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Enseignement postprimaire au Burkina Faso, des profs à tout prix



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    Lutte contre le chômage : « Les 4 200 » comme ballon d’essai de Roc



    S'il y a un sujet qui a défrayé la chronique ces derniers temps au pays des hommes intègres, c'est bien le lancement du programme présidentiel pour la résorption du chômage par l’enrôlement de milliers de jeunes pour palier le maque criard d'enseignants dans le postprimaire. cela a occasionné une véritable levée de bouclier au niveau des syndicats d'éducation. En effet, ce programme intervient à un moment où le Burkina Faso sous la pression des partenaires sociaux, a décidé de supprimer le statut de travailleurs contractuels dans la fonction publique d'Etat. Du coup ces derniers se demandent sous quelle formule l'Etat peut engager des jeunes dans l'enseignement sans violer ses propres lois? La pirouette vient d'être trouvée, ils seront engagés par un projet. Comme cela le gouvernement contourne le statut général de la fonction publique où n'exercent que des fonctionnaires. Une seconde question épineuse reste entière tout de même; il s'agit de qualité de notre enseignement qui risque de prendre un coup avec la formation de six mois que leur propose le gouvernement. Le passage en force semble en tout cas marcher car les 4 200 jeunes ayant été retenus devront être opérationnels dans six mois.

    Ils sont en classe depuis le vendredi 1er juillet 2016 pour être formés en mathématiques, sciences de la vie et de la terre, français, anglais, histoire–géographie…

    Environ 68 % des jeunes diplômés des universités burkinabè sont au chômage pourtant, le manque d’enseignants du postprimaire est criard. Que faire face à cette situation ? Le gouvernement a donc simplement décidé de renforcer le corps enseignant des collèges en lançant le programme : «Emplois-jeunes pour l’éducation nationale ». Ce système vise à recruter d’abord 4 200 jeunes-enseignants et au bout de cinq ans 16 800. Les postulants, titulaires d’un BAC 2 minimum, ont été 5 168 à déposer leurs dossiers, soit un taux de participation de 125%. Mais 3 519 ont été retenus. Ils ont donc débuté les cours le vendredi 1er juillet à l’Institut des sciences à Ouagadougou et à l’école normale supérieure de l'université de Koudougou (ENSK). Tous bénéficieront de 3 mois de formation théorique (juillet-septembre) et de 3 autres mois de pratique (octobre à décembre).

    La durée de la formation amène tout de même à se poser la question suivante : par quel mécanisme une formation de deux ans peut être assimilée en 6 mois ?

    Le directeur général de l’IDS répondra : «Ce n’est pas le temps qui est un facteur déterminant », assure-t-il avant de poursuivre : «Nous avons un comité qui a travaillé et conçu un programme adapté au contexte. En tant que structure technique, nous avons mis l’accent sur la qualité de la formation et c’est pour ça que, malgré le temps relativement court, on a tous les cours théoriques essentiels, les travaux dirigés et ceux pratiques ». Pour le Pr Thiombiano, si ce programme est bien suivi, les enseignants seront opérationnels même s’il reconnaît qu’il y a des aspects à compléter sur le terrain.

    Les gens n’y croyaient pas

    Pour le trio ministériel concerné par ce programme, beaucoup n’y ont pas cru mais aujourd’hui, c’est chose faite : «Au départ, beaucoup de gens n’ont pas cru en ce programme. Il y a eu des controverses et même de l’intoxication ; mais notre objectif est de contribuer à résoudre l’épineux problème de chômage des jeunes diplômés». Son collègue de l’Education nationale, Jean Martin Coulibaly, grand bénéficiaire, a montré le bien-fondé de l’initiative : «Nous avons un vrai déficit d’enseignants au niveau du postprimaire. Ce programme est donc important pour nous et nous allons nous assurer que ces jeunes auront vraiment envie de s’engager et de travailler dans l’éducation nationale ».

    Quant au Pr Filiga Michel Sawadogo, ministre de l’Enseignement supérieur, tel le père de plusieurs filles dont les prétendants tardent à les lui demander en mariage, il était le plus heureux : «Les bénéficiaires sont formés dans nos universités et le problème est que le nombre que nous formons est plus élevé que la capacité d’accueil de nos administrations et c’est une opportunité qui permet de résoudre le problème de chômage ». Pour lui, certes ces jeunes seront formés, mais ils auront leur partition à jouer : «Nous les avons invités à s’investir, car c’est leur conscience professionnelle qui comblera les lacunes qu’il y aura nécessairement puisqu’ils n’ont pas toujours le profil direct et n’auront pas la durée de formation des autres formés de l’IDS, mais nous avons confiance que ça va marcher »

    Ce ballon d’essai de Roch lancé contre le chômage atteindra-t-il sa cible des 16 800 jeunes employés dans l’éducation nationale dans cinq ans ?

    Ebou Mireille Bayala

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