Le rapport 2016-2017 d’Amnesty international a livré son verdict en ce qui concerne la situation des droits humains dans le monde. Le document qui couvre 159 pays a indiqué qu’en 2016, les notions de dignité humaine et d’égalité, l’idée même de la famille humaine, ont été attaquées de façon violente et incessante par des discours remplis d’accusations instillant la peur et désignant des boucs émissaires, propagés par ceux qui cherchaient à prendre le pouvoir ou à le conserver à tout prix, ou presque. Les preuves irréfutables ont fait état de bombardement délibéré d’hôpitaux en Syrie et au Yémen, le renvoi de réfugiés dans les zones de conflit, la répression massive exercée contre les dissidents par des gouvernements dans presque toutes les régions du monde, etc.
Et au coordonnateur campagnes et actions d’Amnesty international/Burkina, Christian Ouédraogo d’ajouter : « Il faut mentionner une nouvelle sorte de marchandage proposé par les gouvernements aux populations, qui consiste à promettre la sécurité et une embellie économique en échange de l’abandon de droits participatifs et de liberté publique ». En Ethiopie, en réaction aux manifestations dénonçant l’accaparement de terres sans indemnisation adéquate dans la région Oromia, les forces de sécurité ont tué plusieurs centaines de manifestants et les autorités ont arrêté des milliers de personnes.
Sur le plan politique, le rapport pointe du doigt les discours nocifs prononcés par Donald Trump. « Il a été élu à l’issue d’une campagne durant laquelle il a souvent fait des déclarations de nature à semer la discorde, marquée par « la misogynie et la xénophobie. Il a également, annoncé vouloir revenir sur des libertés publiques bien établies et adopté des politiques allant radicalement à l’encontre des droits humains ». Outre cela, le non respect des droits sexuels et reproductifs tout comme la surveillance exercée par les gouvernements et la culture de l’impunité pour les crimes commis par le passé, font également partie des sujets de préoccupations dénoncés dans ce rapport. Cette situation a fait dire à M. Ouédraogo que « nous entamons l’année 2017 dans un monde extrêmement instable et miné par de graves inquiétudes et incertitudes quant à l’avenir ».
Néanmoins, l’ONG dévoile dans son rapport des progrès significatifs, en témoigne la détermination des hommes et des femmes qui luttent pour le respect des droits humains à travers le monde et proclament leur solidarité avec ceux dont les droits sont bafoués. Egalement, des populations ont fait comprendre que la répression et la politique de la peur ne pouvaient plus les réduire au silence.
Le Burkina Faso dans le rapport d’Amnesty
Selon Amnesty, seules 16% des femmes du Burkina Faso utilisaient une méthode de contraception moderne et, en zone rurale, près de 30% des filles et des jeunes femmes de 15 à 19 ans étaient enceintes ou avaient déjà eu un enfant. Si certaines femmes et jeunes filles ont indiqué ne pas savoir qu’un rapport sexuel pouvait entrainer une grossesse, beaucoup par contre ont dit ne pas utiliser de contraceptifs, ou pas systématiquement, en raison de leur coût. Les conséquences, c’est l’effet domino que nous connaissons aujourd’hui : des grossesses non désirées et à haut risque, donnant parfois lieu à des avortements clandestins et dangereux. Aussi, faut-il le rappeler, au Burkina Faso, au moins 2800 femmes meurent chaque année en couches faute de moyens financiers.
Concernant les mariages précoces et forcés, le pays a le taux le plus élevé au monde, selon Amnesty. Dans la région du Sahel, plus de la moitié des filles âgées de 15 à 17 ans étaient déjà mariées. De ce fait, le coordonnateur croissance et activisme de l’ONG au Burkina Faso, Roger David Minoungou a rappelé l’engagement du gouvernement à modifier les textes nationaux en vue de se conformer aux standards internationaux notamment sur l’âge légal de mariage. Avant de dénoncer la lenteur quant à la relecture du code pénal. « Nous sommes toujours dans l’attente que le gouvernement passe des promesses aux actes. Il y a également la promesse de relire le code pénal.
Cela fait plus de dix ans qu’on nous parle d’une relecture. Donc, nous demandons que nous ne soyons plus ici l’année prochaine à attendre les prochaines dix années pour parler d’une relecture du code pénal », a-t-il martelé. Sécurité oblige, le comité des droits humains a demandé aux autorités Burkinabè de faire en sorte que les forces de défense et de l’ordre soient déployées sur toute l’étendue du territoire.
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net
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17/10/24 à 09h35 GMT