Par Daniel Gorelick
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Washington - Le président Bush a déclaré, le 6 janvier, " monuments nationaux marins " trois zones de l'océan Pacifique (la fosse des Mariannes, l'atoll Rose et un archipel isolé) qui couvrent plus de 505.000 km2 et qui comprennent des volcans sous-marins en activité, des requins de récif, des palourdes énormes, des centaines d'espèces de poisson et de corail et une multitude d'oiseaux de mer et d'oiseaux migrateurs.
Il a pris cette décision en vertu de la loi de 1906 qui habilite le président des États-Unis à protéger des zones d'importance historique ou scientifique dans des territoires appartenant aux États-Unis ou placés sous leur contrôle.
Le décret présidentiel interdit " la destruction ou l'extraction de ressources, la décharge d'ordures et la pêche à des fins commerciales ", mais permet les travaux de recherche, la libre circulation de navires et d'aéronefs et les activités de loisir.
Il s'agit là de la plus grande superficie qui soit protégée dans un océan. Elle est de 50 % supérieure à la superficie de tous les parcs nationaux réunis des États-Unis. La protection de ces " monuments " s'applique immédiatement et n'a pas à être approuvée par le Congrès.
Selon le directeur général du Pew Environment Group, M. Joshua Reichert, " cette décision d'importance histoire du président Bush protège certains des habitats océaniques les plus exceptionnels et les plus importants du monde sur le plan biologique. Avec la création du "monument marin" d'Hawaï il y a deux ans, la création de cette zone marque la fin d'une période où l'homme a compris de mieux en mieux la nécessité de protéger des endroits sauvages en voie de disparition sur la terre, sans cependant comprendre la situation critique de nos océans. "
Pour sa part, le président de l'association Friends of the Monument aux îles Mariannes, M. Ignacio Cabrera, s'est déclaré fier que le président Bush ait reconnu l'importance et la richesse des eaux de ces îles. " Nous pouvons maintenant partager avec le monde cet endroit particulier auquel les habitants de nos îles tiennent tant ", a-t-il dit.
La protection d'un océan en parfait état
Le " monument national marin " de la fosse des Mariannes comprend les écosystèmes des récifs coralliens situés autour des îles de l'extrême nord de l'archipel septentrional des îles Mariannes. Cette fosse est la plus profonde du monde ; sa profondeur est supérieure à l'altitude du mont Everest. Elle comprend une vingtaine de volcans sous-marins et de cheminées hydrothermales en activité.
" Une multitude d'espèces fascinantes vit au milieu des volcans qui émettent de l'hydrogène et des cheminées hydrothermales qui éjectent de l'eau bouillante et très acide ", a indiqué M. Bush. Des scientifiques estiment que la vie sur notre planète a commencé dans des conditions semblables.
Le " monument national marin " des îles reculées du Pacifique protégera les écosystèmes des récifs coralliens situés autour des atolls Kingman Reef, Palmyra et Johnston ainsi que des îles Howland, Baker, Jarvis et Wake. Ces zones abritent des centaines d'espèces de poisson, des tortues en voie d'extinction, des oiseaux de mer, des oiseaux migrateurs et des prédateurs tels que des requins qui sont au sommet de la chaîne alimentaire, a dit un haut responsable des services de l'environnement de la Maison-Blanche, M. Jim Connaughton, lors de la conférence de presse qu'il a donnée le 5 janvier.
Quant au " monument national marin " de l'atoll Rose, il protégera l'écosystème des récifs coralliens situés autour d'une zone reculée des îles Samoa américaines. C'est l'une des plus grandes étendues de coraux vivants du monde, qui abrite aussi des palourdes géantes, des requins de récif et de très grands poissons perroquets, a précisé M. Connaughton.
Écologiste des milieux marins de l'organisme National Geographic, M. Enric Sala, a déclaré à America.gov à ce propos : " Ces lieux reculés sont en partie protégés par leur isolement, mais de nos jours aucun endroit en mer n'est à l'abri d'activités illégales. Les flottes de pêche des pays du monde entier opèrent pratiquement n'importe où dans les océans. "
Si la pêche à des fins commerciales est interdite dans les zones déclarées " monuments nationaux ", les navires, les sous-marins et les aéronefs continuent d'avoir le droit d'y circuler. De même, selon la Maison-Blanche, " les activités, les exercices et les enquêtes " des forces armées américaines y seront autorisées.
L'étude scientifique des océans
Avant la décision que le président Bush a prise le 6 janvier, seul 0,08 % des océans du monde étaient protégés pour ce qui est de la pêche et des forages, alors que le pourcentage des zones terrestres protégées (parcs nationaux et réserves naturelles) est de 12 %, a indiqué M. Sala. Il s'agit là, a-t-il ajouté, du " premier grand pas vers la protection de grandes étendues " dans les océans qui seront au moins comparables aux zones terrestres qui sont protégées.
La protection de ces zones " revêt une immense importance d'ordre scientifique parce qu'elle permet aux scientifiques d'étudier les écosystèmes qui sont les plus proches de ce qu'était le monde, ce qui est essentiel pour comprendre comment on peut mieux gérer et peut-être remettre en état le reste des océans dont la dégradation est si grave ", a déclaré à America.gov le professeur Jeremy Jackson, qui est à la tête du département de recherche des sciences de la terre à l'Institut Scripps d'océanographie.
Selon M. Sala, la plupart des études scientifiques ont porté sur des récifs coralliens endommagés, de sorte que l'on n'a pas une bonne idée de la vie des récifs coralliens dans un état normal.
" Si tout ce que vous avez fait se limite à étudier les voitures accidentées dans un entrepôt de ferrailleur, vous ne saurez jamais que la fonction originale de la voiture était de transporter des gens d'un lieu à un autre, a-t-il dit. Ces zones vierges de l'océan constituent l'équivalent de l'établissement d'un concessionnaire où vous pouvez examiner une voiture en parfait état. En d'autres termes, ces zones représentent le meilleur manuel d'utilisation pour comprendre les récifs coralliens et notre incidence sur leurs écosystèmes. "
Quant au professeur Jackson, il a fait remarquer : " Ce genre de mesure est à mon avis essentiel pour que l'on puisse espérer qu'à l'avenir les océans seront en bon état. "
Source : "America.Gov"
Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : www.america.gov/fr/
17/10/24 à 09h35 GMT