Aujourd’hui, nous célébrons la jeunesse et les générations futures à la conférence de Paris. Or, force est de constater que bien peu de jeunes ont accès aux sessions de négociation en sous-groupes, appelés les «spin-off».
En effet, malgré l’insistance de la présidence française sur la transparence du processus, cette dernière ne se manifeste que dans les discours. Dans les faits, la société civile, identifiée par un badge d’observateur, a bien peu d’opportunités pour observer les négociations. Il suffit de jeter un œil au calendrier du jour pour constater que la grande majorité des rencontres indiquent «Parties only».
Comment mener un processus qui se dit ouvert et juste alors qu’on négocie derrière des portes closes? Cette situation est vivement dénoncée par les jeunes. D’une part, on souhaite la présence de la jeunesse pour symboliser les générations futures qui hériteront de la dette climatique. D’autre part, on l’écarte des processus qui se targuent d’être inclusifs et démocratiques pour aboutir à un nouvel accord sur le climat.
Quelques années plus tôt, en 2009, la jeunesse s’est vue octroyer une reconnaissance formelle par le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Depuis la conférence de Copenhague, les jeunes ont ainsi pu prendre la parole au début et à la fin des négociations pour s’exprimer vis-à-vis des parties à la CCNUCC.
Cela dit, même ce droit d’intervention n’est pas acquis. À titre d’exemple, à la conférence de Doha en 2012, la durée d’intervention en plénière est passée de deux minutes à 30 secondes. Avec quelques secondes à peine, il va de soi que la voix de la jeunesse est particulièrement limitée.
Heureusement, la jeunesse n’est jamais à court d’idée pour faire entendre ses revendications. Un autre mode d’action de la jeunesse, plus original et créatif, est celui des manifestations. Suite à la déclaration du Climate Vulnerable Forum, les jeunes ont organisé une action en appui aux 20 pays parmi les plus vulnérables et signataires de cette déclaration.
Le Climate Vulnerable Forum a adopté la Manila-Paris Declaration lundi dernier dans laquelle il appelle les États membres de l’ONU à s’engager pour une décarbonisation totale et un objectif de 100 % d’énergies renouvelables* d’ici 2050 pour limiter le réchauffement en-deçà de 1,5°C. En appui à cette déclaration, les jeunes manifestants ont peint un cercle sur leur visage pour symboliser un zéro, soit zéro énergie fossile en 2050.
Alors qu’on ressent déjà les changements climatiques, les jeunes rejettent le seuil de 2°C. Au Canada, un réchauffement de 2°C à l’échelle mondiale signifierait des hausses de température de 4 à 7°C d’ici 2100 selon les études réalisées par Ouranos. Nous sommes particulièrement vulnérables face à la crise climatique et avons tout avantage à miser sur une limite de réchauffement de 1,5°C.
Le Canada a annoncé un financement de 2,65 milliards de dollars pour lutter contre les changements climatiques et rappelé en plénière que les droits humains devaient être au cœur de l’accord. Ces signes sont encourageants et montrent que «le Canada est de retour» pour reprendre les mots du premier ministre du Canada, Justin Trudeau.
Or, malgré un appel de plus en plus fort pour une décarbonisation rapide de nos sociétés, plusieurs pays dont le Canada tardent à mettre en œuvre une transition vers des énergies renouvelables. Au nom de la jeunesse et des générations futures, nous espérons que le Canada soutiendra un objectif à long terme de décarbonisation d’ici 2050 dans l’accord de Paris.
*L’objectif de 100% d’énergies renouvelables exclut l’énergie nucléaire.
[CdP21-climat]
11/12/24 à 13h46 GMT