L'éolien très prisé aux Pays-Bas.
Depuis 2001, le gouvernement néerlandais s'est lancé dans un projet sans précédent pour réduire ses émissions de CO2 et devenir moins dépendant des énergies fossiles. Son objectif est d'atteindre les 10% d'énergies renouvelables produites d'ici 2020 grâce à l'installation de parcs éoliens off-shores. Tout en étudiant de près d'éventuels impacts écologiques.Un relief particulièrement plat sur lequel soufflent des vents fréquents et puissants, constituent des atouts de premier ordre pour cette nouvelle politique fixée par le gouvernement néerlandais. En 2006, les Pays-Bas comptaient déjà plus de 1780 éoliennes capables de produire 1400 MW. Cependant, l'espace limité et donc facilement saturé, ainsi que certaines nuisances pour les riverains des champs d'éoliennes (notamment sonores) ont amené le gouvernement à se tourner vers d'autres solutions. L'idée de développer des parcs offshore a été retenue compte-tenu de ses avantages : un espace immensément élargi, permettant une production d'énergie plus importante, doppée de surcroît par des vents plus puissants et plus réguliers. Cette nouvelle stratégie fait espérer au gouvernement une production de 6000MW en mer - contre 1500MW sur terre- et assurer ainsi 20% des besoins domestiques en électricité en 2020.C'est le consortium Shell et Nuon, appelé NoordzeeWind, qui a été chargé, en 2005, de réaliser le parc éolien maritime Egmond aan Zee Offshore Wind Farm (OWEZ), avec le soutien financier du Ministère des affaires économiques, en tant que projet-pilote. Ce projet revêt une importance majeure, dans la mesure où le gouvernement veut profiter de l'opération pour mener plusieurs études sur l'impact écologique (oiseaux, faune et flore marine, mammifères marins...) et sur les difficultés techniques (problèmes d'érosions, force des courants, accessibilité en hiver...). Le parc, achevé fin 2006 pour une durée de fonctionnement de 20 ans, comprend 36 turbines d'une capacité de 3MW chacune, capables de couvrir la consommation d'électricité de 100 000 foyers. Cependant, l'éolien n'est pas une technologie si facile à mettre en?uvre. En effet, si les premiers kilowatt-heures d'énergie ont pu être fournis en octobre 2006, des problèmes techniques empêchent encore un rendement de 100%...S'il est encore trop tôt pour connaître tous les impacts écologiques du projet, les Pays-Bas ne sont pas les premiers à s'intéresser aux parcs offshores et bénéficient d'ores et déjà de l'expérience danoise. Le Danemark, leader mondial et proche voisin, a entamé une démarche similaire en 2001 .
Impacts sur l'environnement : l'exemple danois
Avec ses deux projets-pilotes, le Horns Rev (160MW) et le Nysted(165,6MW), le Danemark possède les plus grands parcs offshore au monde. Les études d'impact, menées pendant la période de construction puis de fonctionnement du parc, se montrent assez rassurantes. Les réalisations ont été très bien acceptées par la population locale (plus de 80% estiment le projet positif ou très positif) et deux tiers des Danois pensent que l'effet sur l'environnement est négligeable, voire positif. Seul bémol : l'impact visuel, les Danois estimant qu'une distance minimum de 18km des côtes est nécéssaire. La faune et la végétation marine semblent, elles aussi, bien s'adapter. Les piliers offrent une protection qui permet même d'accroître la population de certaines espèces animales et végétales. Dans le cas de Nysted Offshore, une monoculture de moules s'est ainsi développée, favorisée par un taux de salinité peu élevé et l'absence de prédateurs. Les poissons profitent également de ces abris artificiels et il ne semble pas que le champ électromagnétique influe sur leur migration ou sur la sélection des espèces présentes. Des études plus poussées doivent cependant determiner si certaines migrations peuvent être consécutives à ces champs ou à une augmentation de la température de 1°C. S'agissant des mammifères, les phoques semblent avoir été affectés lors de l'installation, sans toutefois que cela modifie leur comportement en mer ou sur terreEn revanche, la population portuaire des marsouins a décru pendant la construction des deux parcs et si elle a commencé de se développer à nouveau lorsque le parc fut achevé dans le cas de Horns Rev, il a fallu deux ans dans celui de Nysted pour qu'elle commence à se reconstituer.Quant aux oiseaux, ils évitent généralement les parcs offshores et certaines populations migrent vers d'autres zones pour se nourrir. Le risque de collision avec les éoliennes est moindre, nous apprend le rapport, mais il recommande toutefois que les champs offshore ne soient pas construits dans les zones à forte population.Les Pays-Bas, en attente de leur propre rapport, ont déjà lancé un autre projet offshore d'envergure, mais cette fois totalement privé : le Q7, qui sur une surface de 23 Km doit générer 435 Gwh à l'année et fournir les besoins en électricité de 125.000 foyers.
Source :http://www.novethic.fr
Sandrine Dumont à Rotterdam (Pays-Bas)
Mis en ligne le : 23/03/2007
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