« Les forêts certifiées par la Forest Stewardship Councils (FSC) au Gabon et en République du Congo contribuent significativement aux efforts de conservation de la faune ». C’est la conclusion d’une étude menée par le chercheur Joeri Zwerts de l’Université Utrechet aux Pays-Bas, en collaboration avec WWF et le Widlife Convention society (WCS). Cette étude publiée dans par la revue Nature dans son édition du 18 Avril 2024 a été présenté le 24 juin 2024 à Yaoundé au Cameroun au cours d’un symposium organisé par WWF-Cameroun et auquel ont pris part : experts des questions environnementales, organisations internationales, ongs, représentants des administrations du secteur des forêts de la faune et de la flore, journalistes.
Cette étude qui s’est déroulée de 2018 en 2021 sur 14 concessions forestières (sept forêts certifiées et sept autres non certifié), a nécessité la mobilisation de 263 personnes (pisteurs, porteurs, cuisiniers, constructeurs de camp, gardes forestiers), de 474 cameras pour 1,3 millions de photos réalisées a permis d’observer plus 35 espèces de mammifères (éléphants, léopards, chimpanzés, tigres, pangolins). Les résultats obtenus par le chercheur Joeri Zwerts ont démontré qu’en consignant méticuleusement le nombre d'animaux et en positionnant de manière stratégique des pièges photographiques, les concessions certifiées FSC abritaient une population de grands mammifères plus importante (2,7 fois plus de mammifères de plus de 100 kg, comme les gorilles et les éléphants, et 2,5 fois plus d'animaux de 30 à 100 kg, comme les léopards et les chimpanzés) par rapport aux concessions forestières non certifiées. Quant aux petits mammifères, le nombre était similaire dans les concessions certifiées FSC à celles non certifiées FSC. Les grands mammifères étant généralement les premières espèces à disparaître à cause du braconnage et de la chasse.
Pour Joeri Zwerts, cette étude permet de mettre en lumière l’efficacité des mesures de certification FSC dans la conservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Notamment les mesures telles que : le blocage des anciennes routes forestières ; l’établissant des points de contrôle sur les routes principales ; l’organisation de patrouilles permanentes contre le braconnage ; l’approvisionnant les équipes de coupe avec de la nourriture et en des protéines alternatives ; la mise en place des mesures d'atténuation des maladies. L’étude souligne également l’impact positif de la certification FSC au travers de la préservation des grands mammifères qui ont une influence positive sur la dispersion des graines, le cycle des nutriments et le stockage du carbone forestier et revient sur une étude des chercheurs publiée dans Nature Geoscience parue en 2019 et dans lequel ces chercheurs estimaient que qu'il y aurait potentiellement 7% de carbone forestier en moins dans les forêts tropicales sans la présence d'éléphants.
L'étude se veut dont une aube à la promotion les pratiques forestières durables pouvant contribuer à la préservation d'importantes populations de grands mammifères et à la protection des forêts tropicales existantes. En particulier pour les pays du Bassin du Congo où seulement 10% des concession forestières sont certifiées, soit 6 millions d’hectares de forêts certifiées dont 2’9 millions de concessions certifiées en République du Congo, 2,2 millions au Gabon et seulement 0,4 millions au Cameroun. Il a donc également été question pour le chercheurs et les responsables de la WWF-Cameroun de sensibiliser les autorités camerounaises sur les avantages de la certification FSC notamment en terme d’amélioration des conditions de vie des communautés, d’amélioration des revenus de l’Etat, de meilleure visibilité pour les entreprises concessionnaires sans oublier la valeur ajoutée qu’apporte la certification FSC en terme de conservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique. Le Gabon semble l’avoir compris en se dirige vers une certification obligatoire pour tous les concessionnaires forestiers.
12/12/24 à 10h17 GMT