En Asie du Sud-Est, l'agriculture de conservation trouve peu à peu sa place, notamment au sein des instituts de recherche nationaux. Mais des efforts restent à faire, avec une mobilisation de tous les acteurs, pour favoriser une diffusion plus large de ces pratiques agricoles durables.
Face à l'explosion, en Asie du sud Est, de la consommation de produits de base depuis dix ans, la poursuite de l'intensification de la production agricole est inévitable. D'ores et déjà les mutations agraires sont rapides et la pression environnementale, sur les écosystèmes, croissante. Dans un tel contexte, concilier une augmentation de la production avec l'exigence de durabilité nécessite d'inventer de nouvelles façons de produire. L'agriculture de conservation, combinant un ensemble de pratiques agricoles durables, est développée dans cette région du monde depuis une dizaine d'années.
Il y a quelques mois, à Hanoï, 150 participants issus de 65 organisations et de 25 pays étaient réunis pour la troisième conférence internationale sur l'agriculture de conservation en Asie du Sud Est. L'occasion de faire le point sur les méthodes de conception d'alternatives agricoles durables et les conditions de diffusion à large échelle d'une telle agriculture.
Des progrès notables dans l'appropriation de cette thématique par les instituts de recherche nationaux, condition sine qua non de diffusion des techniques ont été soulignés. Cette appropriation est grandement favorisée par la mise en place de synergies dans le cadre du réseau CANSEA, un dispositif de recherche en partenariat consacré à l'agriculture de conservation animé par le Cirad et ses partenaires.
Pour favoriser une diffusion large de l'agriculture de conservation, un certain nombre de conditions doivent être satisfaites, notamment un investissement en formation, la structuration des filières, un effort de communication et la création de débouchés spécifiques. Les filières se sont en effet construites et structurées autour de l'agriculture conventionnelle.
Accompagner la transition, à la fois d'un point de vue technique et financier est aujourd'hui indispensable afin de gérer le risque de conversion vers des alternatives éco-intensives durables. La mobilisation doit être politique, partenariale tant publique que privée et financière avec un engagement des bailleurs de fonds sur le long terme.