Le responsable des programmes médias de l’Organisation internationale de francophonie (OIF), Tidiane Dioh, a affirmé, mardi 25 novembre à Saly (Mbour) qu’il n’y a pas de programme achevé de radio, de télévision ou de journal, sans diversité.
"Cette question de la diversité mérite d’être creusée", a affirmé M. Dioh, ajoutant qu’il n’y a "pas de nation achevée, lorsqu’il n’y a pas de diversité dans les programmes".
Il a dit avoir remarqué que parmi ses étudiants en première année de journalisme, "il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes et lorsqu’on regarde les promotions qui sortent des écoles de formation au journalisme, il y a toujours eu beaucoup plus de femmes que d’hommes".
"Mais je remarque que lorsque l’on commence à rentrer dans les responsabilités de rédaction en chef, le nombre de femmes diminue. Et que dans le top management des médias, il n’y a pas pratiquement plus de femmes. C’est une réflexion extrêmement importante que le colloque international (du CESTI et de Théophraste) devra creuser", a indiqué l’ancien journaliste à Jeune Afrique.
Selon lui, sur les 17 pays d’Afrique francophone, il n’y a pas une seule femme qui dirige une radiotélévision publique. "Il n’y a qu’une seule femme qui dirige l’Agence de presse togolaise (APT) et une seule femme au Cameroun qui dirige un journal gouvernemental", a relevé Tidiane Dioh.
"Cela voudrait dire que lorsque l’on analyse la question du genre, il faudrait, à mon avis, essayer de savoir pourquoi il y a un nombre de femmes extrêmement important à la base de la pyramide et qu’on n’en retrouve pratiquement jamais au sommet de la pyramide", a relevé M. Dioh.
Il a précisé "qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème africain, parce qu’en France où il vit, la directrice de France Média monde est une dame qui dirige une grande structure médiatique. Et qu’en Amérique du nord, le problème reste le même. C’est un problème francophone pour lequel on doit réfléchir".
"Le véritable problème du journaliste francophone c’est qu’il y avait, pendant, très longtemps, une coupure extrêmement nette entre la formation et la pratique. Et les problèmes qu’on rencontre au Sénégal viennent de là", selon lui.
"Les écoles de journalisme un peu partout dans l’espace francophone sont complètement déconnectées de la pratique, alors que dans les pays anglo-saxons, les deux entités sont mélangées", a expliqué le responsable des programme médias de l’OIF.
Il a indiqué que partout dans l’espace francophone, "si on arrive à atteler la question de la pratique et celle de la formation, les ministres auront moins de nuits blanches, avec les journalistes et contenus, surtout, des journaux en ligne".
"C’est une question centrale sur laquelle nos Etats doivent réfléchir et trouver des solutions pour qu’il y ait des ponts entre les écoles de journalisme et les professionnels des médias", a dit Tidiane Dioh.
"Nous sommes à une phase extrêmement importante pour la survie des médias francophones, parce que dans le monde, ces médias ont perdu la bataille du financement et n’ont pas les moyens de résister. Ils ont perdu la bataille de la technologie, parce que nous allons, dans quelques mois, vers le numérique et n’y a pas, aujourd’hui, dans le monde, une instance internationale francophone qui prend en charge cette question", a-t-il fait remarquer.
"Nous sommes ici dans notre propre bastion. Il faudrait donc que la bataille qui nous reste ne soit pas perdue. C’est celle du contenu qui, si nous la perdons, nous disparaissons définitivement de l’écologie médiatique de ce siècle présent", a prévenu M. Dioh.
[francophoniedakar2014]
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17/10/24 à 09h35 GMT