Selon une récente analyse de la Liste Rouge Européenne coordonnée par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), les pays de l'UE devraient redoubler leurs efforts et mettre pleinement en oeuvre la stratégie de l'UE pour la biodiversité à l'horizon 2020 afin d'éviter l'extinction de certaines espèces.
L'analyse présente en détail les espèces menacées à l'échelle européenne dans les 27 Etats membres. Elle montre que la proportion la plus élevée d'espèces menacées dans l'Union Européenne se trouve dans la région méditerranéenne qui abrite la majorité de la biodiversité de l'Europe continentale.
"Grâce à ses conditions bioclimatiques, La Mediterranée constitue un point chaud mondial de biodiversité abritant un grand nombre et une extraordinaire variété d'espèces", dit Antonio Troya, Directeur du Centre de Coopération pour la Méditerranée de l'UICN. "La survie d'un grand nombre de ces espèces est menacée parce que les activités humaines ont des impacts négatifs sur leurs habitats. C'est un défi de taille auquel les décideurs politiques européens doivent s'atteler. Pour cela, la Liste rouge de l'UICN des espèces menacéesTM peut être un précieux outil d'analyse des populations d%u2018espèces pour mener une politique et des plans d'action efficaces à différents niveaux."
Au niveau européen, l'Espagne, le Portugal et la Grèce sont les pays qui possèdent la proportion la plus élevée d'espèces en voie d'extinction et devraient agir de toute urgence. Sur les 2.032 espèces évaluées en Espagne, 21% sont considérées comme menacées au niveau européen. 15 % des 1.215 espèces européennes présentes au Portugal sont menacées, et il en va de même pour 14 % des 1.684 espèces européennes trouvées en Grèce.
Sur la totalité des espèces évaluées jusqu'à présent, ce sont les espèces d'eau douce %u2013 notamment les poissons, les mollusques et les amphibiens %u2013 qui sont les plus menacées, avec des espèces particulièrement en danger, telles que l'anguille d'Europe (Anguilla anguilla) et la moule perlière d'eau douce (Margaritifera margaritifera). L'état des mollusques, des libellules et des mammifères terrestre, tel que le vison d'Europe (Mustela lutreola) fait l'objet de préoccupations de plus en plus grandes. Les espèces sont principalement menacées par la perte, la fragmentation et la détérioration de leur habitat, due en grande partie à l'expansion agricole et urbaine, la construction de barrages et la pollution des eaux .
Si des actions de conservation doivent être prises de toute urgence en Méditerranée, l'étude appelle également tous les pays membres de l'UE à prendre des mesures adéquates afin d' inverser le déclin actuel des populations et ainsi éviter l'extinction des espèces.
"Les espèces peuvent être sauvées de l'extinction, mais cela nécessite à la fois des recherches approfondies et des efforts mieux coordonnés entre les Etats membres," dit Ana Nieto, Chargée de programme régional Conservation de la biodiversité de l'UICN. "Tous les chefs d'état et les gouvernements de l'UE se sont engagés à mettre un terme à la perte de la biodiversité et à la détérioration des services de l'écosystème pour 2020. De grands investissements pour la conservation sont demandés à ces pays et à l'UE pour atteindre ce but et assurer une amélioration de l'état des espèces européennes sur le long terme."
La politique de conservation de la nature menée par l'UE est parmi l'une des plus avancées au monde. Les directives "Oiseaux" et "Habitats" ont permis la réussite du maintien et survie de nombreuses espèces.
"La conservation fonctionne," dit Simon Stuart, Président de la Commission de sauvegarde des espèces de l'UICN. "Le fait que la population de lynx ibériens (Lynx pardinus) soit passée de 94 individus en 2002 à 312 en 2011 dans le sud de l'Espagne l'illustre parfaitement. L'UE et les pays membres doivent continuer à agir pour protéger le précieux héritage naturel de l'Europe. L'UICN se tient prête à fournir les données scientifiques et apporter son soutien pour le renforcement des efforts."