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Prédire la mousson, un espoir pour l'Afrique



  • Mieux comprendre la mousson en Afrique de l'Ouest pour les besoins de l'agriculture et de la santé : tel est l'objectif du programme Amma, avec, en 2006, une grande campagne de terrain.

    AMMA comportera trois types d'observation. Les « longues », déjà en cours, révèleront les variabilités interannuelles sur une dizaine d'années. Des stations au sol mesurent principalement la pluviométrie, les paramètres hydrologiques, les aérosols, les émissions de gaz et la végétation.
    D'autres observations, « renforcées », concerneront trois cycles de mousson, de 2005 à 2007, surtout grâce à des ballons-sondes qui mesureront la température, l'humidité de l'atmosphère et le vent, et à des relevés de flux d'énergie au sol. Objectif ? Etudier la variabilité saisonnière.
    Des mesures de température, de salinité et de courants effectuées sur l'océan grâce à des bouées et des bateaux complèteront le dispositif.
    Mais le clou du programme, c'est la « SOP », la période d'observations spéciales. En 2006, la mousson sera suivie sur plusieurs mois avec une débauche de moyens. « Il s'agit de décortiquer tous les éléments qui la constituent », précise Jean-Luc Redelsperger.

    La France fournira deux avions de recherche, un ATR 42 et un Falcon notamment équipés d'un Lidar (radar laser) pour mesurer la vapeur d'eau. Un avion britannique, un allemand, et un américain rejoindront l'escadrille. Au sol, des appareillages dont des radars et des lidars seront mis en œuvre.

    Enfin, les satellites d'observation de la Terre fourniront de précieuses informations. Grâce à toutes ces données, les scientifiques de la communauté AMMA tenteront d'affiner les modèles de mousson existants.

    « On ne sait pas prévoir avec précision la date de l'arrivée de la mousson, souligne le chercheur. Or, c'est une information fondamentale pour les agriculteurs locaux. Les semences sont rares, et il faut les planter juste avant la pluie. Trop tôt ou trop tard, elles sont perdues ».

    En matière de santé, cette prédiction concerne en particulier la prévention des maladies véhiculées par les moustiques qui prolifèrent dans les mares (paludisme, dengue…). Quant aux aérosols, ils favorisent les méningites, selon un processus encore mal connu. Des systèmes d'alerte sanitaire fondés sur le climat et les précipitations existent déjà, mais AMMA pourrait contribuer à les rendre plus efficaces.

    À terme, les chercheurs espèrent que les décideurs des pays africains sauront tirer parti de ces résultats. Le programme, financé jusqu'en 2010, mériterait « un minimum de suivi ». Mais on n'en est pas encore là. « Aujourd'hui, le plus difficile est de faire dialoguer les chercheurs de disciplines différentes et qui ne se connaissaient pas auparavant, conclut Jean-Luc Redelsperger. Par exemple, un aérosol ne signifie pas la même chose pour un médecin et un spécialiste de l'atmosphère ». Mais il ne désespère pas d'y parvenir.
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