Dimanche 2 février, Journée mondiale des
zones humides, la Convention sur les zones humides appelle à renforcer
la collaboration entre les secteurs de l'agriculture, de l'eau et des
zones humides pour que des zones humides en bonne santé continuent
d'apporter, aux populations et à la nature, de l'eau propre, des
aliments et une multitude d'autres avantages. Elles fournissent aussi
d'autres services en aval, tels que le stockage de l'eau pour la
consommation et pour la production d'énergie et fournissent un habitat
pour la faune locale et les espèces migratrices.
À l'échelon
mondial, 70% de toute l'eau puisée dans les zones humides, notamment les
aquifères, les cours d'eau et les lacs, sert à l'agriculture. Les zones
humides soutiennent l'agriculture en fournissant de l'eau, un moyen de
transport et des sols fertiles mais aussi, directement, des aliments et
autres produits tels que le chaume ou les biocarburants.
Si l'on
veut nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse, qui
pourrait dépasser neuf milliards de personnes d'ici à 2050, la
production alimentaire devra croître de 60 pour cent. On estime que la
consommation d'eau par l'agriculture augmentera de 19% et que c'est
principalement dans les régions qui souffrent déjà d'une pénurie d'eau
que la demande d'eau pour l'irrigation augmentera.
" Les zones
humides fournissent toute l'eau que nous utilisons quotidiennement, mais
aussi l'eau précieuse, nécessaire aux cultures et à la production
alimentaire " déclare Christopher Briggs, Secrétaire général de la
Convention de Ramsar sur les zones humides. " En outre, elles atténuent
les effets des tempêtes, des inondations et des sécheresses et elles
purifient les eaux polluées. Il importe de les entretenir et de les
gérer de façon rationnelle si l'on veut qu'elles continuent de soutenir
l'agriculture. "
La demande croissante d'eau et de sols pour
l'agriculture menace de plus en plus l'avenir des zones humides. Le
drainage et la transformation des zones humides pour l'agriculture ou
l'aquaculture en sont des exemples évidents mais l'épandage généralisé
de pesticides et d'engrais qui contribuent à la pollution des zones
humides est tout aussi nocif.
La dégradation de ces zones peut
avoir des impacts sociaux importants, en plus de conséquences sur
l'environnement. Il est essentiel d'impliquer les acteurs locaux dans la
gestion des zones humides et à la prise de décision. Par exemple, les
réglementations nationales et internationales peuvent être difficiles à
appliquer dans des situations locales où la pression sur les terres
fertiles est élevée. Dans ce contexte, inciter les agriculteurs à mettre
de côté une partie de leurs zones humides afin de s'assurer qu'elles
restent en bonne santé et continuent de fournir leurs prestations et
services, pourrait apporter des avantages mutuels aux agriculteurs et à
l'environnement.
L'agriculture dans les zones humides fait vivre
plusieurs millions de personnes à travers le monde et pour beaucoup,
elle offre un moyen d'échapper à la pauvreté. Selon Matthew McCartney de
l'International Water Management Institute, " la clé du développement
durable consiste à trouver l'équilibre juste entre les différentes
utilisations d'une zone humide et l'immense diversité des avantages
qu'elle procure. "
Parmi les pratiques agricoles ayant fait la
preuve qu'elles contribuent à la santé des zones humides, on peut citer
les systèmes d'irrigation économes en eau et les cultures tolérant la
sécheresse. L'agriculture biologique et d'autres pratiques qui réduisent
la pollution de l'eau ont aussi un rôle à jouer dans le maintien de la
santé des zones humides.
Dans un contexte plus vaste, de
nombreuses communautés du monde en développement, la pêche de capture
dans les zones humides est un pilier vital de la sécurité nutritionnelle
et alimentaire. " Dans les pays en développement, la diversité et la
valeur des poissons, des crustacés, des mollusques, des amphibiens et
des plantes sauvages que l'on trouve dans les zones humides font vivre,
directement, plus de 60 millions de personnes. Or, ces ressources sont
souvent menacées par des décisions de développement national prises sans
se soucier de leur valeur " affirme Devin Bartley de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
"
L'expérience et les observations faites dans de nombreuses zones humides
montrent que ce sont souvent des solutions locales, appliquées avec des
connaissances locales, dans le cadre d'efforts plus vastes, qui sont
les plus efficaces " ajoute Christopher Briggs. " Ce n'est que par
l'échange des connaissances et des solutions et la collaboration entre
les secteurs de l'agriculture, de l'eau et des zones humides que nous
pourrons relever le défi de nourrir neuf milliards de personnes en 2050
"