Lors de la COP21, l’économie circulaire a enfin obtenu ses lettres de noblesse. Déjà très impliqués dans le processus, les pays francophones optent ainsi désormais de plus en plus pour le système de la consigne. Plus qu’un simple circuit de recyclage, il permet d’améliorer l’eco-conception des produits en prolongeant leur durée de vie. En France et au Québec en particulier, les observateurs estiment que cette pratique va continuer de s’étendre, notamment avec l’initiative Jean Bouteille et le volontarisme du ministre de l’environnement, David Heurtel.
Les gains environnementaux de la consigne estimés entre 18 et 60%
Depuis que l’on est en mesure de réaliser l’Analyse du Cycle de Vie des emballages, l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie souligne le faible coût environnemental des bouteilles consignées. Plus récemment encore, dans une étude réalisée fin 2015 avec la préfecture du Nord-Pas-de-Calais, le pôle d’excellence Agroé a constaté par exemple que le bilan carbone des bouteilles en verre diminuait en fonction du nombre de réutilisation de celles-ci. En conclusion, les auteurs affirment : « l’étude sur l’allongement de la durée de vie de la bouteille a semblé particulièrement opportune, les gains environnementaux estimés étant de l’ordre de 18 à 60 % ».
Jean Bouteille, l’entreprise française qui profite du mécénat d’Aviva ?
C’est justement pour relancer la consigne en France, que Gérard Bellet a fondé l’entreprise Jean Bouteille en 2013. Implanté aujourd’hui dans le Nord et en Rhône-Alpes, il évoque le succès de sa démarche qui a su tant séduire les consommateurs que les professionnels : « à l’horizon de mi-2016, nous disposerons également d’un centre à Paris et à Bordeaux ». Engagée dans le concours de La Fabrique Aviva, son entreprise sociale et solidaire pourrait effectivement ouvrir prochainement une station de lavage dans la capitale grâce au mécénat de l’assureur.
David Heurtel, le défenseur de la consigne au Québec
Au Québec, la pratique de la consigne est déjà très répandue ! La loi sur la vente et la distribution de bières et de boissons gazeuses dans des contenants à remplissage unique consacre l’obligation pour les « dépanneurs » [NDLR : équivalent d’une épicerie de quartier] d’accepter tous les contenants consignés Québec. Favorable à cette réglementation, le ministre de l’Environnement, David Heurtel, qui cherche même à améliorer le dispositif vient d’être maintenu dans ses prérogatives. D’après le Courrier Parlementaire, il souhaiterait en profiter afin « d’augmenter la complémentarité » entre la collecte sélective et la consigne.
En Belgique on recycle aussi les canettes !
Embourbée dans l’affaire des boues rouges, Ségolène Royal connait le coût environnemental de l’aluminium. En plus de la pollution des mers, ce métal pauvre, souvent en provenance de Chine, participe activement au réchauffement climatique, à cause de l’usage intensif du charbon. Alors que l’Empire du Milieu s’intègre chaque jour un peu plus à l’économie de marché, le Royaume de Belgique innove et organise la consigne des canettes. La ministre flamande de l'Environnement Joke Schauvliege (CD&V) semblait néanmoins se raviser en évoquant une mise en place de ce système qui ne serait pas effective avant 2018.
Swiss Recycling s’oppose au retour de la consigne ?
En Suisse, l'initiative parlementaire du conseiller national Alois Gmür (PDC/SZ), intitulée « Introduction d'une consigne obligatoire sur les canettes et bouteilles pour boissons » est contrariée par Swiss Recycling. D’après les acteurs de la filière du tri notamment, le retour de la consigne déstabiliserait et abandonnerait « un modèle de service performant » et conduirait à une « réduction de 65'000 à 6000 du nombre de points de collecte des déchets ». En effet, avec la reprise de la consigne en Allemagne, les entreprises suisses aurait déjà perdu 30% la part des emballages repris.
Crédit Photo : Institut de l'Economie Circulaire
01/10/24 à 07h35 GMT