Fuite d’hydrocarbures dans un cours d’eau, pollution des sols, présence d’amiante ou de plomb dans un bâtiment ancien… l’activité humaine engendre depuis des décennies nombre de produits dangereux et toxiques qu’il faut éliminer, parfois dans l’urgence, mais toujours avec une infinie précaution. Quelques sociétés se sont spécialisées dans la dépollution de ces sites sinistrés.
Inutile d’être un fervent défenseur de l’environnement ou un activiste écologiste pour savoir que la pollution est devenue un problème majeur de nos sociétés contemporaines : plastiques dans les mers et océans, émissions de gaz à effet de serre, présence de nitrates dans les nappes phréatiques à cause de l’utilisation d’engrais chimiques dans l’agriculture… certaines nous sont familières car elles font régulièrement l’objet de reportages. Mais d’autres produits nocifs, peut-être moins porteurs médiatiquement, ne font pas la Une des journaux alors qu’ils sont tout aussi problématiques, si ce n’est plus.
C’est le cas, entre autres, du plomb, longtemps utilisé pour fabriquer les conduites d’eau ou certaines peintures, avant que les progrès de la médecine ne mettent en évidence ses effets nocifs sur notre santé,. Le problème se pose aussi pour l’amiante, massivement employé dans la construction et dans l’industrie jusqu’à ce que son implication dans l’apparition de nombreuses maladies graves ne soit démontrée et qu’il soit interdit en 1997. Ces deux matériaux ont été tellement utilisés qu’ils sont encore très présents dans les habitations, immeubles de bureaux, usines et autres équipements urbains, et que s’en débarrasser n’est pas à la portée de tous. En effet, en raison leur toxicité, seules des entreprises dont c’est la spécialité sont habilitées à pratiquer le déplombage et le désamiantage. Outre ces deux opérations, il n’est pas rare que ces sociétés proposent également des services de dépollution d’ouvrages ou de terres polluées par les hydrocarbures, les fibres céramiques réfractaires, les polychlorobiphényles (PCB) et autres produits classés cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, plus communément appelés CMR.
Des compétences rares
Toutefois, en raison de la dangerosité des produits à traiter, des risques encourus, de la nécessité de respecter l’environnement et, en cas d’accident de l’urgence des interventions, bien peu d’entreprises sont à même de pouvoir offrir une qualité optimale de travail dans le cadre de la dépollution des sites sinistrés et la gestion des produits CMR. Parmi elles, Biogénie Europe, filiale française de l’entreprise québécoise EnGlobe, a fait de la réhabilitation des sites pollués sa spécialité. S’appuyant sur les 1800 salariés et les 22 centres de traitement permanent à travers le monde de sa maison-mère, Biogénie se revendique comme l’unique acteur de dimension internationale dans ce domaine et l’une des rares entreprises à n’être spécialisée que dans le secteur des travaux de dépollution.
C’est à elle, par exemple, que la mairie de Vauhallan, dans l’Essonne (91), a fait appel pour le traitement d’une ancienne décharge sauvage en 2019. Plus récemment, c’est la ville du Havre qui a eu recours à ses services pour effectuer des tests en vue de réhabiliter la décharge de Dollemard et ses quatre mille tonnes de déchets, dont une partie est rejetée à la mer, au grand dam des associations écologistes de la région. L’envergure de Biogénie Europe n’empêche pas d’autres sociétés, certes de taille plus modeste mais non moins performantes, de se mesurer avec succès au défi de la dépollution. C’est le cas, notamment, de DI Environnement qui en a fait sa spécialité depuis maintenant 25 ans.
Entreprise familiale, gros chantiers
Créée en 1987, cette entreprise familiale, spécialisée au départ dans l’isolation thermique, a vite pris à bras le corps le problème que posait l’amiante et, dès 1995, a effectué son premier chantier de désamiantage alors que cette activité était encore inconnue dans notre pays. Aujourd’hui, DI Environnement réalise 600 désamiantages par an, aussi bien dans des centres commerciaux, des usines, des tours de bureaux que dans des immeubles haussmanniens. L’entreprise a notamment procédé au désamiantage de l’Immeuble Renaissance, situé rue François Ier, dans le très chic 8ème arrondissement de Paris, avant qu’il subisse d’importants travaux de réfection pour accueillir de nouveaux bureaux modernes et des commerces de luxe.
Loin de se reposer sur ses lauriers, DI Environnement a, au fil des années, élargi le champ de ses compétences afin de proposer ses services de dépollution dans tous les domaines et sur toutes ses formes, et pas uniquement dans les cas de présence d’amiante. Ainsi, elle œuvre chaque année sur 200 chantiers de déplombage, comme ce fut le cas sur le pont transbordeur de Rochefort, rendu célèbre par la scène d’ouverture du film Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, qui a nécessité un sérieux décapage de ses peintures avant de pouvoir être rénové et rouvert au public le 29 juillet dernier, après près de quatre ans de travaux. Enfin, DI Environnement traite également toutes les pollutions afin d’éradiquer les risques environnementaux et sanitaires liés aux produits toxiques, grâce à la mise en place de 25 processus CMR autres que l’amiante et le plomb. Cette activité amène l’entreprise, dont l’activité se concentre essentiellement sur le territoire français, à intervenir parfois à l’étranger, comme par exemple lorsqu’il faut aller effectuer des travaux de dépollution de cuves contenant des radioactifs naturels sur un site de Total à Abu Dhabi, capitale des Emirats Arabes Unis.
Un cadre d’activité très réglementé et très contrôlé
Désamiantage, déplombage, dépollution, toutes ces opérations sont hautement délicates et comportent des risques, tant pour l’environnement du site traité que pour les personnes qui y travaillent. C’est pour cela que les entreprises spécialisées portent une attention particulière à la sécurité et mettent en place des protocoles très stricts. « En ce qui concerne le désamiantage, les chantiers doivent suivre un process spécifique quant à la surveillance de la pollution de l’air », explique Hugo Rosati, directeur général de DI Environnement. Et le chef d’entreprise d’expliquer que, sur chaque site traité, des contrôles dits « règlementaires » doivent être effectués régulièrement par la société de dépollution elle-même. Ces prélèvements de l’air autour et sur le chantier sont par ailleurs doublés par d’autres contrôles dont la plupart sont soumis aux certifications Cofrac. Outre l’air ambiant, l’eau filtrée par les installations est également contrôlée. Dans le cas du plomb aussi, des mesures de précautions particulières sont mises en place, comme par exemple des prises de sang obligatoires du début à la fin des opérations pour tous les intervenants du chantier.
Plus généralement, pour chaque domaine d’activité d’une entreprise de dépollution, les équipes d’intervention doivent suivre une formation réglementaire spécifique auprès d’organismes certifiés : formations SS3 amiante, déplombage, traitement de surface métalliques, risque chimique, radioprotection... Autant de précautions indispensables tant l’activité de ces sociétés est sensible et peut s’avérer dangereuse pour les hommes comme pour la nature.
11/12/24 à 13h46 GMT