pas en question le système économique actuel basé sur le « développement toujours plus accéléré sur une planète finie ».
La décroissance a le vent dans les voiles
Le mouvement pour la décroissance serait par ailleurs en pleine expansion au Québec, selon le co-organisateur. L’idée gagnerait de plus en plus de force à Montréal spécialement, depuis qu’un cours universitaire de deuxième cycle est donné sur le sujet au HEC Montréal par le professeur Yves-Marie Abraham.
«C’est sûr que Montréal surtout est devenue une plateforme montante pour la décroissance. On voit aussi apparaître de plus en plus de groupes dans différentes villes du monde. Mais à Montréal, rien que le succès de l’annonce du Festival de la décroissance nous donne un bon indice que ça intéresse les gens. Aussi, pendant le Forum Social Mondial en 2016, le comité avait organisé une grande conférence sur le sujet, et il y avait eu 150 personnes, ce qui est énorme», indique M. Bouchez.
L’idéologie, née dans les années 1970 et d’abord rendue populaire en France, a gagné le Québec à la fin des années 2000, trouvant des affinités avec le Réseau québécois pour la simplicité volontaire, entre autres. Depuis, le Mouvement québécois pour une décroissance conviviale a été mis sur pied, et diverses organisations citoyennes ont contribué à l’organisation d’événements, conférences et manifestation, et ce dans plusieurs villes québécoises. Le Comité décroissance conviviale a lui aussi gagné de plus en plus de militants depuis le dernier Forum Social Mondial.
L’idée a également fait son chemin dans le programme du parti politique Québec Solidaire, qui milite pour, à long terme, « dépasser le capitalisme » et « mettre en place un système économique et politique favorisant le bien commun, qui respecte davantage les communautés et les individus ».
Il faut toutefois noter qu’un grand pan des militants pour la décroissance inscrivent leur mouvement en marge de l’institution politique, notamment en organisant des événements comme le Festival de la décroissance au Virage Campus MIL.
Lien vers l’événement Facebook
Texte par : Catherine Paquette
Pour en savoir plus (971 hits)