Alphabétisation et lutte contre la pauvreté : La société civile s'affirme comme relais du Nepad
En novembre 2005, un forum international sur le thème "Alphabétisation et Nepad" se tiendra à Dakar. A l'origine de ce projet, la Coordination régionale des opérateurs en alphabétisation de Dakar (Croa-Dakar) souligne l'importance de l'éducation dans les stratégies de développement durable, et insiste sur le rôle que sont amenées à jouer les organisations œuvrant dans le domaine de l'éducation non formelle, en partenariat avec les autorités.

Parmi les stratégies les plus pertinentes en matière de développement durable, l'éducation joue un rôle de premier plan. Faisant sienne la phrase de Nelson Mandela pour qui "l'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde", la Coordination régionale des opérateurs en alphabétisation de Dakar (Croa-Dakar) l'a bien compris, qui organisera en novembre prochain un forum international ayant pour thème "Alphabétisation et Nepad".
La lutte contre la pauvreté est le principal objectif du Nouveau partenariat économique pour le développement de l'Afrique (Nepad), et selon les organisations de la société civile œuvrant dans le secteur de l'éducation non formelle, l'alphabétisation des populations et a fortiori des femmes, participe considérablement à atteindre cet objectif. D'après la Campagne mondiale pour l'éducation (Cme), l'alphabétisation peut briser le cycle de la pauvreté, en permettant aux populations de gagner davantage d'argent, certes, mais aussi en leur donnant accès à davantage de connaissances en matière de santé, de droits civiques, etc. Partant, elle contribue aussi à leur intégration dans une société par trop fracturée. Quelques estimations viennent étayer ces hypothèses : ainsi, une seule année de scolarité pourrait faire augmenter les salaires des femmes de 10 à 20 %, et accroître la production agricole de 20 % ; par ailleurs, les mères qui ont été scolarisées courraient moins de risques de mourir en couches et leurs enfants auraient 40 % de chances supplémentaires de survivre au-delà de l'âge de cinq ans.

L'initiative de la Croa-Dakar, démembrement de la Coordination nationale des opérateurs en alphabétisation du Sénégal (Cnoas), vise à "mettre en place un programme viable d'éducation non formelle", selon son président Mamadou Konté. L'éducation non formelle se décline selon trois axes : l'alphabétisation fonctionnelle, c'est à dire l'apprentissage de la lecture et du calcul ; l'alphabétisation intégrée, ou sociale, qui prend en charge les problèmes liés à la vie active, dans les domaines de la santé, de la pauvreté, etc. ; et les écoles communautaires de base, destinées aux enfants qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école, et qui visent à les insérer dans un cursus scolaire ou professionnel. Autant d'activités prises en charge par des organisations issues de la société civile, avec la bénédiction des autorités, dans une logique de politique du "faire faire". Une logique que la Cnoas souhaite voir se développer dans le cadre du Nepad : "Des organisations comme la nôtre peuvent servir d'agent de liaison entre l'institutionnel et la communauté, afin que l'alphabétisation puisse jouer son rôle de responsabilisation et de sensibilisation à la base, et que le Nepad ne soit pas une affaire d'élites", estime Mamadou Konte.

Le forum international se déroulera à Dakar du 8 au 10 novembre 2005. De nombreuses organisations, institutionnelles, humanitaires ou économiques, certaines d'envergure internationale, ainsi que des Ong, y seront représentées. Ces trois jours de réflexion seront rythmés par différentes communications de spécialistes, et par des ateliers s'articulant autour de la question des rapports entre alphabétisation, lutte contre la pauvreté et Nepad. Pour ce projet dont le budget prévisionnel s'élève à près de 12 millions de francs Cfa, la Croa-Dakar espère bénéficier du soutien financier des autorités sénégalaises, mais aussi de la présence effective du président de la République et du ministre chargé du Nepad. En outre, les organisateurs du forum souhaitent une implication des gouvernements africains, ce qui paraît légitime quand on connaît le taux d'analphabétisme du continent : celui-ci s'élève à 40 %.

Source: walfdjri, Fabien MOLLON