Haïti : La portée internationale de la colonie de Saint Domingue, évoquée dans un film de Maxence Denis
Haïti : La portée internationale de la colonie de Saint Domingue, évoquée dans un film de Maxence Denis
lundi 3 juillet 2006
P-au-P, 3 Juil. 06 [AlterPresse] --- Le rayonnement international de Saint-Domingue, pendant la période de la colonisation des Amériques, est mis en exergue et rappelé dans ‘’L’arbre de la liberté’’, un film-documentaire conçu par le réalisateur haïtien Maxence Denis et présenté, le 29 juin 2006, à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) à Port-au-Prince, dans le cadre du 4e forum transculturel d’art contemporain, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
L’île d’Haïti était, déjà, le théâtre d’une véritable guerre mondiale, puisque trois grandes puissances coloniales (la France, l’Espagne et l’Angleterre) s’affrontaient sur ce territoire à l’époque.
« Au milieu de cette guerre, il y avait des hommes et des esclaves qui ont accompli des gestes uniques au monde, des actions extraordinaires : se libérer et amener notre pays à la libération et à l’Indépendance », affirme Maxence Denis, considéré comme le premier artiste multimédia d’Haïti.
Le court métrage ‘’L’arbre de la liberté’’ retrace l’histoire d’Haïti de l’arrivée, en 1492, du conquérant gênois (Gênes, Italie), Christophe Colomb, et de ses alliés espagnols, jusqu’à l’indépendance nationale, le 1er janvier 1804.
Le documentaire n’explique « pas seulement l’histoire d’Haïti, mais l’histoire de la colonie de Saint Domingue, l’histoire de la France, des colonies françaises, parce qu’on en parle », dit le jeune réalisateur qui essaie de montrer l’influence qu’avait Saint Domingue, à l’époque, sur l’histoire mondiale.
L’idée de ce film lui est venue d’une proposition faite lors de la couverture d’une activité en mémoire de Toussaint Louverture, un des héros de l’indépendance haïtienne. Toussaint a été déporté et emprisonné au Fort de Joux en France, où il mourut le 7 février 1803.
« En me renversant, on n’a abattu à Saint Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté des Noirs, il repoussera par ses racines, parce qu’elles sont profondes et nombreuses », disait Toussaint Louverture au moment de sa déportation en France.
‘’L’arbre de la liberté’’ de Maxence Denis rappelle bien celui qui fut le génie de la race noire, souligne un spectateur ayant assisté attentivement à la diffusion du documentaire à la Salle Polyvalente Unesco de la FOKAL.
La professeure et critique d’art cubaine, Yolanda Wood Pujol, pense que l’utilisation de la voix des historiennes haïtiennes, Jacqueline Scott Lemoine et Odette Roy Fombrun, imprime au film-documentaire un cachet très intéressant, au niveau symbolique.
« Je te remercie, en tant que femme, d’avoir donné un espace si important à la voix de la femme en tant que mémoire, et je pense que c’est un aspect très important dans ton documentaire », souligne-t-elle.
« L’histoire n’est pas quelque chose de masculin », répond le jeune réalisateur.
Historienne de l’art, Yolanda Wood Pujol se montre aussi curieuse quant au jeu de rôle attribué aux enfants dans ce court métrage.
« Ce sont des enfants qui jouent avec tous les bateaux (espagnol, français, et autres). Cela n’est pas teinté de racisme », précise Maxence Denis.
Né à Port-au-Prince en 1968, Maxence Denis a vécu, étudié et travaillé en France pendant quinze années. Avec un collectif d’artistes du nom de ‘’Les Filtres Actifs’’, il poursuit ses expérimentations visuelles et élargit son champ d’action aux installations vidéo et plastique, et au multimédia.
‘’L’arbre de la liberté’’ n’est pas sa première réalisation cinématographique.
En 2006, avant la projection du documentaire ‘’L’arbre de la liberté’’, Maxence Denis a contribué au projet brésiliano-haïtien « Regards Croisés », une exposition qui a eu lieu, du 12 mai au 16 juin 2006, au Musée d’art du Collège Saint Pierre dans la capitale haïtienne.
En 2004, il a participé avec « Kwa Bawon » au 3e forum transculturel d’art contemporain, déroulé autour du thème « Codes noirs ».
En 2002, Maxence Denis a présenté une installation multimédia, lors d’une résidence au Festival « Vues d’Afrique » et au Musée d’art haïtien du Collège Saint Pierre à Port-au-Prince, dont l’historien haïtien de l’art, Michel Philippe Lerebours, est l’actuel conservateur.
En 2001, il a réalisé un court documentaire sur l’atelier des sculpteurs Jean Hérard Céleur et André Eugène à Port-au-Prince. [do rc apr 03/07/2006 10:40]
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