Haïti : 20 printemps de la Solidarité des Femmes Haitiennes
P-au-P., 24 févr. 06 [AlterPresse] --- L’organisation féministe Solidarité des Femmes Haïtienne (SOFA) renouvelle sa détermination à lutter pour une société plus équitable en Haïti, à l’occasion de son vingtième anniversaire, célébré ce 24 février.
Evelyne Larrieux, coordonnatrice générale de la SOFA, a dressé un bilan positif de l’évolution de l’organisation qui compte aujourd’hui 5000 membres à travers plusieurs départements d’Haiti, dont l’Ouest, le Sud, l’Artibonite et la Grand’Anse.
Les membres de la SOFA sont ainsi réparties : 80% dans les milieux paysans, 15% dans les quartiers populaires et 5% constitués de femmes professionnelles, précise Larrieux. « La SOFA se veut une organisation féministe, populaire et forte », ajoute-t-elle.
« La SOFA travaille sur 4 axes d’interventions : le droit à la santé pour les femmes, la lutte contre la violence spécifique faite aux femmes, la promotion de la participation des femmes dans les espaces de décision et la lutte contre la féminisation de la pauvreté », indique Olga Benoit, responsable de la branche socio-professionnelle de l’organisation.
« Dans sa politique de santé pour les femmes, la SOFA a déjà implanté 21 centres d’accueil et d’accompagnement des femmes victimes de violence dans 8 communes du pays et a initié la lutte contre la violence spécifique faite aux femmes », poursuit Olga Benoît.
« C’est grâce au mouvement entamé en 1991 par la SOFA que nous avons aujourd’hui un ministère à la condition féminine et aux droits de la femme qui porte les desiderata de la gente féminine par-devant les plus hautes instances de décision du pays », lance avec fierté Olga.
L’organisation met à la disposition de ses membres un atelier d’artisanat qui offre des services de broderie, de couture à Martissant (quartier populaire du sud de Port-au-Prince) en vue d’aider les femmes à lutter contre « la féminisation de la pauvreté » et à promouvoir la production locale.
La SOFA établit également des moulins à grains dans plusieurs localités, dont Bois Marie, Ennery et Piâtre (Nord) dans le but de faciliter l’accès des paysannes à ce service. En général, elles doivent parcourir des kilomètres pour faire moudre leurs grains, souligne Benoit.
Au point de vue socio-politique, le travail à réaliser est toujours immense, estime Evelyne Larrieux, qui rappelle que les femmes sont toujours l’objet d’actes de violences de toutes sortes à chaque période d’instabilité en Haiti.
Durant ces 20 dernières années, « le moment le plus terrible pour les femmes a été la période du coup d’Etat militaire de 1991 », fait remarquer Eveline Larrieux. « La violence contre les femmes a été systématisée par les militaires et para-militaires. Elles, ainsi que leurs filles et fillettes ont été régulièrement violées », se souvient-elle. [lf gp apr 24/02/06 21:00]
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