Au Sénégal, le Gret et la Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (DGPRE) mettent en œuvre depuis 2017 un projet de sécurisation durable des usages de l’eau et de préservation des écosystèmes (Girel), dans lequel la gouvernance partagée est une des composantes clé. Le choix de la concertation a pourtant soulevé de nouvelles problématiques, notamment liées à l’inclusion des femmes dans ce processus.
Dans la région des Niayes, près de Dakar, trois plateformes locales de l’eau (PLE) ont été créées. Il s’agit d’espaces de concertation où chaque membre participe à identifier des actions favorisant la protection et le partage équitable de la ressource en eau. Or, les femmes sont généralement sous-représentées dans ces PLE, tandis que celles qui en font partie n’osent pas toujours s’exprimer par manque de confiance en elles. Face à ce constat, la question de l’intégration des femmes aux processus de participation et de décision est devenue centrale dans la recherche d’une concertation inclusive et équitable.
Dans le cadre du projet Girel, des ateliers mêlant apports théoriques, théâtre, forums et témoignages ont été mis en place et proposés aux femmes membres des PLE afin d’élaborer conjointement une analyse diagnostic de leur situation. En se positionnant en tant que femmes au Sénégal, elles ont pu échanger et développer leur culture théorique du féminisme, discuter des inégalités hommes-femmes dans la société et la vie quotidienne, et partager leurs expériences de femmes rurales au Sénégal. La pratique du théâtre leur a de plus permis de développer des clefs d’expression orale et corporelle, facilitant leur prise de parole en public. Un atelier mixte avec les membres des PLE, animé par les femmes, est également prévu. Cette dynamique devrait contribuer à une meilleure prise en compte des intérêts des femmes dans la gestion des ressources en eau, ainsi qu’à une meilleure participation de celles-ci dans la gouvernance des PLE.
L’implication des femmes au sein des plateformes de concertation est un élément crucial de bonne gouvernance, la représentativité en étant l’une des pierres angulaires. Cet aspect entre pourtant en confrontation avec les codes socio-culturels en vigueur au Sénégal, où les femmes n’ont pas l’habitude d’investir ce genre d’espace. Cela nécessite donc une réflexion et une stratégie volontariste mixte pour essayer de faire évoluer les pratiques dans ce domaine.
Atelier de formation le leadership féminin à Diender, © Gret
Initié en septembre 2020, un programme étalé sur douze mois a été conçu pour la mise en place d’ateliers mensuels, regroupant à chaque session une quinzaine de femmes issues des différentes PLE. Le premier atelier a proposé une formation théorique sur l’empowerment féminin, et a permis de définir les attentes des participantes vis-à-vis de la formation, qui étaient de :
Atelier de formation sur le leadership féminin à Diender, © Gret
Le Gret a de plus proposé une formation impliquant différentes intervenantes, extérieures d’une part – comme Marième Soda Ndiaye, benjamine de l’Assemblée nationale sénégalaise, intervenue à titre bénévole, ou encore Patricia Gomis, comédienne sénégalaise internationalement reconnue –, mais également des femmes membres des PLE. “Nous avons beaucoup apprécié le passage de Madame Marieme Soda Ndiaye. A travers son portrait nous savons que le leadership ne s’acquiert pas du jour au lendemain mais qu’il se cultive ; on ne naît pas avec l’esprit du leadership mais on le forge en nous, on le devient” s’enthousiasme Nogaye Ndiaye, 2e adjointe au maire de Mont-Rolland, présidente de groupement féminin et membre d’une PLE.
L’originalité de ce programme et son format long sont, d’après les retours des participantes, particulièrement innovants et prometteurs pour amorcer un changement.
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Communs et gouvernance partagée – Concertation autour de la ressource en eau au Sénégal
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