La problématique des grossesses précoces en général reste de nos jours un sujet d'actualité et en particulier celles non désirées en milieu scolaire un phénomène inquiétant. Selon un rapport de l’OMS publié en 2012 près de 16 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans accouchent chaque année dans le monde. Ce qui représente 11% des naissances à l’échelle mondiale. Les causes d'un tel mal sont multiples et les conséquences désastreuses. Dans les pays du sud, les grossesses non désirées en milieu scolaire sont liée s à plusieurs autres causes parmi lesquelles on peut citer:
- L’ignorance, entendue comme le manque de connaissance lié à la
sexualité et aux méthodes contraceptives ;
- La sexualité clandestine des adolescents, justifiée par les conflits de
générations, de culture et le manque de communication entre les parents et
leurs enfants sur les questions de la sexualité (le sujet étant considéré comme
tabou) ;
- La non ou mauvaise application des méthodes contraceptives (les
services spécialisés et les séances de sensibilisation étant rares) ;
- Le difficile accès aux méthodes contraceptives (coût élevé pour les
élèves en général dépendant entièrement de parents à faibles revenus) ;
- Le manque d’éducation à la sexualité à l’école (les cours dédiés à l’éducation sexuelle sont presqu’inexistants) ;
- Le harcèlement sexuel auquel se livrent certains enseignants ou
personnels administratifs des établissements envers les jeunes filles;
- La suppression des internats dans les établissements d’enseignement
public en général ;
- Le manque de formation des enseignants à la déontologie ;
- La pauvreté qui frappe bon nombre de cellules familiales en Afrique en particulier. Sans ressources pour répondre aux besoins de leurs progénitures ces dernières s’adonnent parfois à des pratiques immorales pour pouvoir survivre sur les bancs de l’école ou se mettre au même diapason que les autres jeunes filles issus des familles ayant un niveau de vie acceptable.
Ces causes, multiples et variées entraînent des conséquences toutes aussi diverses que parfois dramatiques.
Au Burkina Faso, 2 295 cas ont été recensés à travers le pays, pour l’année scolaire écoulée », selon madame Yvette Konseibo du ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MENA) 5076 cas de grossesses dont près d’un millier (précisément 916 cas) pour la seule classe de CM2au titre de l’année académique 2012-2013 en Côte d'Ivoire.
Les conséquences
1. Sur le plan sanitaire
- Un risque de stérilité lié à l’interruption volontaire et clandestine de la
grossesse ;
- Des troubles ou maladies obstétricaux tels que la fistule obstétricale ;
- Problèmes psychiques liés aux regards malveillants de l’entourage
(surtout pour les jeunes filles) ;
- La mort suite aux complications de la grossesse et de l’accouchement
(05 enquêtés ont affirmé avoir connu une victime de cette conséquence).
2. Sur le plan psychosocial
- Risque d’abandon du bébé ;
- Perte d’estime de soi surtout qu'après une maternité la fille change de physionomie. (les seins tombent) ;
-Rejet par familles et la communauté en considération de coutumes rétrogrades encore prégnantes dans certaines cultures ;
-Destruction des projets de vie et perte de repères ;
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), chaque année, on dénombre 80
millions de grossesses non désirées, ce qui occasionne 45 millions d’Interruption
Volontaire de Grossesse (IVG) qui ont pour conséquence 70 000 décès dont 97%
sont enregistrés dans les pays en développement.
3. Sur le plan scolaire
- Baisse ou absence de rendement. chez 80% des filles en situation de grossesse non désirée, le temps consacré aux études diminue et les résultats scolaires chutent ;
- Abandon des études de façon périodique souvent parce que la fille ne supporte plus les quolibets de ses camarades et le regard des autres ;
« Mieux vaut prévenir que guérir » dit-on.
Avec toutes ces conséquences, il est évident que les grossesses précoces et non désirées en milieu scolaire constituent un problème de santé sexuelle face auquel il convient de se mobiliser.
- la première action à promouvoir devrait être l’accessibilité de l’information concernant tous les aspects de la sexualité avant l’amorce de cette adolescence qui commence généralement entre 10 et 11 ans chez la jeune fille et entre 12 et 13 ans chez le garçon. D’où la nécessité d’insister sur les cours d’éducation sexuelle déjà au primaire, dans les classes de CM (Cours Moyen). L’accessibilité de l’information passe également par la désacralisation du sujet avec les parents. Ceux-ci pourront être sensibilisés au dialogue sur les questions de sexualité avec leurs enfants. Ensuite, il faut une connaissance des méthodes contraceptives (leur mode d’action, leur intérêt et leur limites, comment les choisir, les lieux de leur prescription...) et enfin une connaissance des risques liés aux relations sexuelles non protégées (les grossesses, l’IVG et les MST/SIDA).
La seconde action serait de réussir une distribution gratuite des préservatifs aux élèves (fille comme garçon). Ceci ne doit pas être vu comme une incitation à la sexualité mais surtout pour protéger au maximum cette frange jeune qui découvre l'amour sans en maîtriser les vraies conséquences. Elle serait au moins une réponse à la dimension financière de leur accessibilité et des échanges communicationnels à temps ponctuel avec les élèves. D'ailleurs il démontré que chaque fois qu'on tente de cacher quelque chose à l'enfant, c'est exactement cela qu'il cherchera à découvrir. Mieux vaut donc dépasser les préjugés et les appréhensions des adultes.
17/10/24 à 09h35 GMT