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Afrique centrale : la CEA renforce ses relations avec la presse économique pour dynamiser l'intégration et la ZLECAf



  • Le bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a organisé une session de travail avec les journalistes de la presse économique de la sous-région le 19 juillet 2024 à Douala, capitale économique du Cameroun. L’activité se tenait en marge d’un atelier organisé par l’institution Onusienne pour optimiser le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en Afrique centrale. L’objectif de l’exercice s’inscrit dans la volonté de mettre « progressivement » en place un réseau des journalistes économiques, en appui à la diversification économique et à la ZLECAf. La plateforme devrait permettre à la CEA de collaborer avec une presse de qualité pour diffuser le message adéquat dans l’ensemble des 11 pays de la sous-région et dans les plateformes les plus visibles en Afrique centrale.

    A l’occasion, plus d’une quinzaine de professionnels de médias ont été briefés sur le rapport phare sur l’évaluation de l’intégration régionale en Afrique, autrement dénommé ARIA. Depuis le lancement de la première édition en 2004 (ARIA 1), ledit rapport analyse les causes d’un faible échange intra-africain et révèle les fragmentations des communautés régionales, avec plus de 40 monnaies et plus de 100 frontières sur l’ensemble du continent. « L'intégration est un outil politique essentiel pour la survie de l'Afrique dans un environnement mondial compétitif. La ZLECAf, avec son marché de plus de 1,3 milliard de personnes, offre des opportunités d'industrialisation, de valeur ajoutée et de transformation structurelle », fait observer le chef de la section de l'intégration régionale de la division de l'intégration régionale et du commerce de la CEA, Francis Ikome.  

    Alors que la CEA prépare ARIA 11 qui devrait être disponible entre septembre et octobre prochain, les responsables de la CEA y mettent déjà un point d’honneur, ce d’autant plus que l’accent sera désormais mis sur le « pragmatisme » pour clarifier l’approche et rassurer les acteurs, apprend-t-on de la part de M. Ikome. « ARIA 11 présente une réelle opportunité. L'intégration régionale doit se traduire par des opportunités de marché et des avantages tangibles pour les populations africaines. ARIA 11, comme un certain nombre d'éditions précédentes, a le potentiel de façonner le parcours d'intégration de l'Afrique pour les deux prochaines décennies et au-delà, améliorant de manière démontrable la vie des citoyens africains », défend notre source. A terme, confie la CEA, il est question d’aboutir à une communauté économique africaine ou un marché commun africain en 2028.

    La ZLECAf, un agenda transformateur pour le continent africain

    Face aux préoccupations des journalistes relatives aux défis qui compromettent l’intégration au sein de l’Afrique centrale, le directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, Jean-Luc Mastaki Namegabe, est revenu sur les bienfaits de la ZLECAf, considérée comme un agenda transformateur pour le continent. « L’intégration est un parcours de longue haleine. Il y a encore des écueils mais il y a aussi la mobilisation de tout un partenariat large et l’appel à cette intégration régionale par le bas où les populations qui ont besoin de circuler et qui sont les acteurs de ces activités transfrontalières, doivent aussi se mobiliser », a-t-il indiqué. « L’intégration régionale en Afrique centrale sera dynamique lorsque l’industrie portera les échanges. Nous avons fait valider un plan directeur d’industrialisation et de diversification économique en Afrique centrale (PDIDE-AC) et pour transformer l’écosystème commercial nous avons également finalisé la stratégie régionale ZLECAf de la sous-région. C’est la concrétisation de tous les travaux de recherche de la CEA. L’organisation entière est engagée dans le développement des chaines de valeurs régionales et dans la sous-région, nous accompagnons la RDC pour l’industrie de la batterie, le Cameroun pour les produits dérivés du bois et le Tchad pour la filière viande, cuir à partir du bœuf », martèle Monsieur Mastaki.

    Parce que les échanges commerciaux restent encore faibles au sein de la sous-région (établis à 1,57% contre un niveau général africain évalué à 16%), la solution à cette énigme est à plusieurs niveaux. Pour éclairer la lanterne des professionnels des médias, le chef de section des initiatives sous-régionales, Dr. Adama Ekberg Coulibaly, est d’avis qu’il faut mettre sur le marché des produits manufacturés, mettre en place un plan d’industrialisation nécessaire à la transformation structurelle des économies et opérationnaliser les zones économiques spéciales (ZES) de nouvelle génération. « Les zones économiques spéciales constituent l’outil par excellence pour accélérer l’industrie manufacturière dans la sous-région. L’Afrique centrale doit remporter la bataille de la quantité et de la qualité dans la ZLECAf », soutient Dr. Adama. A l’heure actuelle, les indications fournies par ce dernier font état de ce qu’il y a une seule zone économique spéciale en activité dans la sous-région, celle de Nkok au Gabon. Pourtant, poursuit l’économiste senior, l’on dénombre 7000 ZES dans le monde.    

    Les femmes, jeunes et personnes vulnérables mis à contribution

    Un autre facteur à prendre à considération est la mise à contribution des femmes, des jeunes et des personnes vulnérables. La chargée des affaires économiques pour le bureau sous-régional de la Commission économique pour l’Afrique et responsable du projet genre, inclusivité et commerce, Sandrine Aida Koissy-Kpein, est revenue d’ailleurs sur le rapport : « Genre et commerce intra-régional en Afrique centrale : opportunités et défis pour une ZLECAf inclusive », publié récemment par la CEA. « Le rapport présente les différents visages et la multiplicité des acteurs et actrices du commerce dans la sous-région, des femmes, des jeunes, des personnes vivant avec un handicap, des femmes qualifiées et des femmes leaders engagées dans les chaînes de valeur régionales et globales », a-t-elle confié.

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