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Recherche-innovation : la CEA veut mettre en lumière les inventions qui font la promotion de l'import-substitution lors du CIE organisé du 15 au 18 octobre 2024 à Yaoundé



  • Alors que le Cameroun abrite la troisième session conjointe du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et d’experts (CIE) de l’Afrique centrale et de l’Est, prévue du 15 au 18 octobre prochain à Yaoundé, l’une des attractions de cet évènement annuel de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) sera l’exposition baptisée CIE EXPO 2024-2025. L’activité qui va se tenir le 16 octobre prochain constitue une instance de partage des connaissances et d’expériences sur la plateforme d’innovations et d’entrepreneuriat 4.0. A l’occasion, certains inventeurs et innovateurs seront conviés pour raconter leur vécu, ce qu’ils ont mis au point, leurs difficultés pour protéger leurs produits et les mettre sur le marché et comment adresser la mise à échelle de leurs inventions pour aller au-delà des prototypes.

    Le choix stratégique fait par les bureaux sous-régionaux de la CEA Afrique centrale et de l’Est d’organiser le CIE EXPO 2024 et de préparer le CIE EXPO 2025 est motivé par la volonté d'accompagner les pays membres, en panne d'innovations technologiques, dans l'exécution réussie de leur politique d'import-substitution et de promotion de l'export, tel que l’explique le chef de section des initiatives sous-régionales au bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, Dr. Adama Ekberg Coulibaly. « Pour rappel, faute de production industrielle et d'infrastructure de qualité, la performance industrielle n'est pas encore au rendez-vous, avec le niveau encore très faible de la contribution des économies du continent à la production manufacturière du monde - environ 2 pour cent pour le continent et quasi zéro pour l'Afrique centrale -. L’on enregistre moins de 3% de part de marchés mondiaux, tous produits confondus au niveau export pour toute l'Afrique », fait observer l’économiste senior.

    Initiative test pour créer une plateforme régionale dédiée à la recherche-innovation

    L’exposition est proposée et organisée comme un espace de débats et une vitrine pour débattre en synergie d'actions avec le ministère de l'Industrie, des Mines et du Développement technologique (Minmidt), le réseau des inventeurs, des innovateurs et des entrepreneurs 4.0, le PRASAC/CEMAC, la CEEAC, le PROPAC, l'ONUDI, l'OAPI, l'UNESCO, LESGOSCIENCENT Association, Club Robots et les médias, en prélude aux Journées Technologiques Nationales (JTN) du Cameroun prévues se tenir du 23 au 25 octobre 2024 à Douala. Il s'agit, poursuit Dr. Adama Ekberg Coulibaly, d'une initiative test visant à créer une plateforme régionale dédiée au partage et à l'intégration des cerveaux et intelligences, des données et logiciels, des technologies et savoir-faire stratégiques, visions et aspirations clairement partagées dans le cadre de l'élaboration et la mise en œuvre effective des plans directeurs d'industrialisation et de diversification économique de nouvelle génération (PDIDE) préconisés par la CEA, la CEEAC et leurs partenaires techniques et financiers.

    Les espaces d'échanges en ligne et présentiel du CIE EXPO 2024 permettront d'éclairer l'opinion et surtout de dégager des voies et moyens concrets devant renforcer le pilier du développement et de la promotion du capital humain et des compétences essentielles (science, innovation, technologie, ingénierie, mathématiques, etc.). Une des approches de solutions intégratives, créatives et durables recommandées par Dr. Adama Ekberg Coulibaly, architecte des PDIDE, pour repositionner les économies de l’Afrique centrale et des sous-régions qui la ceinturent sur la voie de l'industrialisation 4.0. et booster les exportations des produits manufacturiers.

    Priorité à la santé, l’alimentation, le numérique et l’énergie

    Au cours des expositions, la priorité sera accordée aux inventions qui peuvent réduire la facture des importations, en tirant les leçons du Covid-19 pour le futur. Ainsi, les domaines qui sortent du lot sont notamment : la santé, l’alimentation, l’économie numérique qui représente le futur (avec la robotique, l’imprimante 3D, l’intelligence artificielle, le big data, etc.), l’énergie (avec des solutions d’énergies propres et bon marché comme les kits et séchoirs solaires qui vont donner la possibilité d’industrialiser tous les secteurs). Pour le cas particulier de la santé, il est urgent d’agir sans délai. D’après le Comité de compétitivité, structure spécialisée du ministère en charge de l’Economie (Minepat), la facture des importations camerounaises de produits pharmaceutiques est passée de 69,5 milliards F.CFA à 166,6 milliards de F.CFA entre 2010 et 2023. Soit une hausse de 139,7% qui traduit la forte dépendance du Cameroun aux produits pharmaceutiques étrangers. L’Institut national de la statistique (INS) ajoute qu’en matière d’échanges commerciaux entre le Cameroun et l’Union européenne (UE) en 2023, le pays a importé de l'UE 4,2 tonnes de médicaments (y compris vétérinaires) pour 62,9 milliards de F.CFA. La France est le premier fournisseur du Cameroun dans l’UE, avec 2,01 tonnes de médicaments pour une valeur de 28,5 milliards de F.CFA. Il en est de même pour l’Inde qui est aussi l’un des principaux fournisseurs du Cameroun sur la même période, avec des importations de médicaments représentant 7% du poids des échanges, pour une valeur de 39,5 milliards de F.CFA, d’après l’INS.  

    Pour les produits alimentaires, le Cameroun a importé des céréales pour une valeur de 387,7 milliards de F.CFA en 2023, selon l’Institut national de la statistique (INS). Cela correspond à une baisse de 27% en glissement annuel, par rapport aux importations de 2022 chiffrées à 525 milliards de F.CFA. Le riz figure en tête de la liste avec une facture élevée à 200,8 milliards de F.CFA, en baisse de 24% par rapport à 2022 où la facture était de 264,4 milliards de F.CFA. « L’Inde reste en tête avec 55,2% de parts de marché, suivie de la Thaïlande dont les parts de marché ont augmenté de deux points par rapport à l’année précédente. Ces deux pays fournissent 90,1% du riz importé au Cameroun en 2023 », explique l’INS.

    Il y a également le froment de blé dont les importations ont coûté au Cameroun 178,3 milliards de F.CFA, en baisse de 31,6% par rapport à 2022, où elles représentaient 260,7 milliards de F.CFA. « En 2023, le Cameroun a importé le blé dans douze pays. La France reste le principal fournisseur de blé au Cameroun, suivie de la Pologne qui fait une montée spectaculaire, de la Russie et de l’Allemagne. La Pologne est le seul pays dont la valeur des importations de blé a augmenté en 2023 ( 9%) par rapport à l’année précédente », à en croire les arguments avancés par l’INS dans son rapport.

    Faut-il préciser que la tendance baissière des importations de riz et de blé constatée par l’INS est le fruit des mesures mises en place par le gouvernement camerounais en 2021 à travers l’import-substitution. L’objectif affiché était de réduire l’importation des produits au profit des produits fabriqués localement. L’enveloppe dédiée à cette politique en 2023 s’élevait d’ailleurs à 114,5 milliards de FCFA.

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