Par Catherine Paquette
Près de 500 artistes, scientifiques et personnalités publiques québécoises unissent leurs voix pour demander au gouvernement Legault d’entreprendre des actions concrètes dans la lutte aux changements climatiques et inciter les québécois à faire de même.
Dans une déclaration appelée le « Pacte pour la transition », ils invitent la population ainsi que les dirigeants de la province à cesser d’ignorer les constats alarmants des scientifiques en matière d’environnement. Ils sont, eux-mêmes, inquiets.
« La science le dit clairement : nous sommes entrés dans une ère de bouleversements climatiques et il y a urgence » peut-on lire dans les toutes premières lignes de la déclaration.
Le « pacte », nommé ainsi pour marquer leur intention de s’engager dans la transition, a été signé par un éventail de personnalités bien diversifié : on y retrouve les noms de scientifiques, de philosophes, de leaders des Premières Nations, de joueurs de hockey, d’artistes, de fonctionnaires, de professeurs, etc.
Le but de la déclaration est simple, a dit le porte-parole de l’initiative, le metteur en scène Dominic Champagne : « lancer un appel aux citoyens du Québec ». Le pacte invite les citoyens à agir dans cinq sphères particulières, soit le pétrole, l’alimentation, l’empreinte écologique, la consommation et l’engagement citoyen.
Lancement en grande pompe
Plusieurs des vedettes les plus appréciées du public qui ont accepté de signer la déclaration étaient rassemblées dans le hall d’entrée du Théâtre du Nouveau Monde le 7 novembre afin de procéder au lancement de l’initiative. L’événement s’est déroulé telle une véritable prestation théâtrale : « On est là pour toucher les gens, alors les têtes médiatiques, venez en avant. Les caméras sont là, et je veux que les têtes d’affiche soient visibles », a lancé Dominic Champagne en début de conférence de presse.
Dans cette marée de visages connus, on pouvait apercevoir entre autres Yvon Deschamps, Marina Orsini, Guy Jodoin, Louis-Jean Cormier, Pénélope MacQuade, Guillaume Lemay-Thivierge, Yann Perreau, Véronique Cloutier, et des dizaines d’autres. Le texte du pacte a été rédigé par Dominic Champagne, Laure Waridel, Anaïs Barbeau-Lavalette, Alexis Martin, Norman Baillargeon, Vincent Graton, Véronique Côté, ainsi que Catherine Potvin, experte en changements climatiques, Normand Mousseau, expert en énergie et François Delorme, économiste.
« La raison scientifique nous dit qu’il faut laisser dans le sol 80% des ressources en pétrole, et le Québec est une des sociétés les plus dotées pour opérer la transition. Suis-je assez clair? », a lancé M. Champagne, applaudi par ses pairs.
Tour à tour, des artistes ont lu une partie de la déclaration, avant de céder la parole à quelques-uns des scientifiques qui les appuient dans cette démarche, ainsi qu’à des citoyens, dont l’enseignant François Geoffroy, initiateur des manifestations « La Planète s’invite au parlement ».
Au fil des discours, plusieurs personnalités ont souligné l’importance de procéder un geste à la fois. Certains ont d’ailleurs dit se sentir mal à l’aise de « dire aux gens quoi faire » alors qu’ils sont eux-mêmes peu proactifs dans la cause de l’environnement.
C’est le cas du comédien Louis Morissette, qui a dit avoir hésité à faire acte de présence au lancement. « Je trouvais que je représentais exactement le problème : le gars de banlieue de 45 ans qui a des enfants, qui n’a pas le choix d’avoir un char et qui [n’aime pas] que les artistes lui disent comment vivre. Ça, ça fait dévier le débat, et je me suis dit que c’est pour ça que je devais y aller. Je ne suis pas parfait, mais je m’engage à regarder mon mode de vie et à me demander comment je pourrais faire les choses différemment », a-t-il expliqué devant ses collègues.
Objectif : 1M de signataires
Les signataires du pacte espèrent recueillir un million de signatures supplémentaires au courant des prochaines semaines, afin d’envoyer un message clair au premier ministre, auprès duquel le metteur en scène Dominic Champagne sollicite une rencontre.
« Si la société civile se lève et s’exprime, on va pouvoir faire entendre raison au gouvernement, a déclaré M. Champagne. J’ai bon espoir de pouvoir rencontrer le premier ministre dans les prochains jours. Et je vais aller lui parler comme un metteur en scène. Je vais essayer de ne pas l’antagoniser, mais le faire rêver au rôle qu’il peut jouer. »
Selon Laure Waridel, écologiste et sociologue, cet engagement public de la part de la communauté artistique et scientifiques constitue un vent de fraîcheur. « Il y a des artistes et des scientifiques qui, avant, voulaient rester neutres. Mais là, il ne peuvent pas s’empêcher de joindre leur voix à la nôtre. Avant, ils n’étaient pas trop pressés de se prononcer, mais là ils disent maintenant qu’il est nécessaire de s’unir », explique-t-elle.
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