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Accélérer la décentralisation: un impératif.



  • Lorsqu’on parcourt certains villages et villes de notre pays, il y a un contraste remarquable entre l’exploitation des ressources naturelles et le train de vie des populations qui y habitent. Voyage à l’est cameroun, la région du soleil levant.

    Outre l’exploitation du bois et du pétrole qui se fait depuis belles lurettes au Cameroun, on y découvre de temps à autre d’autres ressources naturelles que l’on exploite progressivement. C’est le cas de l’or de Bétaré oya et d’Edéa. Bétaré oya, par exemple, se situe à l’est du Cameroun à une distance d’environ 500 kilomètres de Yaoundé sur l’axe qui mène jusqu’à Ngaoundéré dans la région de l’Adamaoua. Nous nous y sommes rendus le 25 mai dernier pour toucher du doigt ce que les populations y vivent.

    Escale à Abong mbang

    Pendant notre voyage, Abong mbang est l’une des villes qui ont retenu notre attention. Ce qui frappe ici, ce sont les maisons tant à titre d’habitation qu’à titre commercial. Tout ou presque est construit en matériaux, certes local, mais provisoire. Les constructions se font dans la grande majorité en planches. Certaines sont couvertes de tôles ondulées alors que d’autres le sont en paille. Cela s’explique par le fait que des sociétés d’exploitation forestière et de transformation de bois telles que la Société Forestière et Industrielle de Doumé (SFID) sont implantées ici depuis de très longues dates. Elles favorisent l’accès des populations, à moindre coût, et parfois gratuitement, au bois qu’elles ont déjà transformé. C’est ainsi que l’on peut facilement construire sa maison d’habitation ou un espace réservé au petit commerce en planches. Lorsque ces scieries s’installent elles-mêmes, elles font les constructions de leurs logements ou de leurs bureaux en planches. Ce qui, à première vue semble logique et normal puisqu’elles doivent consommer ce qu’elles produisent. Le problème commence à se poser lorsque l’on réfléchit sur les incidences qui ne sont pas perceptibles à première vue. L’exploitation forestière prend toujours fin dans une localité, quelle que soit sa durée. Les essences recherchées ou exploitables s’épuisent, même si on respecte le cahier de charge qui consiste à procéder au reboisement, qui n’est toujours pas fait. Lorsque ces différentes scieries ferment boutique et s’en vont ou vont s’installer ailleurs, qu’advient-il de ces logements et populations ? Le spectacle est triste. Les planches se détériorent, les maisons tombent en ruines et l’on se remet à construire en « potto potto », ces constructions faites à baise des mottes de terre pétries à l’eau. Qu’est-ce d’autre sinon un retour à la précarité ? Les populations du sol et de l’environnement desquels on a tiré toutes les richesses restent sinon plus pauvres qu’avant, du moins peu nanties.

    Bétaré oya.

    Même région, autre arrondissement: Bétaréoya. Les conditions de vie ici sont tout à fait différentes. Avec l’exploitation de l’or, les populations ont tout abandonné pour s’en livrer à une exploitation artisanale. Pendant que les grandes firmes s’occupent de l’exploitation officielle et moderne, les paysans font une exploitation artisanale dont le produit est refilé, sous cap, à ces grands exploitants. Ils le prennent et l’emportent sans payer les moindres taxes à qui que ce soit. La conséquence de cette exploitation, tant officielle qu’artisanale, est que le coût de la vie devient insupportable. L’inflation galope. C’est ainsi qu’un fruit d’orange que l’on achète d’ordinaire à Yaoundé, la capitale du pays, à 50 ou à 75FCFA coute ici 300francs ; une chambre qu’on loue à Yaoundé à 10.000francs coute 80.000francs. Au départ de ces exploitants (puisqu’ils doivent aller chercher fortune ailleurs, à Edéa dans le cas d’espèce) le fruit d’orange se retrouve à 200francs et la chambre à 20.000francs. L’exploitation minière officielle s’en est allée, laissant derrière elle une inflation non maîtrisée. Et donc la souffrance des populations.

    Que retenir de ce voyage ?

    Les populations ne bénéficient pas assez des richesses que leur sol produit parce que c’est le pouvoir central qui en tire tous les profits. C’est lui qui attribue les assiettes de coupe de bois. C’est encore lui qui signe les licences d’exploitation minière sans songer à reverser une part importante ou raisonnable à la localité qui abrite l’exploitation.

    Nous pensons qu’il est de bon ton que les populations participent à la gestion de la cité à travers une plus grande implication dans les décisions. Est-il faux que tout homme est à la recherche d’un bien être, fut-il supposé ? La constitution de la République de 1996 leur en offre l’opportunité.

    Vivement que la décentralisation s’accélère !

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