Avec des véhicules utilisant en moyenne 1,3 tonne de matériaux, l'industrie automobile est très dépendante des ressources naturelles. Elle consomme 6 % de la production mondiale de cuivre, 15 % de celle d'acier et jusqu'à 60 % de celle de plomb.
Face à la raréfaction des ressources, l'industrie automobile n'a d'autre choix que de mettre en oeuvre les différentes boucles de l'économie circulaire : recyclage, remanufacturing et réutilisation.
Utiliser en boucle les matériaux recyclés
La réglementation européenne impose que 80 % en poids des matériaux d'un véhicule en fin de vie (VHU) soit recyclé (85 % en 2015). Mais une faible quantité de ces matériaux rentre dans la fabrication de véhicules neufs. Le taux d'utilisation des matières premières de recyclage d'un véhicule neuf dépasse rarement 25 %.
Beaucoup reste à faire pour augmenter l'utilisation de matériaux recyclés : améliorer la qualité des matériaux recyclés, sécuriser leur approvisionnement et mieux recycler les déchets de production.
Quelques industriels ont pris de l'avance dans l'utilisation de matériaux recyclés.
Renault est le leader dans l'utilisation du plastique recyclé. Le modèle Captur utilise 15 % de plastique recyclé et le constructeur a pour ambition d'atteindre 20 % sur ses futurs modèles. Renault s'est également associé à la SNCF pour constituer une filière de récupération et de valorisation des textiles des véhicules en fin de vie (les mousses et l'habillage des sièges notamment) mais aussi des vêtements professionnels dans le cadre du projet Valtex. Les tissus sont recyclés en isolants acoustiques et thermiques eux-mêmes recyclables et destinés, en particulier, à l'industrie automobile
Remanufacturing : récupérer la valeur des composants et des pièces détachées
Chaque année, plus de 10 millions de véhicules partent " à la casse " en Europe. Mais si ces véhicules sont arrivés en fin de vie, leurs composantes et pièces détachées sont souvent encore en état de fonctionnement.
Peu de constructeurs en Europe cherchent à récupérer la valeur des composants des véhicules en fin de vie. Pourtant, la remise en état d'un moteur d'automobile non seulement consomme moins de matières premières (de 26 % à 90 %) et d'énergie (de 68 % à 83 %) que la fabrication d'un moteur neuf mais émet de 73 % à 78 % moins de CO2.
Quelques industriels européens proposent toutefois une offre de remanufacturing comme Bosch ou Renault.
Réutilisation : partager la capacité disponible des véhicules
Comparée à une usine, une automobile affiche une productivité peu performante : en moyenne un véhicule est garé 96 % de son temps et, lorsqu'il roule, son taux d'occupation n'est que de 33 %. Cette capacité disponible permet de développer de nouveaux services de mobilité comme l'autopartage (voir encadré).
L'autopartage connaît une croissance inattendue. Le marché de l'autopartage qui comptait 50 000 membres au milieu des années 1990, en comptait dix fois plus à la fin des années 2000. Sa croissance annuelle devrait être de 30 % dans les années à venir. Cette croissance est rendue possible par la nouvelle génération de consommateurs qui privilégient l'usage à la possession, l'utilitaire au statutaire. Elle pourrait être exponentielle avec l'arrivée de la technologie de voiture sans chauffeur que certains constructeurs annoncent dans moins de 10 ans.
En se développant, l'autopartage pourrait réduire la taille du parc automobile. Aujourd'hui, une voiture en autopartage remplace 9 véhicules particuliers. Selon une étude récente, ce rapport pourrait atteindre 1 sur 25 dans les grandes villes des Etats-Unis !
De nombreuses start-up et loueurs de véhicules sont présents sur le marché de l'autopartage. Les constructeurs automobiles ne veulent pas être de reste et développent également des services d'autopartage. BMW avec son offre DriveNow espère atteindre le million de clients en Allemagne en 2020. Daimler, Peugeot, Citröen ou encore Volkswagen ont développé des offres similaires. En restant propriétaire des véhicules qu'ils produisent, les constructeurs peuvent plus facilement prolonger leur durée de vie, grâce au remanufacturing, et valoriser leurs matériaux, grâce au recyclage.
Substituer la vente de mobilité à la vente de véhicules, c'est peut être cela l'avenir de l'industrie automobile.
Auteur de l'article: Rémy Le Moigne, consultant en supply chain et auteur du récent ouvrage "L'économie circulaire - Comment la mettre en oeuvre dans l'entreprise grâce à la reverse supply chain?" (Collection: Fonctions de l'entreprise, Dunod ).
Publication initiale le 21/04/14 sur le Blog des experts d'Actu-Environnement.
Autorisation de publication: Actu-environnement.com (lire l'article original)
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