En éclaireur, la sociologie de l'énergie embrasse les usages
L'entrée récente de la sociologie sur la scène de l'énergie permet dores et déjà des constats simples : ni le progrès technologique ni la réglementation ne suffiront à modifier les comportements énergétiques.
En revanche, la dimension collective et culturelle, le discernement des jeux d'acteurs sont des facteurs nécessaires à cette profession pour étudier les usages des bâtiments connectés.
Quelles approches possibles pour le sociologue de l'énergie ?
Une journée d'étude lancée par la Chaire éco-innovation à l'Université de Versailles-St Quentin, présentait récemment le programme " Econoving " qui développe Epit 2.0 et Eco2Charge, deux projets expérimentaux d'étude des comportements associés aux Smart Grids.
Nadjma Ahamada sociologue au CRIGEN (pôle de recherche du groupe GDF SUEZ) confiait à cette occasion sa vision du métier appliqué au domaine des innovations et de l'énergie :
Sandra Slim-Chrétienne sociologue à la Direction Innovation et Services de Bouygues Telecom présente le sociologue de l'énergie comme un éclaireur sur des sujets méconnus : partant d'une démarche de co-conception ponctuée d'itérations, sa principale mission (quand il l'accepte) est de répondre à l'interrogation économique récurrente : " Quelle création de valeur ? ".
Décrit comme un véritable fournisseur " de morceaux de réalités " à destination des stratèges de l'énergie, Sandrine Slim-Chrétienne convient sans détour que le sociologue subit un tiraillement permanent entre son coeur de métier empreint d'une grande prise de recul, et la nécessité de produire des résultats tangibles à court terme, pour l'entreprise qui l'emploie.
Itérations et retours d'expériences
Classiquement, le sociologue de l'énergie va s'appuyer sur des méthodes empiriques, alimentées par des testeurs volontaires, pour mener à bien ses investigations. Retour sur deux expérimentations :
Dans le premier cas le dispositif est rapidement négligé par le testeur, une fois les premières économies d'énergie identifiées ; de surcroît on apprend que l'utilisateur n'est pas prêt à financer une mise à disposition d'information sur ses consommations.
Dans le deuxième cas la défiance vis-à-vis du dispositif s'installe rapidement, vécu comme une altération du confort sans contrepartie palpable de la part du gestionnaire.
Force est de constater les limites de la méthodologie classique du sociologue : les enquêtes ne sont à ce jour réalisées qu'auprès des seuls volontaires ayant fait voeu de résidence neuve et basse consommation.
D'une approche purement quantitative des mesures des consommations d'énergie, le sociologue Gaetan Brisepierre propose une analyse plus qualitative de la performance énergétique du bâtiment par l'étude des usages des occupants, dont voici les premiers enseignements :
Coup de projecteur sur l'adaptation du sociologue de l'énergie
Du simple recueil des comportements et recommandations associées, la méthodologie du sociologue de l'énergie doit évoluer car la profession n'a d'autre vertu à ce jour, que de se nourrir de ses ambitions et de ses moyens en composant sans cesse avec :
Le sociologue s'interroge alors : comment dépasser les réticences courantes vécues au niveau du logement ? Nadjma Ahamada propose d'appréhender le bâtiment comme le cadre d'agencement des contraintes pour bâtir une étude plus large des lieux de matérialisation, sur le plan du territoire.
Changer d'échelle en passant de l'immeuble au territoire et faire en sorte de transformer le " con-sommateur " en " smart-acteur " au service de la performance énergétique, voilà l'une des stratégies d'adaptation pensée par le sociologue pour contourner les limites des enquêtes menées auprès des seuls volontaires...
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Source : @ddline2020
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