Le Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation lance le deuxième Observatoire de l'aide publique à l'éducation dans les pays en développement.
L’Observatoire propose une analyse précise et actualisée de l’aide au développement de la France consacrée à l’éducation. Il dresse un état des lieux de l’orientation des crédits, qui se révèle de plus en plus éloignée des besoins des pays et des populations qui en ont le plus besoin.
« Le contexte de financement du développement est difficile et la mission Education en pâtit comme d’autres secteurs de la coopération internationale française. Au-delà de ces difficultés, il est pourtant nécessaire d’interroger les choix français quant à la politique d’aide au développement. En 2015, elle a fait de l’action pour la jeunesse une priorité en matière de solidarité internationale et un enjeu stratégique pour sa politique extérieure. Pourtant les engagements concrets ne sont pas à la hauteur.
La France n’a de cesse de réduire son aide à l’éducation de base. En 2013, l’aide publique à l’éducation était de 1,45 milliard d’euros contre 1,84 milliard en 2010. De surcroît, une très faible part de l’aide française va à l’éducation de base. En 2013, la France ne consacre qu’1,7% de son aide publique au développement (APD) totale à l’éducation de base. Les frais d’écolage - ces dépenses consenties pour l’accueil d’étudiants étrangers en France, des fonds qui ne quittent donc pas le pays ! - représentent quant à eux 58% de l’aide à l’éducation. Ils absorbent trois fois plus de crédit que l’aide à l’éducation primaire et secondaire. » affirme Hélène Ferrer, coordinatrice du Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation.
« Depuis le Forum Mondial sur l’éducation de Dakar en 2000, le nombre d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire privés de scolarisation est passé de 100 millions à 58 millions. L’enseignement secondaire a progressé globalement. Mais les progrès ont ralenti ces dix dernières années, et depuis 2008 la situation stagne au niveau mondial : les inégalités demeurent très prégnantes, notamment en terme d’équité et de qualité. L’analphabétisme des adultes n’a que trop peu reculé : de 18% à 14% entre 2000 et 2015 (UNESCO).
Ces résultats, bien en deçà des objectifs que la communauté internationale avait fixés pour 2015, peuvent être mis en parallèle avec le déficit chronique de financement de l’éducation : si depuis dix ans de nombreux pays du Sud ont augmenté leurs dépenses consacrées à l’éducation, les bailleurs internationaux dont la France n’ont pas tenu leurs promesses. L%u02BCéducation est un des facteurs clefs du développement durable d%u02BCun pays, de la société et du bien-être des individus.» ajoute Carole Coupez, représentante du Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation.
2015 est une année décisive pour la coopération internationale et le développement, avec l’adoption des 17 Objectifs de développement durable lors du prochain sommet des Nations Unies à New York fin septembre. Pour que les engagements soient cohérents avec les discours, le Réseau français de la CME alerte sur la nécessité de renforcer la politique française de coopération pour l’éducation. A l’heure où les parlementaires s’apprêtent à voter la loi de finances pour 2016, cela passe par la mobilisation de crédits supplémentaires dédiés à ce secteur, et la mise en œuvre de mesures pour une APD plus transparente, prévisible à moyen terme et réellement dédiée au renforcement des acteurs et des systèmes éducatifs sur le terrain, dans les pays du Sud.
Dans les prochaines semaines, le Réseau français de la CME s’appuiera sur cet Observatoire pour interpeller les responsables politiques français, les médias, la société civile et les citoyens autour des défis partagés de l’éducation pour tous.
Le communiqué
Observatoire de l'aide publique à l'éducation dans les pays en développement
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17/10/24 à 09h35 GMT