L'IEPF (Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie) et la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement) ont organisé conjointement un atelier parallèle à Durban pour présenter une partie des résultats du projet NECTAR (Négociation Climat pour Toute l'Afrique Réussie).
Le Projet NECTAR a été initialement mis en place en tant que contribution à l'implication des États et gouvernements de la Francophonie, particulièrement africains, dans les négociations de la 15ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Copenhague en 2009.
Les activités du Projet NECTAR ont été réalisées par l'IEPF avec le soutien financier du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), de l'Agence Française de Développement (AFD), et du Ministère des affaires étrangères et européennes de la France; avec pour objectifs d'appuyer les pays africains dans le processus de négociations sur le régime climatique post 2012, et de faciliter l'intégration de la problématique des changements climatiques dans les politiques sectorielles nationales de développement.
L'atelier du 5 décembre intitulé "Approches sectorielle/Appui aux négociations climat pour l'Afrique : Présentation de l'étude sur le secteur du bâtiment dans un contexte de changement climatiques" a rassemblé un panel de haut niveau avec notamment, Monsieur Jean Koulidiati Ministre de l'environnement et du développement durable du Burkina Faso, Monsieur Bassari Touré Vice Président de la BOAD et Madame Fatimata Dia Touré, Directrice de l'IEPF et un panel d'experts internationaux.
Dans un premier temps, M. Mbacké Niang, Architecte, Chercheur et Enseignant, Agence d'Architecture et de Recherche MBN du Sénégal, a caractérisé le secteur du bâtiment dans le contexte africain. Qu'il s'agisse de l'habitait traditionnel, de l'habitat colonial, du bâtiment populaire (bidonville, régulier, irrégulier) ou de la construction récente ou neuve, l'orateur a rappelé les déterminants propres à chaque catégorie en soulignant que l'innovation ou le recours aux savoirs traditionnels étaient dans tous les cas porteur d'innovation. Il a souligné également que l'organisation spatiale devait être associée aux logiques de construction ou de rénovation.
Pierre Radanne, Président de Futur Facteur 4 a souligné les opportunités offertes par les NAMAs (Actions d'atténuation appropriées au niveau national - Nationally Appropriate Mitigation Actions) en tant qu'instrument d'accompagnement des stratégies nationales à mette en place. Le NAMA en tant que mécanisme financier innovant doit faire l'objet de toutes les attentions pour s'assurer que l'Afrique puisse en bénéficier de manière satisfaisante. A l'inverse du MDP qui raisonne selon une approche par filière, les NAMA devraient permettre de prendre en compte à la fois l'atténuation et l'adaptation. Il s'agit dès lors de se mobiliser dès à présent pour éviter, comme cela a été le cas dans le cadre du MDP, que l'Afrique soit sous représentée dans les volumes financiers mobilisés ou dans le nombre de projets soutenus. A noter que les NAMAs se doivent de répondre aux objectifs du MRV (Mesurable, Reportable et Vérifiable) et à ce titre l'approche se doit d'être très structurée et inscrite dans la durée. Il s'agit notamment de mettre en place un programme fédérant tous les acteurs concernés, de prévoir des étapes, de respecter les règles du MRV en mettant notamment en place des mesures de vérification internes et d'organiser un mix adapté de financement (dons, financements privés, prêts,...) et enfin de soumettre ces programmes auprès des bonnes instances.
M. Bassari Touré Vice Président de la BOAD et M. Oumar Tembely, Directeur des financements innovants et structures ont présenté les actions et l'ambition de la BOAD dans son espace de compétence. Ils ont soulignés les impacts du changement climatique dans l'UEMOA, les entraves à la lutte contre le changement climatique et la réponse apportée par la BOAD notamment au travers de l'initiative régionale carbone qu'elle a lancée en 2008.
Dr Mawuli Komi Amegadje de Global Lead et le Dr Axel Michaelowa ont ensuite présentés en détail les modalités de mise en oeuvre des NAMAs et des mécanismes carbones dans l'espace de l'UEMOA. Les NAMAs peuvent prendre des formes très variées allant de la réglementation (standards d'efficacité énergétique,...), à la subvention (tarifs de rachat garantis, appuis aux activités de R&D,...), à la mise en place d'une fiscalité carbone voire en encourageant les engagements volontaires de type labellisation ou certification.
Après avoir rappelé la place de l'UEMOA dans le marché des GES, les intervenants ont mis en évidence les similitudes qui existent entre les différents pays de la zone (à l'exception de la Côte d'Ivoire). Il a été ensuite rappelé les axes possibles pour mettre en oeuvre des NAMA tels que l'amélioration de l\'efficacité dans le transport, le renforcement de l'efficacité énergétique dans les bâtiments, des actions sur l'éclairage, les appareils ménagers, l'isolation ...
Dans tous les cas, la question des subventions aux énergies fossiles doit être un indispensable préalable (facture de 350 millions d'euros par an pour le Mali et 340 pour le Sénégal euros). Différentes mesures existantes ont été présentées et analysées.
M. Jean Koulidiati, Ministre de l'Environnement et du Développement durable du Burkina Faso et Yves Gagnon de l'Université de Moncton, Canada ont présenté l'atlas éolien qui vient d'être réalisé pour le Burkina Faso. Ce type d'outil d'aide à la décision et d'accompagnement des porteurs de projets parait indispensable pour identifier le potentiel de développement de la filière éolienne d'un pays. A ce stade, une analyse économique du potentiel n'a pas encore été faite mais dès à présent cet outil apporte de précieux détails sur la ressource.
Les débats qui ont suivis ont témoignés du besoin permanent de renforcement de capacité des pays concernés. La complexité des outils et des mécanismes de financement ainsi que le nombre important de possible " guichets " peut parfois donner un sentiment de confusion. Un programme de formation inscrit dans la durée mais aussi dans l'urgence a été souhaité par de nombreux participants.
Cette synthèse n'a de raison d'être que pour témoigner ici de l'importance de s'approprier ces nouveaux mécanismes et de les inscrire dans une stratégie sur le long terme. Rien ne pourrait être pire pour les pays africains que de ne pas être en mesure de les mobiliser. Il s'agit de projets complexes et qui vont demander un certain temps pour les mettre en oeuvre.
Nous oeuvrons sur ces sujets depuis plusieurs années et c'est donc pleinement conscient de l'importance des enjeux, des défis mais aussi des opportunités d'action que j'ai tenu ici à témoigner plus longuement que dans mes autres dépêches de leur importance.
Stéphane POUFFARY, ENERGIES 2050, pour l'IEPF
[COP17-climat]