L’océan a un rôle central dans la vie des habitants de Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes, et la Conférence sur les océans, qui se déroule au siège de l’ONU à New York du 5 au 9 juin, est une occasion pour ce petit Etat insulaire en développement de faire entendre sa voix.
La protection des océans est l’un des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le plan d’action pour un monde plus juste et équitable adopté par les 193 États membres de l’Organisation des Nations Unies en septembre 2015.
« La Conférence sur les océans est un rêve devenu réalité pour nous dans les Caraïbes », déclare Juan Miguel Diez, directeur du Centre d’information de l’ONU (UNIC) pour les Caraïbes, qui est basé à Trinité-et-Tobago. « Elle nous offre une excellente occasion de continuer à faire notre travail pour sensibiliser à cet objectif particulier, mais aussi pour réunir les parties prenantes ».
L’existence des 1,4 million de personnes qui constituent la population de Trinité-et-Tobago est liée à la mer, comme l’explique Neila Bobb Prescott, du bureau de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Port-of-Spain, la capitale.
« Trinité-et-Tobago bénéficie d’un phénomène particulier. Dans notre zone géographique, l’océan est 15 fois plus grand que la terre. Nous avons tellement de moyens de subsistance affectés par la santé du système marin que nous devons y faire attention », déclare-t-elle à ONU Info.
Les exportations de pétrole et de gaz naturel alimentent l’économie et représentent 60% du produit intérieur brut, selon l’Université de Trinité-et-Tobago (UTT).
Ce secteur est étroitement associé au transport maritime, note le directeur des services maritimes du pays, Ronald Alfred. « Trinité-et-Tobago est membre de l’Organisation maritime internationale et nous respectons toutes les conventions qu’elle a proposées », explique-t-il, citant notamment la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL). « C’est dans notre législation nationale, et nous avons du personnel qui monte à bord des navires accostant chez nous et vérifie que les navires respectent ces législations, ce qui nous permet de contribuer à la préservation des océans ».
Dr. Reia Guppy, qui enseigne les sciences de la mer à l’Université, souligne que toutes les activités majeures dans le pays - que ce soit dans le secteur de l’énergie, ou ceux de la pêche et de l’agriculture - sont liées aux milieux marins et côtiers.
« Le transport maritime est l’industrie en plus forte croissante dans le monde et, avec le récent élargissement du canal de Panama, il y a encore plus d’efforts pour que Trinité-et-Tobago ait un rôle central », explique-t-elle. Mais cela signifie aussi un risque accru d’espèces envahissantes dans les eaux de Trinité-et-Tobago. « Il y a donc toute une série de recherches par notre ministère et d’autres unités environnementales au sein de l’Université de Trinité-et-Tobago pour étudier le milieu marin afin d’assurer un développement durable pour le pays ».
Welldon Mapp travaille pour l’Institut de recherche sur l’environnement Charlotteville (ERIC), une ONG soutenue par l’ONU qui favorise la sensibilisation des habitants d’un village de pêcheurs dans le nord-est de Tobago aux ressources naturelles.
Il est partagé entre le fait d’être à la fois un pêcheur et un défenseur de la gestion durable des ressources marines. « Vous avez grandi dans une famille de pêcheurs et vous vous rendez compte maintenant que vous devez protéger ce que vous utilisiez comme moyen de subsistance, qu’il s’agisse de nourriture ou de revenus. Vous vous rendez compte que vous causez des dégâts et que vous continuez d’en dépendre », a-t-il déclaré.
« Je pense que c’est le moment pour moi de prendre position : comprendre vraiment ce que je prends de l’environnement naturel, comprendre comment il peut être protégé et voir ce que je peux faire au sein de ma communauté pour ne pas faire du mal mais du bien sur le long terme », a-t-il ajouté.
L’homme d’affaires Gary Aboud regarde lui aussi sur long terme. Secrétaire de l’organisation « Pêcheurs et amis de la mer », il ne mâche pas ses mots, qu’il s’agisse de dénoncer l’industrie, les politiciens locaux ou l’ONU.
Mais quand on lui demande de réfléchir sur l’importance de l’océan, il devient philosophe. « La mer fait partie de la planète, et je ne pense pas que la mer soit plus importante que la terre ou l’air. Tous les écosystèmes - marin et terrestre – font partie d’un mélange homogène », dit-il.
[ODD2030-14]
Communiqué de l'ONU (1244 hits)