Le dépigmentation de la peau est une opération qui consiste à rendre celle-ci très claire. Cette pratique se fait par l’usage de certains produits et substances conçus pour ce but. Les plus nantis se font des injections avec des effets instantanés, tandis que les moins riches utilisent tout ce qui leur passe par la main, tout ce que leur propose « la parfumerie du coin », au mépris des risques encourus sur le plan sanitaire tels les cancers de peau… Aussi n’est-il pas étonnant de voir un homme ou une femme avec des pieds ou des mains noires alors que le visage est presque métissé.
Lointaine, révolue, l’époque où la fierté de la femme noire se vantait à travers des affiches et autre slogan tel « black is beautiful ». Aujourd’hui la couleur « djacsan » ou "teint métisse" a envahi les rues de nos villes et même de nos villages. Que s’est-il passé pour que telle une épidémie, ce phénomène envahisse l’Afrique noire toute entière ? Si toutes les femmes sont dans la danse, certains hommes aussi s’y sont invités.
Qu’est-ce qui peut justifier ce phénomène ?
Un reportage fait sur cette question a permis de relever les raisons pour lesquelles une bonne frange de la population se livre à cette pratique. Plusieurs esthéticiennes approchées, ont fustigé un certain laisser aller des autorités en charge de la surveillance des importations, l’extraversion des populations et leur ignorance des bonnes pratiques en la matière.
Si de prime abord les femmes pointent du doigt leurs maris qui d’après elles s’intéresseraient beaucoup plus aux femmes à la peau claire qui seraient la source de leurs malheurs dans leurs ménages, la seule volonté des femmes de retenir leurs époux au foyer ne saurait justifier l’ampleur du phénomène de dépigmentation. En creusant plus loin dans la recherche de la vérité, le mythe du « blanc » et le complexe négatif du « noir » ne seraient pas étranger à l’enracinement du phénomène du décapage dans notre beau continent. Cette hypothèse semble tenir la route lorsque nous voyons comment nos filles courent après les « occidentaux » qui écument nos villes, raison pour laquelle ceux des hommes ayant connu beaucoup d’échecs sentimentaux n’ont pas hésité un seul instant de devenir « blanc » en espérant que ce sera pour eux le succès assuré auprès de nos belles dames.
Le signal d’alarme avait pourtant été lancé vers les années 1984 au début de ce phénomène, mais le laxisme du gouvernement à travers les ministères de la santé publique et du commerce qui laissent proliférer des « chimistes » d’un autre genre à chaque coin de rue, a permis d’amplifier cette pratique. De même l’absence de surveillance des importations, l’absence de véritables laboratoires et la corruption galopante en milieu douanier, sans compter le fait que la Société Générale de Surveillance soit entre les mains d’un expatrié, participent à ce que le Cameroun en particulier et l’Afrique en général, soient un champ d’expérimentation et un dépotoir de tous les produits chimiques, même les plus nocifs.
Face à cette situation qui a souvent entraîné de nombreuses complications sanitaires, le gouvernement à travers le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, et des ONG en charge des questions de genre ont organisé plusieurs séminaires, aux fins d’éduquer les femmes sur la qualité des produits qu’elles consomment, ainsi que des campagnes de sensibilisation des femmes à l’usage des produits naturels « made in Cameroon » au quotidien. Vivement que l’Etat, à travers une synergie des ministères de la santé, du commerce, de la promotion de la femme et de la famille, se penche véritablement sur ce problème, afin de limiter les « casses » et sauver ce qui peut encore l’être.
09/12/24 à 13h08 GMT