Référendum de révision constitutionnelle aux Comores : Le " oui " l'a emporté et le " non " alerte le pouvoir
Défi ou réalité ?
Le " oui " soutenu par la mouvance présidentielle de l'Union des Comores l'a raflé avec 92,32% des suffrages au référendum de révision constitutionnelle proposant d'allonger le mandat du président de la République, selon les résultats définitifs, validés et proclamés mardi 19 Mai 2009 par le Président de ladite Cour, M. Abdourazakou Abdoulhamid, en présence de M. Mmadi Ali, le Ministre de la justice en charge des élections, M. Djazila Saendou, le président de la commission nationale électorale et des observateurs internationaux à Moroni.
L'enjeu de la révision constitutionnelle se résume en une escarmouche entre la continuité d'un pouvoir et le pari sur une alternance dédaignée. Le mandat du président de l'Union est actuellement de quatre ans. En l'état, la présidence de l'Union doit revenir en 2010 à l'île autonome de Mohéli au terme du mandat d'Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, originaire de l'île d'Anjouan, partisan de l'islamisme, prédicateur et entrepreneur, qui avait succédé en 2006 au Grand-Comorien, le colonel Assoumani Azali.
D'un côté, la démocratie est mise en puzzle : " Pourquoi Sambi veut à tout prix rester au pouvoir ? Depuis le début de son mandat, les comoriens crèvent, alors pourquoi insiste-t-il ? Il est temps que nos gouvernants s'adaptent un peu. On le savait très bien que le oui va l'emporté ", s'interroge Hassane Said M'mnémoi, un sans emploi devant la presse locale.
En outre, la révision donne au numéro un de la fédération comorienne la puissance de dissoudre l'Assemblée de l'Union et propose d'ériger l'islam en religion d'Etat.
Après la promulgation de cette loi, le président de la République est agrafé d'assigner au plus vite possible, dans une échéance constitutionnelle, les élections législatives. Pour éviter que les Comores se retrouvent dans l'anarchie et le chaos.
La défiance d'un pouvoir solitaire.
Au pays de la rumeur, reviennent dans les esprits des images de votes fantômes, de résultats tronqués, une validation falsifiée, de manipulations d'opinion. En prenant le pouvoir par un vote démocratique, l'Ayatollâh des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi avait promis de le rendre la date prévue, en Mai 2010. Maintenant, il le gardera jusqu'en 2011.
Ce pays pauvre, qui est devenu indépendant depuis 1975 a enregistré plusieurs coups d'Etat ou tentatives de déstabiliser le régime en place. Aujourd'hui, pour M. Sambi, il faut changer lla constitution pour permettre de réduire le coût de fonctionnement des instances actuelles de l'Union et simplifier le fonctionnement des institutions. L'archipel de l'océan indien est bringuebalé et secoué depuis longtemps par des conflits de compétence entre les trois îles, dotées chacune de leurs propres institutions, et l'Etat fédéral.
Une bataille mouvementée se présage, disent les plus avertis des témoins. Mais quelle que soit l'issue, les Comoriens aspirent à l'entente, le souhait, l'espoir et la foi.
La consultation organisée le dimanche 17 Mai 2009 vise à standardiser le credo de fonctionnement entre les trois îles, Ngazidja, Ndzuwani, Mwali et le pouvoir central. Avec quatre Parlements, un pour chaque île et un pour l'Union, quatre gouvernements et autant de présidents, elles sont inutilement complexes, et trop coûteuses pour un ensemble qui regroupe moins d'un million d'habitants.
La révolte.
" Sambi soutien le oui, ça c'est clair et Sambi est soutenu par l'armée, donc si le oui l'emporte, il ne quittera jamais Beit-salam ", appréhendait un opposant avant le vote. L'opposition, qui accuse le président fédéral de chercher à s'accrocher au pouvoir et d'affaiblir les dirigeants des trois îles, a jugée que la faible participation des électeurs témoignait de sa faible légitimité.
Pourquoi il y a eu un taux d'abstention qui n'a jamais été atteint auparavant ? Certains expliquent que la vie des comoriens s'effrite de jour en jour sans que les dirigeants s'en préoccupent.
" Je suis très satisfait de ces résultats même si je prends note du faible taux de participation ", a déclaré le Ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ben Saïd Jaffar. En vertu de cet toilettage constitutionnel, les partis politiques qui opposent le régime se rassemblent pour lutter contre l'injustice. Un grand nombre demande même la démission du président de la République à l'immédiat . Manquement aux règles, faute d'avoir connu longtemps à l'avance la date de la consultation, l'opposition s'est contentée de saisir la Cour constitutionnelle pour demander l'annulation du référendum peu avant la date de la consultation. Elle n'a pas obtenu gain de cause, la haute cour se déclarant le 9 mai 2009 " incompétente pour se prononcer sur la constitutionnalité du projet de loi référendaire ".
" Faute politique ".
Par mystère, ce sont les orientations politiques et religieuses du President de l'Union qui affolent ses concurrents. Lorsque le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad est venu en visite officielle aux Comores, il a été reçu en allié. C'est encore une fois, un agacement pour l'opposition. La démagogie populiste utilisée dans cette campagne va désormais laisser une place amère à la réalité démocratique.
Les appels de jouer au boycott n'auront peut-être servi à rien d'autre qu'à contribuer à brouiller les repères. C'est parce que l'opposition n'a pas su faire souffler le vent du " Non " dans les esprits des citoyens.
Afin de mener à bien un combat sincère pour le changement, maintenant, tous les comoriens doivent former une coalition, sur une base fondamentale pour coordonner leurs actions. En cette période de spirale de guerres et de rigueur sociale, ils doivent s'allier et raviver la culture traditionnelle : la solidarité ! La coalition que nous parlons, a pour objectif de bâtir une société qui place les besoins de la population au-dessus des intérêts personnels. Soyons intelligents et regardons devant ! Gardons la tête haute et prions à Dieu, qu'il nous vient en aide.
17/10/24 à 09h35 GMT