En décembre 2016, le Bénin lançait un plan de développement d’une importance considérable pour améliorer son économie, appelé « Bénin révélé ». Ce plan vise un investissement public important, couplé à des investissements privés, afin d’alimenter 45 projets différents répartis en 9 secteurs clés.
L’un de ces 9 secteurs, porte sur la partie béninoise du parc W et vise à le sécuriser afin d’assurer la protection de sa biodiversité. Ce qu’on appelle le Parc National du W-Bénin fait partie du gigantesque complexe W-Arly-Pendjari, plus sobrement appelé complexe WAP. Ce complexe, au travers des trois parcs qu’il abrite, s’étend sur trois Etats différents. Le parc W, qui tire son nom de sa forme, est présent sur le Bénin, le Niger et le Burkina Faso. Le parc Pendjari est présent uniquement au Bénin et le parc Arly est uniquement présent au Burkina Faso. A eux trois, ces parcs forment le complexe WAP qui se trouve être le plus vaste écosystème intact d’Afrique de l’Ouest.
Afin d’arriver à ses fins, le 25 juin dernier, le gouvernement du Bénin a placé sa partie du parc W aux mains de l’ONG African Parks. Cette ONG gère déjà depuis 2017 le parc national du Pendjari, ce qui les place en charge d’un peu plus de la moitié du complexe WAP.
African Parks a été créée en 1999, en Afrique du Sud, sous le statut d’entreprise privée par le milliardaire Paul Fentener van Vlissingen. Depuis African Parks est devenu une ONG et s’occupe de 17 parcs, sur 9 Etats différents, avec comme président le Prince Harry. African Parks passe un marché simple avec les gouvernements au sujet de leurs parcs. Les Etats gardent la possession de ceux-ci, en revanche, ils laissent la pleine autorité à African Parks dans leur gestion et leur protection. Par exemple, dans le parc de Zakouma que gère African Parks, l’ONG emploie une centaine de rangers entrainés et bien armés pour faire respecter la loi et chasser les braconniers.
Malgré un succès certain dans la protection de certaines espèces en danger, les pratiques de African Parks ont été dénoncées par certains observateurs. Dans un article du monde diplomatique Jean-Christophe Servant a ainsi critiqué la manière avec laquelle African Parks met de côté les populations locales pour préparer des terrains luxueux permettant de recevoir de riches touristes à la recherche d’un lieu pour organiser, entre autres, des safaris. C’est le cas notamment du parc béninois Pendjari depuis 2017 et il semble que le parc W-Bénin devrait connaître un sort similaire.
A défaut d’avoir un avis tranché et en attendant plus d’information au sujet de African Parks, de ses succès et de ses zones d’ombres, il devient au moins important de se rendre compte de l’existence de cette ONG et de ses capacités, ainsi que de sa gestion de l’environnement.
09/08/24 à 08h48 GMT