Par Kimberly Luce, étudiante au baccalauréat en relations internationales à l’Université de Sherbrooke
C’est le 21 novembre 2017 qu’Hydro-Québec a finalement annoncé que la ligne Northern Pass du côté du Québec serait enfouie. C’est également l’option choisie par les États-Unis. L’enfouissement des fils du côté des Montagnes blanches a d’ailleurs été entamé en juin 2018. Le projet devrait être fonctionnel à partir de 2020.
Le projet Northern Pass est une ligne d’interconnexion qui vise à augmenter l’échange d’énergie entre le Québec et l’État du New Hampshire aux États-Unis. C’est en septembre 2015 qu’Hydro-Québec a fait l’annonce de l’implantation de cette future ligne à haute tension. Comme le mentionne Radio-Canada, ce serait le plus gros contrat pour l’organisme jusqu’à présent [1]. « Le projet Northern Pass consiste en la construction d’une ligne de 80 kilomètres du côté québécois et de 300 kilomètres du côté américain pour un coût de 600 millions de dollars canadiens du côté québécois et de 1,6 milliard de dollars américains du côté [des États-Unis].» [2] Ce projet aura des retombées économiques importantes.
Hydro-Québec souligne que la Nouvelle-Angleterre est un important consommateur d’énergie du Québec ; « Les ventes d’électricité hors Québec sont très rentables pour Hydro-Québec. […] La Nouvelle-Angleterre représente environ la moitié des exportations d’électricité d’Hydro-Québec » [3]. La société d’État prévoit « la construction au Québec d’une ligne de transport à courant continu à 320 kilovolts d’une longueur d’environ 79 kilomètres. Cette ligne se prolongera aux États-Unis et permettra de raccorder le poste des Cantons, situé à Val-Joli, au poste de Franklin, dans le sud du New Hampshire » [4].
En se tournant vers cette alternative, les États-Unis s’assurent l’accès à une énergie toujours plus en demande. C’est donc une solution très avantageuse pour ce pays. Le projet Northern Pass devrait d’ailleurs abaisser les émissions de carbone de notre voisin d’environ 3,2 millions de tonnes par année [5]. Notons que les États-Unis émettent 5,2 milliards de tonnes de CO2 chaque année [6].
Ayant l’objectif de protéger le mont Hereford, la coalition SOS mont Hereford a été créée en mars 2017 par Nature Québec, le CRE Estrie, Corridor appalachien et le Réseau de milieux naturels protégés [7]. SOS mont Hereford ne voulait pas voir l’implantation d’une ligne aérienne dans la zone protégée du mont. La proposition du groupe est d’enfouir la ligne et de contourner la zone protégée pour respecter l’environnement ainsi que les communautés avoisinantes. C’est la forêt communautaire d’Hereford, un cadeau de la famille Tillotson, qui occupe cette zone de 5000 hectares. Il s’agit du plus grand don territorial au Québec jusqu’à maintenant. La protection de cette zone est importante pour la région.
Dans le but de faire pression sur Hydro-Québec, la coalition a mis en place une campagne d’appui. Sur la plateforme du groupe, on constate qu’ils ne sont pas contre l’exploitation de l’énergie en question, mais bien contre la façon dont celle-ci était initialement prévue. La campagne citoyenne a obtenu l’appui de plus de 10 900 personnes incluant le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le député de Saint-François Guy Hardy, ainsi que le ministre Luc Fortin. Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a recommandé au gouvernement du Québec de bien évaluer la solution de l’enfouissement du Northern Pass dans la province et de ne pas laisser passer le projet dans le cas contraire.
C’est après plusieurs mois de pression de la part de maint(e)s acteur(trice)s qu’Hydro-Québec a finalement annoncé que la ligne à haute tension serait enfouie. Cette décision fut prise puisque c’est une solution faisable qui respecte la demande des citoyen(ne)s. Il va sans dire que le projet aura quand même des conséquences au niveau environnemental. La construction d’un projet d’une telle ampleur demande un déboisement qui aura un impact non négligeable. En effet. Il y aura assurément une réduction de captage des émissions de carbone sur le territoire.
Le 16 novembre 2017, notre voisin américain a obtenu l’autorisation de la part du département de l’Énergie. Cette permission se traduit par l’obtention du permis présidentiel. Il manque cependant l’accord d’une multitude d’organismes régionaux qui devront accepter formellement le projet avant toute construction. Du côté québécois, Hydro-Québec doit obtenir un permis du ministère de l’Environnement qui l’autoriserait à enfouir les fils. Le projet Northern Pass n’est pas encore terminé, loin de là ; c’est un dossier à suivre de près.
Crédit photo : Le Devoir – Antoine Robitaille
[1] PROULX, Geneviève, «Le tracé Northern Pass d'Hydro-Québec expliqué aux citoyens de la région de Coaticook» Radio-Canada, 3 septembre 2015, http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/737012/trace-northen-pass-hydro-quebec-east-hereford, (Page consultée le 24 novembre 2017).
[2] HYDRO-QUÉBEC, «Projet Northern Pass : Hydro-Québec ne paiera pas un sou pour la ligne du côté américain», 8 mars 2017, http://nouvelles.hydroquebec.com/fr/communiques-de-presse/1178/projet-northern-pass-hydro-quebec-ne-paiera-pas-un-sou-pour-la-ligne-du-cote-americain/, (Page consultée le 25 novembre 2017).
[3] Loc. cit.
[4] THE NORTHERN PASS, «Projet Overview», 2017, http://www.northernpass.us/project-overview.htm, (Page consultée le 24 novembre 2017).
[5] Loc.cit.
[6] PLANÉTOSCOPTE, «Émissions de CO2 par les États-Unis», 2017, https://www.planetoscope.com/co2/677-emissions-de-co2-par-les-etats-unis.html, (Page consultée le 1er décembre 2017).
[7] NATURE QUÉBEC, « SOS Mont Hereford», 2017, http://www.naturequebec.org/coalitions/sos-mont-hereford/, (Page consultée le 24 novembre 2017).
CLICHE, Vincent, «Les fils seront finalement enfouis dans la forêt Hereford», Le Progrès de Coaticook, 21 novembre 2017, https://www.leprogres.net/fils-seront-finalement-enfouis-foret-hereford/, (Page consultée le 24 novembre 2017).
GOUPIL, Alain, «Feu vert du département de l'Énergie américain pour Northern Pass», La Tribune, 30 novembre 2017, https://www.latribune.ca/actualites/feu-vert-du-departement-de-lenergie-americain-pour-northern-pass-51aa1bca5ad0b6a7efe00aa3c33ad487, (Page consultée le 1 décembre 2017).
HYDRO-QUÉBEC, «Interconnexion Québec-New Hampshire», 2017, http://www.hydroquebec.com/projets-construction-transport/interconnexion-quebec-new-hampshire/, (Page consultée le 24 novembre 2017).
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17/10/24 à 09h35 GMT