Haïti : Diffuser les grandes valeurs du vaudou
dimanche 2 juillet 2006
par Djems Olivier
P-au-P, 2 Juil. 06 [AlterPresse] --- Haïti pourrait se servir du vaudou pour se faire une place dans le concert des grandes cultures à travers le monde.
Participant au 4e forum transculturel d’art contemporain (15-30 juin, P-au-P), la psychothérapeute française Mireille Ain estime qu’il y a des traditions, comme le vaudou haïtien et le candomblé du Brésil, qui charrient leur propre vision du monde.
« Je pense qu’il faut diffuser les grandes valeurs du vaudou. Je suis persuadée qu’il y a le besoin chez nous de cette communication avec l’invisible en passant par le corps et la danse », affirme-t-elle dans une interview à AlterPresse.
Mireille Ain pense qu’au-delà des loas et de la philosophie, le vaudou comporte aussi une certaine sagesse.
« Le vaudou c’est une explication du monde, une architecture du monde, c’est une sagesse, c’est le partage et la tranquillité intérieure », souligne-t-elle.
La Psychothérapeute est d’avis qu’avec le vaudou, il y a un nouveau rapport au monde, à la nature, aux rivières et aux montagnes. « Le vaudou a beaucoup à nous apporter », soutient-elle.
Mireille Ain a été invitée comme conférencière au 4e forum transculturel d’art contemporain, réunissant artistes, professeurs d’universités et écrivains d’horizons divers. Son intervention était centrée sur « La Transe », un phénomène qui fait couler des salives dans le monde.
Selon la conférencière, ce thème est en adéquation avec « Corps exploités » qui a été le thème central du forum. « J’ai accepté de donner une conférence sur la Transe, ce phénomène de transe qu’on retrouve partout », mais rejeté par l’Europe et l’Amérique du Nord, dit-elle.
Dans ces régions occidentales, des pathologies se développent.
« On exclut les gens qui ont cette sensibilité de pouvoir entrer en transe. On les exclut, on les diabolise, on les met dans des hôpitaux psychiatriques. Tandis que dans les sociétés traditionnelles, la transe est vécue comme une grande joie », explique-t-elle.
Mireille Ain prépare actuellement sa thèse de doctorat sur les notions d’ordre et de désordre, de violence régulée et régulatrice dans la tradition « Bizango ».
En 2002, « le lâcher prise en médiation thérapeutique », son mémoire de fin de formation en psychothérapie, a été publié par les éditions L’harmattan en France.
En Haïti, elle occupait le poste de directrice de la Médiathèque de l’Institut Français à Port-au-Prince de septembre 2002 à août 2005. Elle en a profité mieux cerner le vaudou haïtien jusqu’à recevoir, en janvier 2005, le « Asson » (symbole de consécration du prêtre ou de la prêtresse vaudou) au péristyle de Mariani (banlieue sud de Port-au-Prince).
Mireille Ain se demande pourquoi l’Occident refuse d’accepter la transe, en général, le vaudou en particulier.
« Je crois qu’il y a un comportement socioculturel qui explique le fait de ne pas accepter cette dépossession, parce que nous avons tous été élevés dans une logique cartésienne : Je pense donc je suis », soutient-elle.
« Ce qui fait que quand la transe arrive, c’est vraiment un grand moment de panique pour nous autres de l’Occident. Alors que pour les Haïtiens et les Africains, cela ne se pose pas », précise-t-elle.
Mireile Ain est totalement satisfaite de sa participation à la quatrième édition du forum transculturel d’art contemporain. « J’ai pu découvrir, visiter des ateliers d’artistes, j’ai pu rencontrer des gens extrêmement intéressants ».
Aux côtés de la psychothérapeute française, il y avait, entre autres, l’artiste guadeloupéenne Yane Mareine, le Togolais Simon N’Jami et le photographe réunionnais René Paul Savignan. [do gp apr 02/07/2006 18:00]
Djems Olivier [AlterPresse]
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