Les exigences minimales du WWF pour aboutir à un document final à Rio
sont une adhésion solide et concrète à deux objectifs essentiels: de la
nourriture, de l'énergie et de l'eau potable en suffisance pour tous,
ainsi qu'une économie verte, contribuant à faire reculer l'impact sur
l'environnement et la pauvreté. Les entretiens préliminaires menés à ce
jour ne permettent pas d'être optimiste: "A l'heure actuelle, nous
devons nous attendre à un échec ou à une déclaration finale si diluée
qu'elle n'apportera pas d'améliorations", affirme Felix Gnehm, expert en
développement au WWF Suisse et membre de la délégation helvétique
officielle à Rio. "La pression n'est probablement pas encore assez
importante. Du moins sur les chefs d'Etat qui prendront les décisions à
Rio."
Au Brésil, la Suisse s'engagera pour un développement durable dans le
monde. Une intention louable, même s'il apparaît tout aussi important de
montrer le bon exemple. En effet, la Suisse ne fait pas figure de
modèle à suivre:
* Nous consommons beaucoup trop de ressources. Si tout le monde vivait
comme nous le faisons en Suisse, les ressources naturelles de 2,8
planètes seraient nécessaires à long terme pour entretenir ce train de
vie. Notre système économique et fiscal ne crée par ailleurs pas
suffisamment d'incitations pour utiliser l'énergie et les autres
ressources de manière raisonnable.
* La Suisse aussi verse des subventions nuisibles qui accroissent
l'impact sur l'environnement et provoquent des coûts deux fois plus
élevés. Les exemples vont des allègements fiscaux pour les
automobilistes aux contributions versées aux détenteurs d'animaux
agricoles.
* Même si le Parlement a décidé d'augmenter les montants alloués à la
coopération internationale, ceux-ci ne représentent que 0,5% du revenu
national, ce qui place la Suisse dans la moyenne des Etats de l'OCDE,
alors qu'elle pourrait faire mieux.
"Les intentions sont souvent bonnes, mais insuffisantes", déplore Felix
Gnehm. "Victimes de leur vision à court terme, les nations campent
encore trop fermement sur leurs intérêts." La conférence de l'ONU
suscite toutefois aussi des espoirs: Rio+20 développe une dynamique à
l'origine de progrès, indépendamment des réunions de ministres et du
document final. Pour Felix Gnehm, "Rio permet la rencontre d'individus
issus de tous les horizons et des quatre coins du monde, faisant preuve
d'engagement et apportant de bonnes idées. Ils font du sommet pour la
Terre un laboratoire d'avenir pour une économie plaçant l'homme et
l'environnement au centre des préoccupations."