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L'ONU souligne la gravité de la criminalité liée aux espèces sauvages qui génère d'énormes profits



  • Alors que la criminalité liée aux espèces sauvages est une industrie en croissance rapide, générant d’énormes profits pour les réseaux criminels, des responsables de haut niveau des Nations Unies ont souligné lundi à Doha, au Qatar, la gravité de ce fléau qui alimente la violence, corrompt les chaînes d’approvisionnement et fragilise l’état de droit.

    « La criminalité liée à la faune et à la flore sauvages a des implications très importantes. Elle a le potentiel non seulement de ravager l’environnement mais aussi de saper le bien-être social, politique et économique des sociétés, tout en générant des milliards de dollars pour des gangs criminels et en soutenant leurs activités illicites », a déclaré le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Sam Kutesa, lors d’une réunion de haut niveau dans le cadre du 13ème Congrès des Nations Unies contre le crime, qui a ouvert dimanche.

    La criminalité liée aux espèces sauvages comprend la prise, le commerce, l’importation, l’exportation, le traitement, la possession, l’obtention et la consommation de la flore et de la faune (animaux, oiseaux, poissons, plantes et arbres) en violation du droit national et international.

    L’impact de cette criminalité est mondial, mais il est particulièrement aigu dans les pays en développement où des gouvernements manquant de ressources n’ont souvent pas la capacité de réglementer l’exploitation de leurs ressources naturelles.

    En 2013, quelque 20.000 éléphants d’Afrique ont été abattus. La même année, plus de 1.000 rhinocéros ont été tués sur le continent.

    La valeur totale du commerce illégal de produits à base de bois, généralement en provenance de l’Asie orientale et du Pacifique, représente environ 17 milliards de dollars.

    « Pour la première fois, nous avons l’occasion d’attirer l’attention de ce Congrès sur la nécessité de traiter la criminalité liée aux espèces sauvages comme un crime grave », a déclaré le Secrétaire général de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), John Scanlon.

    « C’est parce que l’ampleur et la nature du commerce illégal d’espèces sauvages ont changé au cours des dernières années que la riposte mondiale doit aussi changer. Il y a une riposte, mais il faut clairement faire plus », a-t-il ajouté.

    Selon M. Scanlon, le commerce illégal des espèces sauvages n’est pas du braconnage local de subsistance. « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des gangs criminels organisés transnationaux et dans certains cas à des milices rebelles et à des éléments incontrôlés de l’armée. Ils sont à l’origine d’un braconnage et d’un commerce illicite d’ampleur industriel pour des marchés à l’étranger. Cela a changé la dynamique de la lutte contre cette activité criminelle destructrice, en particulier en ce qui concerne certains animaux, tel que l’éléphant d’Afrique, et la flore de grande valeur, tel que le bois de rose. Mais elle menace aussi de nombreuses espèces moins connues, comme le pangolin », a-t-il ajouté.

    Le Directeur exécutif de l’Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov, a regretté que « l’insuffisance des cadres législatifs reste beaucoup trop courante ».

    Selon lui, présenter des affaires criminelles liées aux espèces sauvages devant les tribunaux est un défi, et ce travail difficile est trop facilement défait lorsque les dossiers sont mal préparés et les enquêtes faibles. « Même quand les trafiquants sont poursuivis avec succès, les peines infligées sont souvent inadéquates – de petites amendes, une peine de prison de quelques mois ou une peine de prison avec sursis », a-t-il souligné.

    Tous les pays « doivent traiter la criminalité liée à la faune et à la flore sauvages comme une infraction pénale grave », a-t-il ajouté. « En garantissant une peine de quatre ans ou une peine plus grave, nous pouvons faire en sorte que les sanctions soient proportionnées et puissent avoir un effet dissuasif ».

    Il a estimé qu’il fallait appliquer les techniques connues pour leur efficacité dans la lutte contre les réseaux du crime organisé en général : partager le renseignement et mener des opérations d’infiltration, s’intéresser aux risques de corruption, remonter les circuits d’argent et traquer les marchandises illégales jusqu’à leur destination.

    « Enfin, nous devons faire du développement de moyens de subsistance alternatifs une priorité, afin de soutenir les communautés dans certains pays les plus touchés par ce crime. En bref, il faut une approche équilibrée, luttant contre l’offre et la demande, dans un esprit de responsabilité partagée », a-t-il ajouté.

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