Alors que les Etats généraux de l'alimentation battent leur plein et que la société française veut se réconcilier avec le concept de consommation durable, il convient de faire un tour d'horizon des solutions pour mieux consommer et atteindre un idéal de sobriété heureuse.
Face au désastre écologique auquel nous ont conduit des décennies de production et de consommation effrénées, l'alternative la plus raisonnable est de modérer nos besoins, nos désirs et notre consommation. Telle est l'idée forte que défend Pierre Rabhi, pionnier de l'agriculture biologique en France, fondateur du mouvement Colibris.
Un mode de vie plus responsable, sobre et proche de la nature
Sorti en 2010, le livre de Pierre Rabhi Vers la sobriété heureuse résume ses actions, sa philosophie et sa croyance dans de nouveaux modes de production, de consommation et de rapports humains, plus responsables, plus sobres et proches de la nature.
Et si le champ d'action de Rabhi et des Colibris est devenu plus large que le domaine agricole, il demeure leur premier cheval de bataille : défenseurs de l'agro-écologie et de la permaculture, le mouvement prône une production raisonnée, respectueuse de la nature, destinée à des consommateurs locaux.
Les Etats Généraux de l'Alimentation : un pas vers une alimentation plus durable ?
Ces questions sont particulièrement d'actualité alors que ce sont ouverts les Etats Généraux de l'Alimentation, le 20 juillet. Promis par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, ces Etats Généraux visent, en une quinzaine d'ateliers thématiques d'ici fin novembre, à repenser les moyens de production et de consommation, afin de développer une alimentation « saine, sûre, durable et accessible à tous ».
Des réflexions de fond vont être menées pour associer les différents acteurs de la filière alimentaire, des paysans aux commerçants en passant par les distributeurs, afin de proposer des solutions concrètes pour faire évoluer cette filière vers une agriculture et une offre alimentaire plus durable et écologique. Le tout en maintenant des prix raisonnables pour les consommateurs et un prix d'achat suffisamment élevé pour que les petits paysans ne sombrent pas dans la faillite.
Un Français sur deux veut consommer autrement, un sur trois consommer moins
Le défi est d'envergure, il passe vraisemblablement par un soutien renforcé aux filières courtes, mais il préoccupe clairement les Français. Un vaste sondage sur la consommation responsable en 2016 prouve que les Français sont convaincus par la nécessité de changer d'ère : les préoccupations de santé, d'environnement, de bien-être, de défense du local et du social ne cessent de progresser, année après année.
Aujourd'hui, plus de la moitié des Français (51%) veulent consommer autrement, en favorisant les produits éco-labellisé, certifié éthique, locaux ou moins polluants – et 32 % sont prêts à renoncer aux produits et services superflus.
Les Français déterminés à agir individuellement pour mieux consommer
La conscience d'une implication individuelle progresse : 73% des Français estiment que les individus ont un rôle important pour agir concrètement en faveur du « développement durable » . 60% estiment que consommer autrement signifie ne pas gaspiller ou jeter - contre 49% en 2014. De même, s'ils n'étaient que 35% en 2014 à penser qu'acheter local est un moyen de consommer autrement, ils sont désormais 49%.
Cette volonté de consommer moins et mieux est avant tout motivé par des raisons de santé (pour 41% des Français) et d'environnement (pour 27%). Cette volonté dépasse largement le cadre de l'alimentation. En termes d'énergie, notamment, les Français aimeraient pouvoir mieux maîtriser leur consommation.
Maîtriser sa consommation au-delà de l'alimentation : l'exemple de l'énergie
Une étude de l'ADEME démontre que des compteurs électriques intelligents comme le compteur Linky offrent de réels atouts en la matière : en effet, au-delà de diminuer les émissions de CO2 par une meilleure gestion du réseau électrique, de ses pics et de ses creux, un compteur intelligent comme Linky donne aux particuliers des outils pour diminuer consciemment leur consommation d'énergie.
Il offre en effet deux avantages cruciaux : le premier est une meilleure information sur la consommation des utilisateurs, en temps réel et par poste, qui permet une prise de conscience sur sa pratique énergétique et les moyens de la changer. Le second avantage est, pour faire durer dans le temps cette motivation à changer sa consommation, la mise en place de services de maîtrise de l'énergie (MDE), qui accompagnent le consommateur qui souhaite devenir responsable dans son contrôle de sa consommation électrique.
La sobriété, seule voie de sortie pour rendre sa place à la nature
En matière d'eau, également, les consommateurs souhaiteraient pouvoir être mieux informés sur leurs consommations et des gaspillages trop fréquents. Si l'absence de compteur d'eau intelligent ou de moyens concrets de mieux maîtriser sa consommation freinent ces envies, il n’est pas exclu de voir de telles solutions se développer. Pour l’heure seules les campagnes de sensibilisation, à l’image de celle de Colgate toute récente, ou les actions gouvernementales invitent à changer les mentalités en la matière.
Reste qu'aujourd'hui les Français veulent consommer mieux, moins et plus local : qu'il s'agisse d'alimentation, d'énergie, d'eau ou des biens de consommation, la sobriété, choisie, responsable et dynamisante, est la seule voie pour redonner à la nature la place centrale dans notre monde et nos préoccupations.
Jean-Jacques Andrieux
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17/10/24 à 09h35 GMT