78 millions de dollars d’échanges commerciaux entre Haïti et la Rép. Dominicaine en une année
78 millions de dollars d’échanges commerciaux entre Haïti et la Rép. Dominicaine en une année
mercredi 26 juillet 2006
par Djems Olivier
P-au-P, 26 Juil. 06 [AlterPresse] --- Les flux commerciaux des produits agricoles et d’élevage, transitant par les postes d’observation en opération dans la zone frontalière haïtiano-dominicaine, sont estimés à environ 78.5 millions de dollars américains pour la période allant de juillet 2004 à décembre 2005, communique à l’agence en ligne AlterPresse l’économiste haïtien Richard Mathelier du Laboratoire des Relations Haïtiano-Dominicaines (LAREHDO).
Ces deux catégories de produits, identifiés par le principal responsable du LAREHDO, représentent respectivement 58.16% et 41.84% dans les échanges commerciaux entre Haïti et la République Dominicaine. Les informations collectées par le LAREHDO font état d’un déficit global pour Haïti de plus de 27 millions de dollars américains pour la période allant de 2004 à 2005.
« Les premières observations des experts du LAREHDO révèlent que les exportations informelles de produits agricoles et d’élevage d’Haïti ne couvrent que 18 % des importations de produits similaires », affirme Richard Mathelier qui présentait, le 20 juillet 2006, le bilan de l’Observatoire des échanges de produits agricoles entre Haïti et la République Dominicaine.
Les importations haïtiennes de la République Dominicaine voisine équivalent ainsi à plus de 4 fois les exportations d’Haïti vers ce pays, et le marché haïtien est accessible à l’écoulement des surplus de produits agricoles et agro-industriels chez les producteurs dominicains.
L’offre dominicaine est, selon le LAREHDO, regroupée autour de six produits, dont le mirliton, la brisure de riz inférieure, les échalotes, la brisure de riz supérieure, les haricots noirs.
« Ouanaminthe représente une plaque tournante pour la commercialisation de ces produits, le point de passage le plus important (plus de 60 %). Les produits de réexportation (riz Miami, Haricot de Miami et ail importé) représentent 69 % des exportations », indique Mathelier, tout en mettant l’accent sur « l’importance de la demande dominicaine pour certains produits et notamment pour le bétail.
La République Dominicaine protège 12 produits agricoles, signale l’ingénieur-agronome Henry Châtelain.
Pourtant, « les Dominicains exportent en Haïti près d’une centaine de produits par jour », précise, pour sa part, l’ingénieur-agronome Carl Déjoie.
Dans ce cas, la demande haïtienne pour les produits dominicains tend à augmenter traduisant la faiblesse structurelle de la production haïtienne, soutient Richard Mathelier.
Pour expliquer ce phénomène, le responsable du LAREHDO se réfère à la faiblesse de la gourde haïtienne par rapport au peso dominicain qui, selon lui, est liée en partie à l’évolution du dollar sur le marché local des changes et à la dégradation des conjonctures macroéconomique et socio-politique d’Haïti.
« Les prix des produits échangés sont exprimés en pesos, traduisant un déficit structurel de la balance commerciale frontalière. A chaque étape de commercialisation, il existe un prix : de l’agriculteur aux intermédiaires haïtiens et/ou dominicains jusqu’au marché final », informe Richard Mathelier.
Le LAREHDO est une fondation qui a pour objet la promotion, la réalisation des travaux de recherche, d’études et d’actions concrètes dans le domaine du développement économique et social. Ses champs d’investigation et d’expertise sont « Analyse des dynamiques transfrontalières, Aménagement du territoire, Appui au développement local frontalier, politiques de coopération binationale et intégration régionale ».
Avec le support de l’Union européenne, cette institution a déjà produit 6 études sur les échanges de produits agricoles et d’élevage entre Haïti et la République Dominicaine, dont les plus récentes, sur la filière Bananes Plantains et les œufs, ont été rendues publiques le 20 juillet 2006. Les autres études concernaient le pois congo, le café, l’avocat et la mangue.
Pour mener ces recherches, un dispositif de collecte et de suivi des informations a été mis en place sur certains points de la frontière en retenant comme composantes essentielles : les marchés, les produits, les prix et le taux de change.
Sur environ 40 points, où se font les échanges de produits agricoles et d’élevage, 10 ont été initialement choisis comme échantillon représentatif. Environ une trentaine de produits ont été sélectionnés. Quant au taux de change, il est relevé auprès des cambistes tous les jours de marché.
Haïti représente un des partenaires commerciaux les plus importants pour la République Dominicaine, et certains commerçants dominicains n’ont jamais cessé de le dire.
Toutefois, la vente de produits haïtiens sur le marché dominicain est en partie prohibée. Lors de la deuxième édition de la foire écotouristique binationale et de production, le produit « Lèt Agogo » (Lait à gogo, en français) du Veterimed a été interdit d’exposer sur la frontière à Dajabon, en raison du fait que le lait figure parmi les produits protégés par les autorités dominicaines.
Les responsables du Veterimed entendent déclencher une campagne nationale en vue de porter les consommateurs haïtiens à accorder une grande préférence aux produits locaux, ceci dans l’objectif de revaloriser la production nationale. [do rc apr 26/07/2006 0:00]
Djems Olivier [AlterPresse]
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