Alors que l’ONU a récemment alerté sur la lenteur et les inégalités des progrès en matière d’Objectifs de développement durable (ODD), Ibrahim Thiaw, le Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné que la mise en place de modes de consommation et de production durables doit être accélérée.
« Le monde doit changer de mode de vie », a déclaré le numéro 2 du PNUE, ors de son passage à New York. « Nous extrayons des ressources, produisons des biens dont les cycles de vie sont très courts et ensuite les rejetons comme déchets. Cette forme n’est pas viable ».
Ibrahim Thiaw a déploré la quantité extraordinaire de nourriture qui finit en déchets alors que les besoins alimentaires des populations les plus pauvres restent très importants. « L’ODD 12 requiert que l’on réduise de moitié les pertes alimentaires d’ici 2030 et nous sommes très loin de cet objectif », a-t-il constaté.
Alors que 11 banques d’envergures mondiales se sont engagées à travailler avec le PNUE sur la transparence climatique sur les marchés financiers, M. Thiaw s’est félicité de la réaction « très positive » du secteur de la finance, y compris de la part des compagnies d’assurances, et a salué ce début d’éveil et de prise de conscience. « Les banques leaders ont pris la chose en main et nous on dit ‘Oui nous voulons contribuer à l’action climatique », a-t-il dit.
« Les banques les plus intelligentes comprennent qu’il y a une dynamique mondiale, que le financement de l’action climatique est essentiel et qu’en tant que banques, elles ne peuvent pas continuer à fermer les yeux et à continuer à financer des projets qui ne sont pas adaptés au climat », a-t-il déclaré.
Pour le Directeur exécutif adjoint, investir sans tenir compte des conséquences sur le plan climatique est extrêmement risqué. « Les risques pour les investisseurs aujourd’hui sont d’ignorer le climat et d’investir dans des industries qui ne soient pas respectueuses du climat, qui ne soient pas résilientes face au climat et qui ne répondent pas aux tests du climat », a-t-il prévenu.
Constatant avec satisfaction le bond en avant extraordinaire dans les investissements liés aux énergies propres (solaire, éolien) et la baisse des prix de production de plus de 80%, le PNUE estime toutefois que cette tendance reste encore assez timide par rapport à l’échelle mondiale.
« Dans certains pays comme les Emirats arabes unis ou le Chili, les prix de l’énergie propre sont compétitifs par rapport à ceux de l’énergie fossile », a reconnu M. Thiaw. « Mais même si les progrès qui ont été effectués sont remarquables et qu’il faut s’en féliciter, il faut aller beaucoup plus loin ».
De nombreux pays, notamment ceux en développement, ont une demande en énergie propre toujours croissante. « On n’a pas encore atteint le pic par rapport aux besoins énergétiques », a dit le Directeur exécutif. « Un pays comme l’Inde va continuer à avoir une demande très forte. Un continent comme l’Afrique dont les deux tiers de sa population n’a pas encore accès à l’énergie va voir sa demande croitre ».
« L’un des gros problèmes du climat, c’est l’énergie », a martelé Ibrahim Thiaw, soulignant que la résolution des problèmes d’énergie permet de résoudre plusieurs autres problèmes secondaires.
« Dans les pays pauvres, la production agricole ne suit pas ou les consommations sont faibles parce qu’il n’y a pas suffisamment d’énergie. Il y a beaucoup de pertes après récoltes car on ne peut pas conserver les produits. On produit beaucoup de légumes pour perdre jusqu’à 40 ou 50% de sa production parce que l’on ne peut pas stocker cette production pendant une période suffisamment longue ».
[ODD2030-12]
17/10/24 à 09h35 GMT