Souvenons-nous : "L'Ile Maurice ne doit pas seulement être la vitrine des hôtels de luxe. La destination mauricienne ne se résume pas aux plages ...", clamait Joël de Rosnay, conseiller spécial des questions environnementales auprès du Premier Ministre mauricien lors de la campagne Maurice Ile Durable déployée en 2009.
10 ans plus tard et après l'abandon de cette campagne, qui aura du moins joué son rôle de sensibilisation, qu'en est-il du développement durable sur notre île de l'Océan Indien ?
La fin de ce projet a coïncidé avec le choix stratégique pour l'île d'assurer son développement au travers d'un programme foncier ambitieux permettant ainsi de jeter les bases de l'après-sucre. Pour mémoire, la culture de la canne à sucre a historiquement occupé jusqu'à 90 % des terres arables de l'île. Bien évidemment, la problématique de l'aménagement du territoire s'est rapidement posée, amplifiée par l'essor du secteur touristique, Maurice devant accueillir cette année près de 1,4 million de visiteurs, soit un chiffre comparable à celui de sa population. Mais que propose-t-on aux touristes à l'heure de la remise en cause mondiale du tourisme de masse et de la pollution liée au transport aérien (11 heures de vol environ depuis l'Europe) ?
De manière plus prégnante, quid de l'alimentation en eau de la population locale, de la gestion des déchets, de l'assainissement, de l'augmentation du prix du foncier et de l'immobilier, des transports et de l'employabilité, toutes questions sources potentielles de conflits entre population locale et expatriés ou touristes ?
Force est de constater que l'Ile Maurice connaît aujourd'hui une forte dégradation de sa biodiversité (forêts, cours d'eau, zones humides, lagon et océan, littoral et récif. La forêt endémique, par exemple, ne représente plus que 2 % de la surface du territoire. outre les inondations récurrentes, on estime que 25 % des plages vont disparaître d'ici 2050 !
Voilà pour le constat, mais il ne saurait être complètement noir. Des progrès ont été réalisés dans le domaine de la gestion des déchets et les initiatives découlant des 3R - réduire, réutiliser, recycler - se développent. D'autres restent à réaliser dans les domaines des effluents industriels et des émissions automobiles.
Mais point de négativisme, je voudrais surtout ici mettre en exergue diverses actions initiées par la société civile mauricienne, comme celle de Pascal Laroulette, qui vise à réduire drastiquement le recours au plastique jetable, au travers de son projet "100.000 gourdes pour Maurice". Egalement, différents projets-pilotes de développement de l'agriculture raisonnée, agro-écologie et permaculture, qui servent de laboratoires aux groupes agro-alimentaires locaux. L'abandon planifié de la mono-culture cannière offre une réelle opportunité aux productions diversifiées bio, légumes, fruits endémiques, plantes médicinales et aromatiques, huiles essentielles, vanille, ... cultures à plus forte valeur ajoutée et permettant aussi l'essor d'une consommation plus locavore. Le développement durable passe également par un soutien éthique et solidaire à l'artisanat local, 90 % de l'artisanat vendu à Maurice étant encore importé aujourd'hui.
Enfin et pour conclure, rappelons la tenue les 14 et 15 septembre prochains d'un grand week-end de reforestation de notre île. Initié au début de 2019, le projet "200.000 arbres" (à suivre sur les réseaux sociaux) se poursuit jusqu'à la fin de l'année avec une grande implication de la population locale, et de sa jeunesse en particulier. Chacun peut y participer selon ses moyens en donnant de son temps ou en achetant quelques plants d'arbres endémiques que certains pépiniéristes locaux ou fondations environnementales offrent gratuitement ou à prix réduit. Devant ce réel succès citoyen, un projet "100.000 coraux" sera lancé l'année prochaine en vue de la revitalisation de notre lagon. A suivre ...
Notre petit état insulaire s'implique, vos encouragements seront appréciés.
19/11/24 à 15h53 GMT