Les avancées réalisées à la 16e conférence des parties de Cancun sur la question du genre risquent d'être mises de côté lors de la prochaine rencontre sur le climat. En effet, le poids des questions relatives aux politiques de financement et l'engagement des pays développés pour affronter les dérèglements climatiques ont envahi la place lors des négociations de mi-année, qui se sont tenues à Bonn du 6 au 17 juin dernier. Il faut espérer qu'une représentation paritaire au sein des futures entités de gestion des mécanismes climat, créés à Cancun, puisse survivre. Elle garantirait un résultat minimum si ces mécanismes étaient opérationnalisés à Durban, lors de la 17e Conférence des parties en décembre prochain.
L'espoir de Cancun
On avait quitté Cancun avec l'enthousiasme d'être parvenus à un accord et une quasi certitude de commencer à le voir se concrétiser d'ici la CoP17 de Durban. Pour beaucoup la concrétisation passe par l'action. Ainsi, à mi-chemin entre décembre 2010 et décembre 2011, nombreuses sont les attentes envers l'opérationnalisation des mécanismes créés à Cancun comme l'attestent les nombreuses interventions faites à Bonn, lors des négociations inter-sessionnelles de juin.
La dure réalité
Demeurées en suspens, les questions de fond à forte teneur politique, telle la réduction des émissions et le financement, menaçent toutefois le bon déroulement du processus d'opérationnalisation. Par exemple, les cibles avancées par les pays développés ne permettent pas à ce jour de stabiliser la hausse des températures à 2 degrés Celsius. Concernant le financement pour les pays en développement, la question de recourir à des sources privées reste épineuse en raison de l'incertitude de l'octroi d'un tel financement.
Bien qu'ils n'aient pas d'incidence directe sur l'opérationnalisation de certains mécanismes, comme le comité des technologies climat ou le comité pour l'adaptation aux changements climatiques, les enjeux politiques risquent de bloquer l'opérationnalisation d'entités décisionnelles pour lesquelles les Accords de Cancun prévoyaient une représentation paritaire. Or, une représentation paritaire est la garantie que les principes liés au genre seront appliqués dans les actions de terrain.
Ne pas perdre les acquis
Une telle situation de blocage retarderait sûrement la mise en oeuvre de politiques et de projets soutenant le principe d'égalité des genres.
En outre, les enjeux des cibles et du financement constituent l'occasion de rouvrir les Accords de Cancun dans lesquels plusieurs marqueurs liés au genre ont été insérés. L'ancrage de ces marqueurs dans un futur texte est impératif pour ne pas risquer de les perdre.
En effet, les Accords de Cancun sont une décision et ne constituent pas un instrument légalement contraignant. À ce titre, la nature du futur accord sur un régime des changements climatiques pour l'après 2012 est cruciale. Durban est donc une session de négociation clé pour s'entendre sur la nature du futur accord, qui est déterminante de la portée des différents principes, dont celui de l'égalité des genres.
La lutte des mouvements en faveur de cette égalité devra donc s'accentuer d'ici décembre, pour éviter de retourner en arrière.
article écrit par Caroline De Vit pour GaïaPresse
[COP17-climat]
17/10/24 à 09h35 GMT