Le 22 juin, Federica Mogherini, Haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a organisé un événement de haut niveau à Bruxelles sur le thème du « Climat, paix et sécurité : le temps de l’action ». Cette réunion sans précédent rassemblait des ministres, des parlementaires, des personnalités internationales, des experts scientifiques, des hauts fonctionnaires de l'ONU et la société civile avec pour but de changer notre façon de comprendre et d'agir sur la problématique du changement climatique en tant que menace pour la sécurité internationale.
Dans son discours d'ouverture, Federica Mogherini a souligné que le changement climatique devenait de plus en plus une question de sécurité nationale et d'intérêt national en précisant que « le Forum économique mondial nous indique que quatre des cinq principaux risques mondiaux sont liés au changement climatique. Le seul autre risque comparable émane des armes de destruction massive. Gardons donc ceci à l’esprit : lorsque nous investissons dans la lutte contre le changement climatique, nous investissons dans notre propre sécurité. La bonne nouvelle est que la situation n'est pas irréversible. Le changement climatique est d'origine humaine et les solutions sont également humaines. »
Cependant, cette menace croissante et continue a été réitérée par les experts présents qui ont partagé que la glace dans l'Antarctique fond trois fois plus vite qu'il y a cinq ans avec des niveaux de mer globaux qui devraient augmenter d'un à deux mètres dans le futur. "Nous vivons dans un monde qui explose. Le problème s’empire si vite que nous ne cessons de prendre du retard. 33 pays pourraient être confrontés à un stress hydrique extrême en 2040 et on s'attend à 143 millions de migrants climatiques internationaux entre 2030 et 2040 » a indiqué le Dr Andrew Steer, président et chef de la direction de l'Institut des ressources mondiales.
Plusieurs hauts responsables de l'ONU ont également partagé ces préoccupations et ont appelé à plus d'empressement de la part de tout un chacun. Ovais Sarmad, Secrétaire exécutif adjoint du secrétariat des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), a souligné « qu'il existe un lien clair entre les impacts du changement climatique et la sécurité mondiale. Les changements climatiques agissent comme un multiplicateur des menaces, rendant les plus grands défis auxquels l'humanité est confrontée encore pire. La voie à suivre est celle où tout le monde respecte les promesses contenues dans l'Accord de Paris et dans les objectifs de développement durable des Nations Unies. »
Erik Solheim, Directeur exécutif d'ONU Environnement et Sous-secrétaire général des Nations Unies , a souligné que « le monde change beaucoup plus vite que nous ne le pensons » et que la lutte contre les changements climatiques est un élément indispensable à la résolution des conflits.
Pour Kirsi Madi, Directrice du Bureau des Nations Unies pour la Réduction des Risques de Catastrophes (UNISDR), l'impact des catastrophes ne peut plus être nié et « minimiser les risques de catastrophe doit être synonyme de mesures d’atténuation, d’adaptation, d’accès à l'alerte précoce et au renforcement des capacités locales.»
Compte tenu des preuves convaincantes et croissantes provenant de nombreuses sources, le lien entre le changement climatique et la sécurité signifie qu'il doit y avoir aujourd’hui une responsabilité partagée pour aligner la sécurité et le développement à l’action pour le climat.
Lors de la conférence, de nombreux participants ont appelé à une coopération multilatérale renforcée pour faire face au climat et à la sécurité et non plus seulement à un autre forum de discussion. En effet, malgré l'Accord de Paris sur le climat et l'adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030, les systèmes de signalement et de coordination sur le terrain, les méthodes d'adaptation et d'atténuation et les mécanismes financiers intégrés sont plus nécessaires que jamais.
« La communauté internationale doit comprendre que les menaces de sécurité sont liées au changement climatique : les inondations et les sécheresses forcent les populations à fuir, elles affectent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. L’entièreté des habitats des populations vivant sur des îles est en train de disparaitre. Nous devons développer nos instruments et investir dans l'action pour le climat. L'ONU doit prendre ses responsabilités et diriger les efforts mondiaux avec des partenaires régionaux tels que l'UE », a déclaré Mme Margot Wallström, ministre suédoise des Affaires étrangères.
L'événement s'est terminé avec six points d’action:
Renforcer le lien entre le climat et la sécurité au plus haut niveau politique dans les forums nationaux, régionaux et multilatéraux ;
Déployer des efforts politiques et diplomatiques maximums afin de soutenir la mise en œuvre de l'Accord de Paris ;
Mobiliser et améliorer les systèmes de signalement et d'alerte précoce en mettant l'accent sur les pays et les régions les plus touchés ;
Mettre l'accent sur la prévention : renforcer la résilience de l'État et de la société ;
Promouvoir le rôle des femmes en tant qu'agents de changement social, économique et politique ;
Faire de l'action sur le terrain une source de durabilité, de force et de paix.
La conférence de haut niveau a achevé une intense semaine européenne de la diplomatie climatique qui comprenait également des réunions avec de hauts responsables de l'ONU.
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17/10/24 à 09h35 GMT