La présidence française du Conseil de l'Union Européenne organise du 22 au 24 septembre 2008 une conférence intitulée "L'Homme et la société face aux changements climatiques - Un agenda pour l'Europe", à Paris. Les échanges porteront sur l'évaluation des impacts des politiques environnementales.
La publication en 1972 du rapport dit du Club de Rome, "Halte à la croissance ", a marqué le début de la prise de conscience du grand public vis-à-vis des questions de développement durable et des périls associés à notre mode de croissance économique.
Depuis cette date, citoyens comme décideurs politiques ont du faire face à une multitude de problèmes environnementaux : déchets nucléaires, organismes génétiquement modifiés, changement climatique, pertes de biodiversité, déforestation, pollutions de l'air et de l'eau... Ce débat a culminé récemment à l'occasion de la publication de trois rapports. Le premier, le Consensus de Copenhague (Lomborg - 2004), appelait à donner la priorité aux programmes gouvernementaux produisant des bénéfices immédiats (lutte contre la malaria, le SIDA, amélioration des approvisionnements en eau, ...) plutôt qu'à des investissements trop importants dans la prévention du réchauffement climatique. Mais depuis, tant le rapport Stern (Stern - 2007) que le quatrième rapport de la GIEC (GIEC - 2008) ont au contraire souligné la nécessité d'agir vite et avec force contre le réchauffement climatique. L'absence de consensus entre experts sur la question du changement climatique se retrouve dans le débat public et l'agenda de politique internationale, notamment avec le succès limité du protocole de Kyoto.
Un autre aspect saillant du débat récent sur le changement climatique est le déplacement des défis scientifiques les plus brulants des sciences naturelles (climatologie, océanographie, chimie, biologie ...) vers les sciences de l'homme et de la société (SHS). Mais la communauté des sciences humaines et sociales reste encore divisée tant sur la manière d'approcher les défis environnementaux à long terme que sur celle de prendre en compte les enseignements des sciences de la nature.
Les difficultés de mise en oeuvre d'une politique environnementale efficace face au défi climatique peuvent s'expliquer par plusieurs raisons. Tout d'abord, l'incertitude scientifique subsiste quant à l'intensité et à l'impact des risques climatiques à long terme (mis en évidence par les sciences de la nature) sur le bien-être des générations futures. Les croyances concernant les conséquences plus ou moins catastrophiques du changement climatique comme les préférences face à différentes options de politique environnementale varient également beaucoup d'un individu à un autre ou d'une société à une autre. Quelles mesures de bien-être autre que celle du PIB marchand pourraient être développées puis adoptées pour capturer l'effet sur la société des impacts environnementaux?
En raison de l'ampleur de ces incertitudes, des désaccords subsistent aussi sur l'intérêt d'attendre ou pas de disposer d'une meilleure information sur le climat futur avant de mettre en place des actions fortes et coûteuses. Comment et dans quels domaines le principe de précaution doit-il être appliqué sans conduire pour autant à bloquer des évolutions souhaitables au plan économique ou social ? L'importance des efforts à consentir aujourd'hui pour améliorer l'environnement des générations futures est un autre sujet de division. Répondre à ces questions suppose de mobiliser les apports de recherches de pointe tant dans les domaines des sciences humaines et sociales que dans ceux des sciences naturelles.
L'objectif de cette conférence est de discuter d'un cadre d'analyse unifié et interdisciplinaire pour relever les défis collectifs posés par le changement climatique et d'avancer des recommandations quant aux politiques à mettre en place. La conférence abordera différents concepts généraux tels que " le développement durable ", " la responsabilité sociale des entreprises " ou encore le " principe de précaution ", concepts qui n'ont pas forcément la même signification dans les différentes sciences de l'homme et de la société.
La présidence française de l'Union Européenne est l'occasion d'organiser une conférence internationale sur le thème sociétés et climat, donnant toute leur place aux sciences humaines et sociales dans le débat public et scientifique. Les plus grands scientifiques des sciences humaines et sociales seront présents, ainsi que des institutionnels, des professionnels et les médias. Les principaux objectifs de la conférence seront de :
Les débats se dérouleront lors de tables rondes générales et de sessions parallèles dédiées à des thèmes plus spécifiques.
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