La turbudité : nous allons nous arrêter sur l’évolution de la qualité de l’eau dans une zone ayant une forte activité maritime en temps normal. Le proxy que nous utilisons est la turbidité de l’eau. Un proxy est une variable qui n’est pas significative en soi, mais qui remplace une variable utile mais non observable ou non mesurable (ici la pollution ou la qualité de l’eau).
La turbidité correspond à la teneur d’un fluide en matières qui le troublent. Autrement dit, plus la turbidité est grande, et moins l’eau est claire, moins on peut voir à travers. Celle-ci peut nous permettre de mesurer la pollution et son évolution dans les foyers de contamination européens, les capitales ou encore les zones maritimes.En effet, il faut savoir que la turbidité provient majoritairement des courants provoqués par les bateaux de passage qui soulèvent les sédiments et nutriments accumulés au fond de l’eau. Ces matières en suspension participent à l’eutrophisation des eaux. L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué par l’augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans le milieu. Le taux de matière en suspension dans l’eau, et donc la turbidité, et un indicateur important de la qualité de l’eau et explique très souvent la présence ou l’absence de faune dans les milieux concernés.
Nous utilisons les données sattelites de Copernicus qui est le programme d’observation de la Terre de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Il s’agit d’un programme ambitieux et unique qui s’intéresse à notre planète et à son environnement pour le bénéfice de tous les citoyens européens et plus largement la communauté internationale. Il offre des services d’information basés sur l’observation de la Terre par satellite et des données in situ (non spatiales). Copernicus a permis le lancement d’un groupe de satellites appelés “les sentinelles”. Parmis tous ces observateurs, c’est la série 2 des sentinelles qui va nous intéresser ici.
Les satellites Sentinel-2 ont été mis en orbite en 2015 et 2017 par l’Agence spatiale européenne. Leur rôle est de fournir l’imagerie optique haute résolution permettant l’observation des sols de la Terre. Concernant les données sur lesquelles nous travaillons, elles sont accessibles depuis plusieurs sources mais nous avons opté pour un accès sur Google Earth Engine (3) où il existe les dataset provenant de S2.
Cependant, il n’est pas dur d’imaginer que la turbidité n’apparaît pas directement sur les images des satellites. Pour palier ce problème, des chercheurs de BRGM (Bureau des Recherches Géologiques et Minières) en Guyane (4) ont construit des modèles permettant de faire le lien entre la réflectance et la turbidité effective de l’eau.
La ville qui nous servira de fil conducteur pour les résultats est Venise. L’Italie est un des pays les plus touchés par la pandémie, mais aussi un pays très touristique. Symbole du tourisme de masse, escale incontournable des croisières, Venise est, malgré elle, un exemple parfait pour cette étude.
Ainsi on a pu faire des calculs de minimum, de maximum et de moyenne dans cette zone toujours en prenant des dates avant et pendant la pandémie.
L’histogramme ci-dessous permet de visualiser plus nettement les résultats de notre étude. Ce graphique a été conçu en analysant la valeur de la bande “turbidité” pour chaque pixel dans la zone délimitée précédemment. En comptant les pixels avec des valeurs appartenant à la même fourchette de turbidité, on peut donner une fréquence à laquelle cette valeur revient ce qui permet de tracer un histogramme.
L'évolution de la turbidité autour de Venise permet de discerner la nette diminution de la turbidité.
Cette variation des courbes coïncide avec les mesures de confinement prises par les gouvernements, qui ont obligé les bateaux (privé ou de croisière) à rester au port.
C’est cette amélioration de la qualité de l’eau couplée à une baisse significative de l’activité humaine qui permet aux poissons de revenir nager dans ces eaux et aux oiseaux de s’y laver. Nous ne pouvons qu’espérer que cela donnera des idées quant à la manière de respecter les milieux aquatiques que nous utilisons normalement au quotidien.
La crise actuelle permet de quantifier les efforts nécessaires pour réduire durablement l’impact négatif de l’activité humaine sur l’environnement, il nous incombe de relever ces mesures pour avancer intelligemment dans le futur.
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17/10/24 à 09h35 GMT