Idéalisoa ANDRINIELA, ingénieure agronome et spécialiste en politiques et dynamiques internationales, membre du groupe JFDD
Bien que l’on n’ait pas encore d’idée très précise de l’importance de la biodiversité, son rôle est incontestable. Un grand nombre de personnes bénéficient actuellement des services qu’elle offre. En effet, la biodiversité est indispensable à la vie. Elle est nécessaire à l'adaptation des êtres vivants aux conditions changeantes de l'environnement et donc, à leur survie à long terme, ainsi qu'à la conservation à long terme de la performance des écosystèmes. Effectivement, les écosystèmes fournissent, parmi ses biens ou valeurs pour usage direct, des besoins de base vitaux tels que la nourriture, l’eau propre et l’air pur. Comme services, autrement dit valeurs pour usage indirect, ils offrent une protection contre les catastrophes naturelles et les maladies en assurant le contrôle atmosphérique et climatique, façonnent les cultures humaines et les croyances spirituelles, favorisent le recyclage des substances nutritives et maintiennent les processus essentiels de la vie sur Terre. Cependant, la biodiversité, grâce à laquelle la vie est possible sur notre planète, est de plus en plus menacée par de nombreuses activités anthropiques, et sa disparition a de lourdes conséquences pour notre planète. Selon les estimations du World Ressource Institute avec le PNUE réalisées en 2010, entre 150 et 200 espèces animales et végétales disparaissent chaque jour. La perte de biodiversité affecte les écosystèmes en les rendant plus vulnérables aux perturbations et moins aptes à fournir leurs précieux services. De plus, la perception de la biodiversité par le public est souvent limitée à quelques espèces emblématiques de faune ou de flore. La plupart des gens ne se rendent pas compte de quelle façon et dans quelle mesure la biodiversité nous est utile.
A titre d’exemple, pour le cas de Madagascar, c’est un pays à mégadiversité avec des niveaux élevés de concentration et d'endémisme. Ces richesses biologiques sont tellement remarquables, tant par la variété de ses paysages et écosystèmes que par celle de sa faune et flore endémiques et archaïques. Classée parmi les huit « hottest hotspots » de biodiversité de la planète, la Grande île constitue l’un des endroits au monde où l’exceptionnel taux d’espèces endémiques se conjugue avec une importante perte d’habitats originels. Démontrés par différentes études réalisées par des scientifiques tels que Meyers, Goodman, Whitemore et d’autres, sa réputation repose sur un taux d’endémisme proche de 80 % pour la faune et la flore, plafonnant à 100 % pour les seuls mammifères terrestres, et sur un taux de déforestation de l’ordre de 8 % entre 1980 et 1990, années au terme desquelles on pouvait dire que Madagascar avait enregistré une perte record de 90 % de la surface de sa végétation originelle.
Face à cette situation alarmante qui risque de faire disparaître un grand nombre d’espèces endémiques, il faut à tout prix élaborer des stratégies visant à préserver la biodiversité entre autres l’évaluation de ses valeurs. En effet, rien que la connaissance de ces valeurs permettra de convaincre la population d’arrêter les actes à l’origine de la destruction des écosystèmes.
Le terme de biodiversité est la contraction de l'anglais "biological diversity". Il est attribué au scientifique américain, Edward O. Wilson pour qui la biodiversité regroupe "la totalité des variétés du monde vivant". La biodiversité est la dynamique des interactions dans des milieux en changement. Elle se décline en diversité écologique (les milieux), diversité spécifique (les espèces) et diversité génétique.
La biodiversité, c’est la vie qui nous entoure sous toutes ses formes. Elle est de ce fait indispensable à tous les processus vitaux et à tous les services fournis par les écosystèmes sur la planète. C’est le fruit d’une évolution de plusieurs millions d’années, influencée par des siècles d’activité humaine (cueillette, défrichement, agriculture, urbanisation, etc.). En outre, elle représente la condition sine qua non pour un développement sain et naturel des espèces et des écosystèmes. Elle constitue l’héritage naturel que nous léguons aux générations futures. A ce titre, il incombe à notre société une responsabilité éthique et morale. Ainsi, elle équivaut à une assurance. La diversité que représentent les 10 à 20 millions d’espèces estimées de par le monde, leur variabilité génétique et la variété des ensembles qu’elles constituent dans un habitat et la variabilité des interactions qu’elles génèrent rendent possibles des adaptations à un large spectre de conditions et de modifications environnementales.
De plus en plus de sciences s’intéressent à l’évaluation de la biodiversité: l’écologie, l’économie, l’anthropologie. Evaluer signifie mettre une valeur sur l’objet considéré. Pour pouvoir mettre une valeur sur la biodiversité, il faut pouvoir définir ce qu’elle est. La pluralité des regards sur la biodiversité, en lien avec la multiplicité des intérêts pour la biodiversité, fait qu’il n’y a pas une valeur mais des valeurs de la biodiversité. A l’affrontement politique se combinent les affrontements d’idéologies de la nature, et les conceptions scientifiques hétérogènes, voire contradictoires.
Des auteurs affirment que le problème est que l’opinion ne sait pas assez ce qu’est la biodiversité. Elle est tentée de ne retenir que des slogans morcelant la biodiversité en composantes isolées. « Je défends les grands singes d’Afrique », « Je veux protéger les tigres », lit-on fréquemment. Mais défendre le vivant, c’est justement le défendre dans sa globalité. Ainsi, Il ne s’agit pas de mettre une étiquette sur la biodiversité pour mieux pouvoir la brader. Il s’agit de lui donner une valeur éthique afin de mieux la prendre en compte dans les décisions politiques. Tel est l’objectif. La biodiversité nous rend des services tous les jours et certains sont même souvent insoupçonnés. Les bénéfices de protéger la biodiversité sont énormes, alors que le coût de ne pas le faire est tout aussi important, sinon plus. Alors pourquoi ne pas mettre en avant ces bénéfices dont nous tirons parti, pourquoi ne pas essayer de quantifier la valeur que nous accordons à la biodiversité afin de mieux la protéger? Le problème est que ces bénéfices ou cette valeur sont souvent intangibles et difficiles à mesurer. Difficile, mais pas impossible.
En attribuant une valeur monétaire à la biodiversité, le risque est la mise en place d’un système de privatisation du vivant autorisant les plus riches (individus, sociétés, États...) à détruire ou acheter de la biodiversité par une contrepartie financière.
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles publiés et relayés sur le portail Médiaterre de même que sur les réseaux sociaux.
Ce projet est mis en œuvre par l’Institut de la Francophonie pour de Développement Durable (IFDD) et Les Offices Jeunesse Internationaux du Québec (LOJIQ) grâce au soutien financier du gouvernement du Québec et en partenariat avec l’Association de Soutien à l’Auto Promotion Sanitaire et Urbaine (ASAPSU) porteuse du groupe Jeunesse Francophone pour le Développement Durable (JFDD).
"Consultez le dossier Médiaterre de l'Initiative Jeunesse de lutte contre les changements climatiques [IJLCC]"
11/12/24 à 13h46 GMT