Par Catherine Paquette
Un nouveau bilan démontre que malgré les cibles que le Québec s’est fixé, les émissions de gaz à effet de serre de la province sont toujours en légère augmentation.
Selon le nouvel inventaire des GES du Québec publié jeudi par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le total des émissions de 2016 s’élève à 78,56 millions de tonnes, soit 10 000 tonnes de plus qu’en 2015.
Cette fluctuation est qualifiée de « stable » par le ministère. Toutefois, elle est à ne pas négliger puisque le compte à rebours est lancé : le Québec s’est donné pour objectif de réduire ses émissions de 20 % d’ici 2020. Or, depuis 1990, les émissions de la province n’ont diminué que de 9,1 %.
Faut-il pointer du doigt les transports?
Le secteur des transports (routier, maritime, ferroviaire, aérien) est lui-même responsable de près de la moitié des émissions de la province. À lui seul, ce secteur a constitué, depuis 1990, le principal obstacle à la réduction globale des émissions de GES du Québec : entre 1990 et 2016, les émissions liées à ce secteur ont augmenté de 22 %.
Alors que les émissions du transport aérien et maritime ont diminué de respectivement 15,2 % et 46,3%, celles du transport routier a fait un bond de 52,3 % entre 1990 et 2016.
« L’accroissement du parc automobile, l’augmentation de la puissance, du poids et des accessoires des véhicules ainsi que l’augmentation du kilométrage parcouru sont directement responsables de l’importante hausse observée dans le secteur des transports depuis 1990 », indique le bilan.
Et de tous les transports, c’est le transport routier, qui comprend le transport par motocyclette, automobile, camion léger et véhicule lourd, qui est le plus important au Québec. Son impact continue d’augmenter légèrement, malgré les efforts pour réduire le nombre de voiture sur les routes. Le transport routier a rejeté 27,0 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2016, soit 1,4 % de plus qu’en 2015.
Il faut toutefois reconnaître que les rejets du secteur des transports ont globalement diminué entre 2012 et 2016 (- 3,9 %).
Les déchets et sites d’enfouissement sur la mauvaise voie
Le secteur des déchets est celui qui a le plus réduit ses émissions de GES depuis 2016, avec une diminution globale de 31,8% des émissions liées aux déchets entre 1990 et 2016. Cette baisse a été rendu possible grâce entre autres à l’instauration de nouvelles technologies permettant le captage et l’incinération des biogaz dans plusieurs sites d’enfouissement.
Toutefois, il semble que la décomposition des déchets représente à nouveau un défi. Entre 2012 et 2016, on note une augmentation des émissions de 18 % dans le secteur des déchets. Ce secteur comprend l’enfouissement, le traitement biologique et l’incinération des déchets, ainsi que le traitement des eaux usées.
La décomposition des déchets est responsable du rejet de 4,89 millions de tonnes de CO2 en 2016. « L’enfouissement des déchets solides, y compris les résidus des usines de pâtes et papiers, en est le principal émetteur, responsable à lui seul de 87,0 % des émissions de ce secteur en 2016 », précise le document du ministère.
Autres secteurs
Les deux autres secteurs qui ont connu de légères hausses entre 2012 et 2016 sont le secteur « Résidentiel, commercial et institutionnel » ainsi que le secteur de l’électricité. Ces hausses sont, selon le ministère, attribuables aux fluctuations des températures hivernales.
Les secteurs de l’industrie et de l’agriculture ont pour leur part réussi à diminuer leurs émissions entre 2012 et 2016.
Inventaire basé sur des statistiques
Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques publie chaque année un bilan de ses émissions de GES, en se basant entre autres sur les données émises par les entreprises québécoises, qui sont tenues légalement de fournir ces renseignements depuis 2007.
L’inventaire comprend aussi les données fournies par les institutions, ainsi que par les données de Statistique Canada, d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), de Transition énergétique Québec (TEQ), du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Des chercheurs québécois sont d’ailleurs à la recherche de nouvelles méthodes afin de mesurer plus précisément les niveaux d’émissions de GES de la province. L’installation de capteurs pourrait par exemple amener une lecture des taux de GES plus près de la réalité que la méthode statistique actuellement employée.